My Heavy Secret

Chapitre 33

SWANN

— Swann ! s'exclama Summer lorsqu'il passa la porte.

Il ne retint par le soupir agacé qui passa ses lèvres, éreinté. Il n'avait clairement pas besoin d'un autre sermon ou des yeux inquiets de sa jumelle. La soirée, Alban, puis la dispute avec Lola l'avait assez fatigué comme cela. Il l'a laissa lui faire un câlin puis la repoussa pour se défaire de ses habits.

— Whoua ! Tu pue l'alcool !

Il ne répondit pas et se contenta de la contourner pour prendre la direction des escaliers et, accessoirement, celle de la salle de bain.

— Comment était ta soirée ?

— Bien.

Nulle à chier, songea-t-il en entrant dans sa chambre afin de récupérer des affaires propres.

— Avec Anton, Marius et Télior, c'était le feu ! Oh, d'ailleurs... j'ai embrassé Marius. Bon, on était complètement éméchés donc garde le secret. Je ne veux pas qu'Alban le sache.

Agacé, il referma brutalement son tiroir et lâcha un soupir contrarié. Alban par-ci, Alban par-là, ne pouvait-il pas le laisser en paix ? Il était ravi que le blond n'ait rien dit à propos de leur danse, mais il se sentait affreusement honteux et misérable qu'il ait été témoin de sa crise d'angoisse. Un autre a rajouté au tableau. Super...

— D'ailleurs, tu sais qu'il a fait une super teuf ? Trop dégoûtée qu'il ne m'ait pas invité. Et toi ? Il ne t'as rien dit ? Franchement pas cool, vous êtes potes.

Elle le suivait partout comme un petit chien et il lui lança un regard las lorsqu'elle s'attarda dans la salle d'eau, continuant de babiller toute seule.

— Summer, la coupa-t-il. Je voudrais me laver.

— Oui, mais je te disais, concernant Alban...

— Je m'en fiche, bordel ! gronda-t-il en la poussant en dehors de la pièce.

— T'es sérieux ? Ce n'est pas cool, Swann. Je te demande ju...

— Je m'en branle, c'est clair ? Et puis, il n'est même pas intéressé par toi !

Il claqua la porte et la verrouilla avant de se prendre la tête entre les mains. C'était petit. Très petit. Sa sœur ne méritait clairement pas qu'il passe ses nerfs sur elle et encore moins qu'il broie ses espoirs comme cela. Tout simplement parce qu'il était jaloux et en colère. Il culpabilisa à l'idée de l'avoir blessé et se fustigea mentalement. Il ne se reconnaissait plus dernièrement.

Épuisé par les récents événements, il se débarrassa de ses habits et se jeta sous le filet d'eau chaude afin de se débarrasser de la sensation de moiteur qui lui collait à la peau. Il se récura attentivement pour faire partir l'odeur nauséabonde de l'alcool puis s'enveloppa dans une serviette avant de se brosser les dents, déterminé à faire partir le goût par tous les moyens. Une fois habillé, il s'enferma dans sa chambre et se laissa tomber sur le lit avec un mal de crâne incroyable.

Sur son téléphone, il put constater qu'il avait un long message non-lu de la part de sa meilleure amie ainsi que quelques textos d'Alban. Il ne répondit à aucun des deux, préférant s'enfoncer dans son oreiller et oublier. Il n'avait aucune envie de s'expliquer quant à sa crise d'angoisse auprès du blond, ni même de trouver une justification. De toute façon, il n'en n'avait aucune de crédible. Excuse-moi, c'est parce que je suis gay, mais que je suis terrifié à l'idée qu'on m'abandonne si les gens l'apprenne. Il ne pouvait décemment pas lui dire cela.

Il passa son après-midi entière enfermé dans la chambre et somnola de temps à autre, rattrapant sa nuit qu'il avait en partie manqué. Des coups discrets le sortirent de sa léthargie et il grommela un « oui », encore plongé dans son oreiller. Les pas légers qu'il entendit lui signifièrent qu'il s'agissait de sa jumelle. Retenant un soupir exaspéré, persuadé qu'elle venait en quête d'explications, il ne prononça mot et la laissa s'installer sur le lit à ses côtés. Ils restèrent longuement silencieux et il manqua de sombrer dans le sommeil à plusieurs reprises, n'ayant toujours pas ouvert les yeux.