Chapitre 47

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ALBAN

En toute honnêteté, il n'y comprenait plus rien. Si d'abord il avait cru que la crise d'angoisse qu'avait eu Swann était de sa faute, il remettait tout en question depuis qu'il l'avait vu paniquer dans son dos. Était-ce le fait de jouer avec des armes qui l'inquiétait ? Ou Zach ? Il avait parfaitement vu son regard sur le brun. Se connaissaient-ils ? Si oui, d'où ? Dans tous les cas, ça n'expliquait en rien son anxiété. La dernière fois, il n'y avait que lui pour lui faire perdre les pédales. Paumé, voilà ce qu'il était. Swann était un puzzle dont quelques morceaux avaient été égarés. Parviendrait-il à remettre la main dessus pour observer le tableau en entier ?

À ses côtés, il ne le sentait plus aussi motivé que devant le complex. Comment faire pour l'encourager à dissiper son malaise ? Il se lécha les lèvres et se tourna brusquement vers le noiraud qui sursauta dans le noir.

— Pas de quartier ! déclara-t-il en visant son abdomen dont la cage rouge s'illumina.

Swann resta bouche-bée et Alban s'enfuit en ricanant, espérant que son plan marcherait. Il avait essayé de négocier pour se retrouver dans la même équipe que son ami, mais il ne restait qu'une place dans chaque camp. Tant pis ! Ça servirait bien ses intérêts.

Il rampa sous une ouverture et se cacha derrière une palette avant de caler son arme sur le rebord d'un faux hublot, prêt à viser chaque adversaire qui passerait sous ses yeux. Avec un sourire, il enchaîna les tirs tout en se cachant à chaque fois. C'était carrément la meilleure place du terrain de jeu. Soudain, son plastron s'alluma et il lâcha une expression surprise, étonné. Comment était-ce possible ?

Il leva la tête et aperçut le sourire insolent de Swann qui avait passé la tête par le hublot pour le viser.

— Si tu restes là, je te mitraillerais à chaque fois que ton équipement se rallume.

N'ayant pas le choix, Alban ramassa son arme et rampa sur le sol en se promettant de le prendre en chasse. Il bondit sur ses pieds et courut à droite en apercevant son ami disparaître devant une cloison. Il grogna quand on lui toucha le bras, mais poursuivit sa course. Lorsque son arme se ralluma, il visa le dos de Swann et tira. Ce dernier pesta et dérapa sur la droite avant de disparaître.

Alban éclata de rire et l'imita, mais se prit un inconnu dans la figure qui se fit un malin plaisir à lui retirer des points. Grommelant, il se releva et arriva à un carrefour, à découvert. Par précaution, il colla le mur et observa les alentours en priant pour que tous ces gens qui couraient dans tous les sens ne le repèrent pas. Son sourire s'agrandit lorsqu'il aperçut la tête de Swann dans une alcôve et il décida de le prendre à revers.

Il se faufila jusqu'à lui et tira dans son dos avant de rouler contre le mur et de se cacher dans un renfoncement. Il ne fit pratiquement qu'un, s'attendant presque à devenir invisible. Tel un fantôme, Swann surgit devant lui et plissa les yeux dans sa direction avant de braquer son arme sur son plastron, un sourire en coin affiché sur le visage. Aussitôt, Alban l'imita, le souffle court, tout sourire. Il ne regrettait vraiment pas sa demande incongrue et bénissait Lola pour n'avoir rien prévu en ce jour. J'adore les couples qui ne fêtent pas la Saint-Valentin ! pensa-t-il, ravi de la passer avec son ami.

— Tu as conscience que je vais aussi tirer quand ça va se rallumer ? demanda le blond, essoufflé.

— Ouais. Mais on verra qui sera plus rapide.

Sourires amusés, ils se dévisagèrent en silence, attendant que l'équipement du noiraud se remette en marche. Fébrile, Alban pensa fugacement à lui arracher un baiser avant de redescendre sur terre. Cette seconde d'inattention lui valut un tir de la part de son vis-à-vis.

Son cœur manqua un battement quand Swann s'approcha de son visage pour glisser jusqu'à son oreille, sa joue frôlant la sienne.

— Perdu !

Puis il détala comme un lapin. Secoué, Alban resta contre le mur pour retrouver une respiration normale et faire redescendre la température de son corps. Bordel de merde ! pensa-t-il, le cœur battant. J'ai cru qu'il allait m'embrasser. C'était trop. Vraiment. Swann jouait avec lui. Ce n'était pas possible sinon. Il se passa une main dans les cheveux, essuyant rapidement la sueur de son front.

Fourbe, il l'avait invité en connaissance de cause en espérant qu'il aurait oublié l'importance de cette date. Avec la chance qu'il avait, Lola et Swann ne fêtaient visiblement pas la Saint-Valentin. Et, même s'il avait promis de ne rien tenter, il était content d'avoir l'impression de flirter avec le noiraud. Eh puis, bon sang ! Il était humain. C'était de la torture d'attendre patiemment que les deux rompent. Swann ne pouvait pas être charmé ? Se laisser tenter ? Je suis un mauvais ami, songea-t-il en reprenant son arme.

Il fallait vraiment qu'il se calme.

Essoufflés, ils quittèrent la salle lorsque le « bip » de fin fut annoncé. Rendant leurs affaires, ils migrèrent vers les tables, s'asseyant dans le fond. Swann s'affala sur la table en tendant ses bras, éreinté. Courir dans tous les sens l'avait épuisé. Mais un sourire euphorique trônait sur ses lèvres et il se sentait bien. Il tressaillit en sentant les doigts d'Alban glisser sur ses poignets et se mordilla la lippe pour ne pas réagir.

— Tu veux un truc à boire ?

Swann se redressa d'un bond et récupéra son portefeuille dans la poche de son manteau pour le brandir entre eux deux.

— Je t'invite.

— Non, c'est bon, ça me fait plaisir, sourit le blond.

Déjà debout, le noiraud refusa :

— Si j'ai bien compris, tu as payé nos deux entrées. Je te rembourse avec les boissons. Et le repas pour plus tard ?

Envisageait-il de dîner avec lui ? Son cœur manqua un battement et sans plus protester, il opina du chef. Cette sortie allait le rendre marteau. Plaquant sa joue contre sa paume, il suivit des yeux son ami qui se dirigeait vers le comptoir. Il dériva jusqu'à ses fesses enfermées dans son jean et détourna le regard en rougissant. Concentration. On est amis. Juste ami. À son plus grand dam.

Swann était un tas de trucs, mais certainement pas un simple ami. Même s'il essayait de s'en convaincre, tous les récents événements prouvaient le contraire. Ce type lui retournait le cerveau. Il n'arrivait jamais à en décrocher son regard et ne pouvait s'empêcher de le toucher. Comme là. Il avait eu envie de toucher sa peau, il l'avait fait. Bon sang ! Il s'en voulait d'ainsi écouter ses désirs alors même que Swann était en couple. Avec Lola.

Lâchant un soupir, il jeta un coup d'œil à son camarade qui prenait son temps. Il le vit échanger avec le barman et les observa converser en silence. Swann paraissait un peu plus détendu que plus tôt. Donc pas Zach. Une cause écartée. Il était encore plus perdu. Il mourrait d'envie de s'excuser et de comprendre ce qu'il avait fait de travers, mais il n'osait pas poser la question par peur d'un autre silence radio. Deux lui avaient suffi. Le troisième, il l'enverrait valser.

Il adorait Swann, mais sa patience avait des limites. À qui je mens ? songea-t-il en levant les yeux au ciel. Il ne pourrait s'empêcher de chercher à résoudre le problème.










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J'étais tellement claquée quand j'ai écris ce chapitre qu'au lieu de mettre « prendre à revers », j'ai mis « prendre par derrière » 🤦🏼‍♀️😂

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant