Chapitre 118

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YLAN

Fixant son reflet pour ne pas se couper par erreur avec son rasoir, il écoutait distraitement Alban qui babillait comme à son habitude sur son sujet préféré : Swann. Et Swann embrassait comme ça, et Swann était plus comme ça que comme ça, et Swann préférait ça à ça, et Swann sentait vraiment bon, et Swann était doué de ses mains - celle-ci, il se serait bien passé de le savoir -, et Swann était vraiment mignon avec ses ourlets et ses taches de rousseur au-dessus du nez, et Swann était super sexy dans ce pantalon qu'il avait mis lundi, et Swann... bla-bla-bla ! Il devrait sérieusement penser à mettre son ami en mode veille. Il ne s'arrêtait plus du tout et ça en devenait sacrément frustrant quand lui-même faisait du surplace avec la belle rouquine. Il l'avait bien invité à prendre un verre l'air de rien, mais elle était très occupée avec son concours de boxe et les examens de fin d'année. Autant dire que leur pseudo-relation était au point mort. Et il n'avait jamais autant galéré avec une fille. C'était tellement compliqué de se dévoiler devant Lola. Il l'avait mis sur un pied d'escale pendant deux ans et maintenant que les starter block étaient vides, il était complètement paralysé.

Un soupir lui échappa. Il n'avançait à rien en ce moment et ça le minait complètement.

— Dis-le si ce que je te dis ne t'intéresse pas au lieu de soupirer, grogna Alban en croisant les bras, prêt à bouder.

Il leva les yeux au plafond et se retint de l'envoyer paître lui et son idylle à deux balles. Il était vraiment heureux pour son ami, après tout ce qu'il avait vécu, il méritait amplement de goûter au bonheur d'être aimé aussi sincèrement, mais il allait devenir marteau à les voir batifoler à longueur de temps. Ne rajoutons même pas tous les discours enthousiastes qu'Alban tenait sur son petit ami. Vraiment, c'était sûrement lui-même qu'il devrait enfermer dans une pièce pour se couper du monde.

— Mais non, tu peux me parler autant que tu veux de ton amoureux super-mega cool, je suis tout ouïe.

— Tu te fous de ma gueule, là ?

— Un peu, rit-il en se lavant le visage.

Il attrapa une serviette et se tamponna la mâchoire sous l'air grognon de son meilleur ami.

— Super le pote..., ronchonna le blond.

Une nouvelle fois, Ylan leva les yeux au ciel avant de ricaner. Il accrocha la serviette et prit place sur le rebord de la baignoire, juste à côté de l'étudiant.

— C'est limite si je connais pas les positions préférées de ton chéri.

Le blond devint cramoisi et lui donna un coup de coude tout en le fusillant du regard. Le métis ricana, taquin.

— Ça ne risque pas, on ne l'a pas encore fait.

— Sérieux ? Tu n'en as pas envie ?

— Quoi ? Bien sûr que si ! Oh, putain si..., ajouta-t-il avec un air rêveur, les dents plantées dans sa lippe. Mais je ne sais pas... je trouve ça assez excitant de s'allumer sans passer la vitesse supérieure.

— Mais vous avez au moins... enfin, tu vois ? questionna Ylan, curieux.

— Bah oui ! Je te l'ai déjà dit en plus. Tu vois, tu n'écoutes rien du tout, grommela le blond.

Ylan haussa les épaules tout en souriant. S'il devait retenir chaque propos d'Alban, il ne s'en sortirait jamais.

— Et donc... c'est pour quand ? le taquina-t-il.

— J'en sais rien et je m'en fous complètement ! sourit Alban. Je veux juste savourer tout ce qu'on découvre ensemble. Eh bon dieu ! Swann est un dieu des baisers. Ou un dieu de la tension sexuelle. Comme tu veux. Il est très doué pour me frustrer. Je crois que j'aime ça.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant