Chapitre 88

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SWANN

DING ! DONG ! DING ! DONG ! DING ! DONG !

— Va ouvrir ! rouspéta Summer qui refusa de baisser le son.

L'enceinte portative qu'elle se baladait tout le temps avait atterri dans la cuisine pour donner un peu de peps à son jumeau qui cuisinait le dîner en prévision d'Elody et Jude qui ne tarderaient pas à arriver. Swann pesta contre sa sœur qui ne faisait rien et qui aurait pu ouvrir la porte, s'essuya rapidement sur un torchon et s'arma de son expression la plus agacée pour accueillir Anton qui devait encore s'amuser avec la sonnette. C'était un de ses passe-temps quand leurs parents n'étaient pas dans le coin : user la patience des jumeaux.

Il ouvrit la porte à la volée, prêt à enguirlander son ami d'enfance, quand Alban se jeta sur lui pour le serrer de toutes ses forces entre ses bras. Alerte, le noiraud essaya de le repousser, mais Alban s'agrippait à lui comme un désespéré, refusant de le lâcher. Il sentit la panique affluer en imaginant sa sœur débarquer quand un bruit étrange le figea. La joie débordante qu'il avait cru responsable d'une telle effusion en public n'était autre que les sanglots dévastateurs d'Alban. Pourquoi... ? Que se passait-il ?

Tout son stress s'envola, l'attention focalisée sur son petit ami. Il tenta de récupérer son visage, mais le blond restait aussi solide qu'un roc et ne se laissait pas faire. Sa détresse résonna en lui et il l'enlaça, inquiet. Il n'avait jamais vu Alban dans cet état. À dire vrai, le sourire trônait perpétuellement sur son visage. Il ne l'avait même jamais vu s'énerver. Frottant doucement son dos, il lui embrassa le cou et chuchota :

— Qu'est-ce qu'il y a Alban ?

— Ne me laisse pas, sanglota le blond en le serrant un peu plus fort.

Swann ne comprenait rien, mais il se refusait à le lâcher malgré la crainte de se faire découvrir. Oh et puis merde ! Je console un ami. Ils restèrent plantés dans l'entrée durant une bonne dizaine de minutes, si bien que Summer débarqua avec un couteau pour réquisitionner son frère quand elle tomba sur la scène.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Le sang du noiraud se glaça, mais il s'exhorta au calme pour ne pas laisser ses émotions se concentrer exclusivement sur lui. Alban avait besoin de son aide et non pas qu'il perde les pédales à cause de leur proximité. Il pouvait le faire ! Ce n'était que deux amis qui se consolaient. Rien de plus.

Summer pencha la tête pour observer le visage d'Alban caché contre le torse de son frère et échangea un regard inquiet avec le noiraud. Elle posa une main sur l'épaule du blond et demanda :

— Tu veux qu'on en discute ?

Comme si Alban venait de se rendre compte de la situation, il s'écarta prestement et s'essuya maladroitement le visage en baragouinant :

— Non... je... J'ai... rentrer... pas de soucis !

Swann tenta de le rattraper, mais il rebroussait déjà chemin. Énervé contre sa sœur, il la foudroya du regard, mais Summer n'avait pas dit son dernier mot. Elle s'écria, couteau à la main :

— Ramènes-toi fissa ! Si tu pars, je découpe méticuleusement chacun de tes orteils.

— Summer, rouspéta Swann en s'avança sur l'allée de pierre pour rattraper son petit ami.

— Bah quoi ? Il s'est arrêté au moins, répliqua-t-elle en haussant les épaules.

Il leva les yeux au ciel et jeta un regard craintif à Alban sans savoir quoi faire. Il mourrait d'envie de le ramener contre son torse et de sécher chacune de ses larmes, mais sa sœur les observait comme une prédatrice aux aguets et l'empêchait de faire le premier pas.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant