Chapitre 62

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SWANN

Vêtue d'un tee-shirt simple sous sa veste en cuir, il frissonna. Les garçons étaient en retard et il avait beau sauter d'un pied à l'autre, cela ne le réchauffait pas pour autant. Chris s'était fait tout beau : la chemise bordeaux qu'il avait passé mettait en valeur les muscles de son torse et il en avait retroussé les manches ; son skinny noir troué aux genoux donnait une vue parfaite sur le bas de son corps ; et il avait mis un peu d'ordre dans sa chevelure. Loin de s'être imaginé devoir aller en boîte, Swann avait jeté son dévolus sur ses habits sans faire d'efforts vestimentaires.

— Putain, il caille, grelotta le châtain. Ils en mettent du temps.

— Toi qui voulait qu'on fasse un bain de minuit...

— Oublie ! C'était une mauvaise idée.

Ils échangèrent un sourire quand des bruits de bavardages attirèrent leur attention. Trois garçons s'approchaient dans leur direction, trop bruyants pour ne pas passer inaperçus. Il reconnut les jumeaux Ambrose et Clovis avec leur chevelure de feu et leurs yeux bleu, se chamaillant comme à leur habitude. Ils entouraient Gracian - un brun aux fossettes naissantes lorsqu'il souriait - qui semblait être au bout de sa vie. Heureusement, lorsqu'ils aperçurent Swann, ils lui fichèrent la paix et se précipitèrent vers le noiraud.

— Wha, ça fait une paye ! s'exclama Ambrose en lui frappant le dos.

Swann écarquilla les yeux en se disant qu'il était toujours aussi brusque et accepta l'étreinte de Clovis avec soulagement. Quand l'un était plutôt camionneur, l'autre résonnait par sa douceur. Il n'avait jamais eu de véritable difficulté à les différencier. Sûrement un truc de jumeaux, qu'en savait-il ? Et encore aujourd'hui, après deux ans, il parvenait à remettre dans les cases le bon visage au bon nom.

— Quand Chris nous a dit que tu étais chez lui on pensait qu'il se moquait de nous, déclara Gracian en lui frappant dans la main.

Swann sourit et haussa les épaules avant de les écouter. Rapidement, il apprit que le brun avait quitté ses études d'assistant social pour reprendre le commerce de ses parents qui se faisaient vieux. Malgré ce choix finalement imposé, il ne semblait pas trop s'en plaindre expliquant qu'il y avait ajouté quelques améliorations et que les chiffres avaient légèrement augmenté. Ambrose, lui, avait commencé un apprentissage dans un garage et s'était acheté une moto flambant neuve qui semblait agacé son frère à cause du bruit tonitruant de l'engin. Quant à Clovis, il avait commencé à donné un coup de main au fleuriste du coin en parallèle de ses études. Des vies bien remplies, en sommes.

— Bon ! s'exclama Ambrose. On nous a dit que quelqu'un voulait aller en boîte ?

Il fit un clin d'œil à Swann qui accusa aussitôt Chris. Sans discuter davantage, ils firent le tour de la boîte de nuit et poussèrent une benne à ordure avant de grimper dessus, prêts à gravir le mur afin de rentrer par la sortie de secours qui n'était jamais fermée.

— Non, mais les mecs, tenta-t-il une dernière fois. On peut payer, ce sera plus simple.

— C'est beaucoup plus drôle comme ça, répliqua Ambrose qui était déjà à califourchon sur le mur.

— On a placé une autre poubelle de l'autre côté, expliqua Gracian en montant à son tour. Ne t'inquiète pas, c'est secure.

Secure mes fesses, oui ! songea-t-il en grognant. Il se souvenait encore du couinement de Clovis quand ce dernier avait mal atterrit sur sa cheville.

— Hé ! s'exclama Gracian. N'en profite pas pour me tripoter.

— Je ne fais que t'aider ! protesta Chris en roulant des yeux.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant