Chapitre 93

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SWANN

— Allez, maman ! supplia-t-il en lui offrant sa tête de chien battu.

Viviane le fixa en silence pendant plusieurs minutes avant de râler tout en levant les yeux au ciel. Comment devait-elle rester inflexible lorsqu'il lui opposait une telle bouille ? Même si Swann était dorénavant âgé de dix-neuf ans, bientôt vingt, il n'en restait pas moins son petit garçon adoré qui savait cruellement se servir de ses charmes.

— Très bien ! céda-t-elle avant de lever son index dans sa direction. Mais attention ! J'ai dit oui parce que tu as eu une conduite exemplaire depuis ton retour, mais je ne veux plus que ça se reproduise. Tu nous as vraiment fait peur...

— Je sais maman... merci !

Il lui offrit un sourire sincère qui lui réchauffa le cœur. Elle déposa son yaourt au citron sur la table et demanda :

— Tu ne veux toujours pas me dire pourquoi tu es parti à la plage ?

— C'est un petit coin de paradis ? tenta-t-il avec un petit sourire.

Elle leva les yeux au ciel et il rit légèrement tout en terminant de débarrasser son assiette. Si cette question l'angoissait au début, elle était devenue bien plus facile à entendre. Il savait que la vérité éclaterait tôt ou tard, mais ce petit jeu l'amusait pour le moment. Un jour, il pourrait sûrement en parler sans que sa gorge ne se noue et que l'enfer ne l'emprisonne.

— Bon, j'y vais maman.

— Oui, oui. Salut tes copains de ma part !

Il le lui promit, enfila ses chaussures et déguerpit de la maison. Alban l'avait invité chez Ylan pour passer du temps ensemble. Swann n'était pas dupe. Il y avait les parents du métis - accessoirement ceux qui remplaçaient les géniteurs du blond - et ce rendez-vous avait plus des allures de présentation qu'autre chose. Même s'il était angoissé, il voulait faire des efforts. Tout le monde était au courant du côté de son petit ami et il y avait peu de risques que sa mère fréquente les parents d'Ylan, aussi pouvait-il se jeter dans la gueule du loup en étant certain de ne pas se briser les ailes.

Il prit sa voiture et fit très attention sur la route pour prendre le plus de temps possible. Plus l'appartement du sportif approchait, plus il appréhendait. Peut-être avait-il encore le temps de faire demi-tour ? Non, je ne peux pas, se somma-t-il en serrant fermement le volant de ses mains. Si Anton part en Amérique, à l'aveugle, je peux bien faire preuve de courage.

Une épreuve compliquée tant son cœur battait la mesure d'un rythme effréné et que l'angoisse faisait trembler ses mains. Lorsqu'il sortit du véhicule, il prit quelques minutes pour se calmer tout en inspirant à plusieurs reprises. Ensuite, il grimpa les escaliers et toqua directement, persuadé de rebrousser chemin s'il attendait trop longtemps.

Alban vint lui ouvrir, un sourire ravissant sur le visage. Le simple fait de le voir le rassura un peu. Lorsque les lèvres de son petit ami se posèrent sur les siennes, il eut un mouvement de recul avant de s'excuser et de le lui rendre. Ravi, le blond glissa sa main dans la sienne et l'entraîna à l'intérieur de l'appartement.

Swann entendait un bruit de conversation, mais il n'y avait personne dans la cuisine. Avant de rejoindre la petite famille qui se prélassait sur la terrasse, Alban lui proposa une boisson qu'il accueillit avec beaucoup d'empressement. Lorsqu'il referma ses doigts sur le verre en tremblant, son vis-à-vis déposa sa main dessus avec un sourire rassurant.

— Hé... tout va bien, Swann. Ne stresse pas autant. Si tu ne te sens pas à l'aise, on peut simplement monter dans ma chambre.

Oh, la proposition était si tentante... Cependant, le noiraud refusa en secouant la tête avant de prendre une inspiration pour se donner du courage.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant