Chapitre 35

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ALBAN

Ce matin, en arrivant, il fut déçu de constater que les deux garçons avec qui il déjeunait parfois s'étaient retranchés en bout de rangée, sans même prendre la peine de lui réserver une place. Honnêtement, il était presque persuadé qu'il s'agissait d'un coup de Swann. Depuis cette crise à la soirée d'Ylan, il n'avait répondu à aucun de ses textos et, ayant promis à la rouquine de ne rien dire au sujet de cet accident, il ne s'était pas confié à son meilleur ami, ruminant dans son coin. Aussi, les quatre heures qu'il avaient eu dans la matinée l'avait mis plus que sur les nerfs surtout que le noiraud ne faisait pas attention à lui, peu importe combien de fois il le regardait.

Sincèrement, il ne comprenait pas Swann à cet instant précis ! Il était venu le récupérer sur la piste de danse, puis avait paniqué inexplicablement. Alban s'en était voulu tout le reste des vacances, persuadé d'avoir fait quelque chose de mal, et n'écopait que d'un silence radio. Alors qu'il pensait avoir une chance de s'excuser, l'étudiant le fuyait comme quelques mois plutôt. Sauf qu'il en avait assez de cette attitude. Déterminé, il décida de le confronter au déjeuner.

Il vit les deux garçons prendre la direction du self et fit un rapide détour pour récupérer la carte bleu de son meilleur ami en lui promettant de le rembourser rapidement. Il courut ensuite au réfectoire, récupéra un plateau et chercha du regard les boucles noires de son vis-à-vis. Il l'aperçu avec Télior - celui-là même qu'il avait frappé mais qu'il continuait de côtoyer alors que lui avait écopé d'un silence sans nom suite à une danse - et s'avança d'un pas rageur avant de poser brusquement son plateau sur la table. Il fit sursauter Swann, mais préféra saluer les deux bruns d'un sourire avant de le mitrailler de ses yeux. Les cristaux azur du noiraud le retournèrent, comme d'habitude, et il peina à rester en colère contre lui.

— On ne t'as pas vu ce matin, s'exclama Marius en lui versant de l'eau. Tu étais en cours ?

— Oui, je suis arrivé plus tard que vous, répondit-il en le remerciant. Je vous ai vu, mais il n'y avait déjà plus de place.

Il planta ses prunelles dans celles de Swann qui se recroquevilla et fronça les sourcils. Il était persuadé que son ami l'avait ignoré, une fois de plus. Cela en devenait blessant.

— Ouais... on n'a pas fait gaffe en s'installant, s'excusa le brun. J'avais des trucs en tête...

Il jeta un regard à son voisin qui arqua un sourcil, l'air non concerné. Surpris, Alban fronça les sourcils et alla de l'un à l'autre, se demandant ce qui avait bien pu se passer. Il s'apprêtait à parler afin de crever l'abcès quand Lola s'installa à sa droite, le coupant dans son élan. Super, il ne manquait plus qu'elle ! songea-t-il de plus en plus agacé.

— Swann ! Je ne pensais pas te trouver là. Tu as fais le mort.

Surpris qu'il l'ait traité de la même manière, il ne put s'empêcher de renchérir, désireux de faire comprendre à Swann qu'il n'avait pas apprécié cette manière de le tenir pour responsable sans même lui expliquer ce qu'il avait fait de travers.

— Ah bon ? Toi aussi il t'a snobé ?

— Je vois que je ne suis pas la seule, riposta la rouquine en grignotant une de ses frites. Enfin, tu sais, mieux vaut le coincer maintenant parce qu'en tête à tête, il serait capable de s'enfuir la queue entre les jambes.

Ne s'attendant pas à tant de sarcasme venant de la part de sa petite amie, Alban se sentit immédiatement mal. Certes, il était fâché contre son ami, mais il ne voulait pas l'humilier devant les autres. Ce n'était pas le but. Il souhaitait simplement comprendre. Pour calmer le jeu, il dit d'une voix plus calme, presque apeurée :

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant