My Heavy Secret

Chapitre 25

SUMMER

— Tu comprends ma puce, c'est une opportunité, répéta son père en baissant la voix.

Enfoncée dans son siège, elle observait la pluie qui battait les carreaux et mouillait les passants. Oui, elle comprenait. Bien plus que ses frères visiblement. Ce n'était pas pour autant qu'elle en était ravie.

— Tu vas partir ? Comme tes frères ?

Elle soupira et passa une main dans ses boucles noires avant de secouer la tête de gauche à droite.

— Non. Je ne sais pas si tu as pris la bonne décision, mais tu n'as jamais vraiment été heureux avec nous donc...

— C'est faux, Summer, dit-il en prenant sa main. Tu sais que je vous aime ?

Ouais. Sûrement, pensa-t-elle avant de lui offrir un sourire et de hocher la tête. Depuis longtemps, elle avait cessé d'attendre quoi que ce soit de la part de son géniteur. Swann et elle n'avaient jamais eu la chance de vraiment le connaître, mais il restait son père et ce serait mentir de dire qu'elle n'était pas attristée de son départ. Mais que faire ? Jérôme n'en avait toujours fait qu'à sa tête. Le mariage ? Son idée. Le divorce ? Son idée. La garde exclusive pour la mère ? Son idée. Le départ en Afrique ? Son idée. Il dirigeait en fonction de ses envies. Summer n'était même pas certaine qu'il sache comment devait se conduire un père en face de ses enfants. Elle avait appris : sa famille, ce n'était que Jude, Swann, sa mère et Anton. Personne d'autre.

— Tu pourras parler à tes frères ?

Non, bordel ! Parle leur toi ! songea-t-elle, agacée que ses parents soient incapables de confronter leurs propres enfants. Pour autant, elle accepta :

— J'essayerais, mais Jude ne voudra plus te parler.

— Je sais..., soupira-t-il. Ça a toujours été compliqué avec ton frère.

— Hum... tu pars quand ?

— Dans quinze jours.

Elle tenta de garder la bouche fermée et hocha la tête par automatisme, se disant qu'il avait sûrement dû avoir la nouvelle bien avant pour que son départ soit aussi proche.

— J'aimerais bien qu'on se fasse un dîner ensemble.

— Jude ne viendra pas papa.

— Je sais... mais Swann ? Essaye de le convaincre. Je ne veux pas que vous soyez malheureux, tu sais ? C'est juste une opportunité en or.

Seize fois. Seize fois qu'il lui avait rabâché ce mot. Était-elle en colère ? Un peu. C'était normal tout de même. Elle ne recherchait pas à avoir un père idéal, mais juste une figure paternelle de temps à autre. Cette fois-ci, elle n'aurait plus que sa mère. Il était certain que le contact avec son père se perdrait puisqu'il était déjà bien fragilisé alors qu'ils habitaient dans la même ville.

— Je ne sais pas si Swann acceptera.

— Il t'écoute toujours. Je suis sûr que ça ira.

— Papa, il m'écoutait quand on avait douze ans, s'agaça-t-elle un peu. On a grandi. Et puis... Swann est bizarre en ce moment.

— Ah bon ? Je l'ai trouvé comme d'habitude.

Parce que tu ne remarques jamais rien, songea-t-elle en haussant les épaules, se plongeant dans son milk-shake. Elle n'avait pas envie de faire d'effort et surtout, pas envie de mentir, aussi préféra-t-elle se taire. Sa franchise ne ferait de bien à aucun des deux. Il partait ? Ok. Autant profitez des deux prochaines semaines.