SWANN
Assis devant une banquette vide, Swann tapotait son gobelet fumant d'un bon latté saupoudré de cannelle. La place qu'il avait choisi était la même que cette fois où son père leur avait annoncé son départ pour le continent Africain. Quatre mois qu'il était parti. Trois appels en tout. Non pas que ça l'étonnait. En fait, il ne savait pas s'il lui en tenait vraiment rigueur. Jérôme n'avait jamais su endosser son rôle de père et encore moins celui de mari. Il n'était sûrement pas fait pour ça. Ce qui ne voulait pas dire que l'amour qu'il leur portait était moindre. Son cœur aimait d'une façon différente, c'était tout. Au final, Swann s'y était fait. Peut-être était-il insensible. Son annonce avait provoqué un branle-bas en lui, mais la terre ne s'était pas arrêtée de tourner et son quotidien n'avait pas vraiment changé. Alors pourquoi tenir rancune à cet homme ? De toute façon, il n'était pas doué pour cela. Il pardonnait même à Anton.
Anton qui était en retard de cinq minutes. Pour se venger d'avoir trahi sa confiance, il avait envie de lui en faire baver. Les sœurs, s'étaient sacrées ! Il n'aurait jamais cru que ces deux-là auraient... bah ! Il frissonna et porta la boisson à ses lèvres pour dissiper cette pensée déplaisante. Malgré tout, il avait très bien compris que cette décision avait été mûrement réfléchie et à deux. Même si elle ne lui plaisait pas, il devait faire avec. Eh puis, c'était de l'histoire ancienne ! Ça faisait deux ans. Ce qui le dérangeait dans cette historie, c'était que Summer et Anton ne s'étaient jamais comportés autrement que comme une sœur et un frère. Comment avaient-ils pu... ? Oh et puis merde ! Ils font ce qu'ils veulent. De toute manière, Summer lui avait bien fait comprendre qu'il n'avait pas son mot à dire.
— Salut ! s'exclama Anton, essoufflé. Désolé d'être en retard.
Il se laissa tomber sur la banquette en lâchant un soupir, fermant les paupières. Son sac de sport reposait à ses côtés et il s'avachit pratiquement dessus. Ses cheveux étaient encore humides, preuve de sa douche après la séance de danse qu'il s'était sans doute lui-même imposé.
— C'est bon. Ce n'est pas comme si j'avais réservé un horaire pour te faire la peau.
Anton se redressa, une expression inquiète sur le visage. Swann l'observa silencieusement, de marbre. Il se délecta des émotions qui passaient sur le visage de son ami d'enfance avant de lui donner un coup dans le tibia et de sourire.
— Je rigole. Détends-toi !
Le châtain relâcha ses épaules et soupira. Il connaissait assez le noiraud pour savoir que sa sœur était aussi intouchable que la reine d'Angleterre.
— Tu voulais me voir pour quoi ?
— Déjà, commença Anton en s'asseyant convenablement, je tiens à m'excuser pour ce qu'a dit Summer.
— Pas pour avoir couché avec elle ? Oh mon dieu ! Swann se frappa le front. Je crois que c'est trop tôt pour ça. Laisse-moi le temps de redescendre et de me faire à l'idée. Je n'arrive pas à additionner ma sœur avec mon presque frère ! C'est dégueu.
Anton s'humecta les lèvres et se mordit celle inférieure, le laissant boire une gorgée de son latté.
— Oui. Euh... on n'est pas ensemble de toute façon.
— Tu l'aimes ? demanda Swann en plantant ses iris bleu ciel dans les yeux.
— Oui. Enfin, pas comme ça ! se précipita-t-il en apercevant les gros yeux de son ami. D'un amour fraternel, tout ce qu'il y a de plus platonique.
— Hum.
— Je te jure Swann ! Je toucherai jamais à Summer.
L'air dubitatif du garçon arracha un petit sourire à Anton qui le ravala tout aussi rapidement qu'il était apparu.
VOUS LISEZ
My Heavy Secret
RomanceSwann a une vie parfaite ! Une petite amie, des amis en or, une famille - certes divorcée - aimante, des études qu'il adore... bref ! Tout roule. Jusqu'à ce qu'il rencontre Alban. Alban et ses magnifiques cheveux d'or. Alban et sa belle peau dorée...