My Heavy Secret

Chapitre 43

SWANN

— Tu veux... qu'on change de sujet ? demanda Alban en cherchant son regard.

Conscient de son inquiétude, les deux cristaux du noiraud se plantèrent dans le brun-miel face à lui et ses lèvres s'étirèrent lentement pour le rassurer.

— Non... pas vraiment...

Il avala sa bouchée et savoura le silence avant de reprendre :

— En fait, je crois qu'on en fait un sujet tabou dans ma famille. On n'en discute jamais avec Jude parce qu'il part dans des monologues enflammés pendant une heure tout en essayant de nous rallier à lui. Je trouve ça stupide...

Il leva les yeux au ciel en se rappelant de chaque explosion de colère de son aîné. Même avec une lance à incendie, le feu ne s'éteignait jamais.

— Du coup, on n'en parle pas vraiment à notre mère parce qu'elle a divorcé... Et puis, Summer n'est pas du genre à s'apitoyer sur elle-même et discuter de ça. Elle encaisse, rumine pendant une journée, puis passe à autre chose. Donc je me tais aussi.

— Le silence des uns conduit au tien, commenta Alban, sérieux.

Un sourire triste s'afficha sur le visage du noiraud avant qu'il ne hausse les épaules.

— C'est comme ça.

Il ne reçut aucun « désolé » et en remercia mentalement Alban. Il n'avait pas besoin de pitié ou de ce mot inutile. Désolé de quoi ? Personne n'y était pour rien. Les seuls fautifs étaient les concernés.

— Pour en revenir à ta question, je pense qu'on ne se verra pas avant longtemps. Peut-être même qu'il nous oubliera lentement...

— Vous êtes ses enfants, protesta Alban.

— Sauf qu'il ne nous a jamais élevé. Il est marié à son travail. Ses bébés, ce sont tous les gens avec qui il bosse.

Swann esquissa un sourire et rit légèrement en imaginant les clients plus âgés de son père en couche-culotte.

— Il sera trop occupé pour nous. Comme d'habitude. Je n'espère pas grand chose à ce stade...

Il fixa son assiette en silence, perdu dans ses pensées. Le blond n'ajouta rien, sûrement troublé par ses paroles.

— Et toi ? demanda Swann en levant la tête. Tu ne m'as jamais parlé de tes parents.

L'étudiant se passa une main dans la nuque et sourit légèrement avant de hausser les épaules :

— Il n'y a pas grand chose à dire.

— Comment ça ?

Il observa le blond esquiver son regard et mâchouiller sa lippe. Puis il fronça les sourcils en se rendant compte qu'Alban disposait d'une chambre ici et qu'il était pratiquement toujours fourré chez le brun, si ce n'était constamment. Avait-il... perdu ses parents ? Dans ce cas-là, sa question pouvait le mettre mal à l'aise. Il préféra changer de sujet, peu enclin à plomber l'ambiance.

— Il me faut la recette de ces lasagnes ! Elles sont vraiment super bonnes.

Alban esquissa un sourire et répondit :

— C'est Ylan qui les as cuisiné. Tu veux que je te dise un secret ?

Le blond se pencha au-dessus de la table avec un sourire malicieux. Amusé, le noiraud l'imita et tendit l'oreille, attentif.

— On ne dirait pas comme ça, mais Ylan adore être derrière les fourneaux. Il a même un cahier où il écrit toutes les recettes qu'il a aimé. Interdiction d'y toucher par contre ! C'est la prunelle de ses yeux.