My Heavy Secret

Chapitre 125

SWANN

Ils étaient restés plus longtemps que prévu au lac. L'eau les avait rafraîchis et ils s'étaient éclatés tous les deux, dans leur bulle. Pour faire plaisir à son petit copain, Swann avait préparé le déjeuner : de simples sandwichs accompagnés de cookies. Il avait tout organisé la veille pour lui faire une surprise et vue la façon dont Alban l'avait récompensé, il pouvait se vanter d'avoir réussi son coup. Le retour s'était fait dans le calme surtout parce qu'ils ne pouvaient pas parler, l'un derrière l'autre. Ylan lui avait envoyé un message afin de lui signifier que tout était prêt, mais ils avaient tenu à prendre une douche avant de s'y rendre. Histoire de ne plus avoir la peau collante et de se débarrasser des saletés.

Une fois prêt, Swann avait fait monter sa jumelle et Alban dans la voiture, souhaité une bonne fin d'après-midi à sa mère, puis démarré. À cause de cette saison prisée par les touristes, ils tournèrent en rond une dizaine de minutes avant de trouver une place non loin de l'immeuble où logeait Ylan. Ils montèrent les escaliers en poussant des plaintes, savourant la fraîcheur du lieu, puis Alban entra en premier.

Aussitôt, un concert de paillettes et de « surprise ! » l'accueillirent. Ce n'était pas vraiment secret, mais le sourire du blond n'eut de prix pour personne alors qu'il s'aventurait dans la maison en saluant tout le monde, observant le salon qui avait été complètement redécoré pour l'occasion. Une multitude de ballons rouges, oranges et jaunes, collaient le plafond à tel point qu'on n'en voyait presque plus la couleur. Sous le chandelier, le numéro vingt-deux y avait été attaché en grand et flottait négligemment dans l'air. Une table immense se dressait au milieu du séjour, les autres meubles ayant été poussé pour l'occasion. Elle était drapée d'une nappe en papier jaune sur laquelle reposait des décorations rouges et oranges. Une pile de cadeaux attendait sagement son propriétaire près de la seule chaise en bout de table.

Ému, Alban accepta l'étreinte de Carmen et Rodrick qui lui chuchotèrent des mots que seuls lui entendit. En retrait, Swann observait la scène alors que tout le monde photographiait tout le monde. Lola déposa une main sur son épaule et il lui sourit.

— Comment été la matinée ?

— Chaude, répondit énigmatiquement le noiraud.

Elle arqua un sourcil, mais fut alpaguée par Ylan qui réclamait son aide en cuisine. Il y avait pratiquement tous leurs amis en commun ainsi que quelques autres que Swann n'avait jamais vu ou bien simplement croisés. Lorsqu'Alban se tourna vers lui et lui indiqua d'un simple mouvement de tête de le rejoindre, Swann ne se fit pas prier. Il arriva près de lui, devant les parents d'Ylan, et sourit légèrement en sentant le blond nouer leur petit doigt entre eux.

— Comment vas-tu, Swann ? sourit Carmen.

— Ça n'a pas été trop dur de le divertir ? rit Rodrick.

Nos baisers. Ses caresses. Sa bouche. Mes mains. Non, vraiment pas compliqué, songea-t-il en rougissant.

— Euh, n-non, balbutia-t-il.

Alban se mordit l'intérieur des joues pour ne pas rire et entrelaça leurs doigts entre eux.

— Il m'a emmené au lac, pas loin. Enfin, je dis ça, mais j'ai quand même quarante minutes fois deux donc une heure vingt de vélo dans les pattes, je peux vous dire que je ne ferais pas ça tous les jours ! Mais c'était génial. On s'est amusé et on a pique-niqué là-bas. D'ailleurs, on devrait y faire un tour, mais prenons la voiture, c'est moins fatiguant. J'ai même vu qu'il y avait du pédalo ! Et...

Swann se détendit peu à peu sous le flot continu de ces paroles. L'enthousiasme dont Alban faisait preuve le berçait pratiquement. Il observa les convives qui, un verre à la main, formaient de petits groupes, sûrement trop intimidés pour rencontrer les autres. Summer avait disparu, mais quelque chose lui disait qu'elle n'était pas vraiment loin. Il aperçut Lola attacher ses cheveux avant de se saisir d'un couteau pour terminer les hors-d'œuvre, suivant soigneusement les directives d'Ylan. Avait-il enfin pris son courage à deux mains ? Il se le demandait. Il avait encouragé le métis à se jeter dans la gueule du loup. Lola devait maintenant faire un choix.