My Heavy Secret

Chapitre 18

ALBAN

Enfoncé dans le canapé d'Ylan, il mâchouillait une poignée de céréales, morose. Midi passé, il n'avait même pas enfilé une tenue convenable, désireux de rester en pyjama autant de temps que le lui permettrait le week-end. Ses billes noisette perlées de miel fixaient l'écran avec hargne alors que tout son corps hurlait la paresse. Il avait passé deux atroces semaines. Sans comprendre, du jour au lendemain Swann s'était montré froid. Indifférent. Limite hostile. Il ne lui répondait que par monosyllabes, évitait consciemment son regard, déguerpissait lorsqu'il en avait l'occasion... Autant dire qu'Alban était devenu persona non grata sans n'avoir rien fait. Ou en tout cas, n'était-il pas au courant de sa faute. Il avait bien tenté d'avoir une conversation avec le noiraud, mais c'était sûrement plus facile de parler à un mur.

— J'ai pris un bain de quarante minutes et tu n'as toujours pas bougé, commenta Ylan en arrivant dans son dos, se séchant les cheveux.

Alban ne daigna même pas lui adresser un coup d'œil, désireux de plonger dans les méandres de son cerveau avec l'espoir infime de savoir ce qu'il avait fait pour mériter un tel châtiment. Son ami lâcha un soupir d'aise en retrouvant le sofa et attrapa la boîte de céréales qui se trouvait sur la table du salon avant d'y plonger la main.

— T'es vraiment en train de regarder Miraculous, là ? se moqua-t-il.

Le blond haussa les épaules, suivant le dessin animé à l'écran. À dire vrai, il n'écoutait même pas, mais le design était attractif et l'empêchait de ruminer. Au moins un peu. Ylan soupira franchement avant de récupérer la télécommande et d'éteindre la télévision.

— Hé ! s'offusqua l'étudiant.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Ça fait une semaine que tu tires la tronche. Je peux savoir où se trouve mon meilleur pote ? Vous savez, il est blond, beau gosse et extraverti.

Alban roula des yeux et fourra la cuillère dans sa bouche, laissant ses iris se promener sur le visage de son ami en quête de plus. Comme si Ylan venait de lire dans ses pensées, ce dernier rajouta :

— Du genre à sourire tout le temps avec un magnétisme de fou. Les filles comme les mecs tombent comme des mouches devant lui. On a envie de le croquer, mais il peut vraiment être casse-burnes quand il s'y met. Pourtant, il po-si-tive tout le temps et il sou-rit !

Amusé par les gros yeux que lui faisait Ylan, le blond esquissa un léger sourire avant de se redresser, désireux de partager ce qu'il avait sur le cœur. De toute façon, il ne tenait jamais longtemps quand il s'agissait de ses états d'âme.

— Je crois que Swann me déteste.

Le brun leva les yeux au ciel avant de se laisser tomber contre le dossier du sofa, exaspéré. Alban ne le prit pas mal, habitué à son attitude et sachant parfaitement que ce n'était pas méchant de sa part.

— C'est à dire ? souffla Ylan en posant son poing contre sa tempe, le coude appuyé sur le dossier du canapé.

Le blond mâchouilla sa lippe tout en le fixant avant de s'assoir en tailleur, déposant son bol de céréales entre eux deux.

— Tu te rappelles l'anniversaire d'Ange ?

— La fête où je n'ai pas été invité ?

Alban lui envoya un regard réprobateur et poursuivit :

— Swann m'a invité et... au début, on a un peu parlé puis je l'ai perdu de vue. Il est rentré avec Lola et depuis il ne me parle plus. Il me calcule à peine en classe, fuit dès que j'arrive, me répond par oui et par non. Je ne sais pas ce que j'ai fait, mais on dirait qu'il m'en veut.