SWANN
Je suis un boulet, se répétait le noiraud en essuyant ses cheveux, les yeux rougis de ses larmes. Si Alban n'avait pas insisté pour qu'il se sèche et qu'il passe la nuit ici, il aurait fui. Ouvert cette maudite porte et disparut pour ne pas avoir à affronter ces magnifiques prunelles aux deux couleurs envoûtantes et la réaction d'Ylan. Mais il était fatigué - contrecoup habituel ce qu'il venait de subir - et ne rêvait que de tendresse. Il sentait encore avec quelle force Alban l'avait tenue contre lui, comme s'il avait eu peur de le voir disparaître. Cette étreinte lui avait donné une raison de s'accrocher. Il était sorti du bain, apathique et son petit ami lui avait octroyé quelques minutes tout seul pour s'habiller. Les larmes du blond tournaient inlassablement dans sa tête et il se demandait s'ils les avaient simplement imaginé ou si Alban avait eu peur à ce point. Dans tous les cas, il s'en voulait cruellement d'être lui-même. Et, à l'abri dans cette pièce, il ne voulait pas retrouver les deux garçons au rez-de-chaussée.
Conscient de ne pouvoir faire le mort, il pendit la serviette sur le radiateur mural et rabattit la capuche du sweat d'Alban sur sa tête, respirant son odeur quelques secondes. Cette fragrance calma un peu son âme, mais ne le libéra pas entièrement. En prenant une grande inspiration, il sortit de la salle de bain, traversa la chambre parentale et se retrouva sur le second palier. À pas de loup, craintif, il s'avança jusqu'à observer le salon qui se trouvait sous ses yeux.
Ylan était assis sur le canapé, une tasse fumante dans la main, et discutait avec Alban qui semblait contrarié. Puisque l'appartement était plutôt grand et que les voix portaient bien, Swann eut tout le loisir d'entendre leur conversation.
— Non ! chuchotait furieusement le blond comme s'il avait peur que son petit ami débarque et ne les surprenne.
— Pourquoi pas ? répliqua le métis en prenant un air lasse.
— Parce que. Non, c'est non !
— Ça le détendrait, insista Ylan.
Le. Moi ? songea Swann en agrippant la barrière qui le retenait de tomber dans le vide. Se mordillant la lèvre inférieure, il se demandait s'il devait intervenir ou continuer de faire l'espion.
— Pas du tout, s'agaça Alban en faisant claquer sa voix dans l'espace. Tu ne diras rien.
— Qu'est-ce que tu peux être pénible quand tu t'y mets, râla son ami.
— Je ne veux pas qu'il recommence, se buta le blond en secouant la tête de gauche à droite.
— Il continuera tant qu'il ne saura pas.
Intrigué et surtout agacé que l'on parle dans son dos, Swann prit la direction des escaliers et laissa sa voix s'envoler dans la pièce bien qu'il mourrait d'envie de se cacher sous un lit. Il était toujours plus fragile une fois ses crises d'angoisse passées, comme si les fêlures dans son âme se gorgeaient de la moindre petite faiblesse pour l'anéantir. En étant objectif, il ne savait pas s'il pourrait supporter une mauvaise nouvelle, mais il préférait qu'on ne lui cache rien. Paradoxale lorsqu'il était un aussi bon menteur.
— Qu'est-ce que je ne dois pas savoir ?
Aussitôt, les deux garçons s'interrompirent et firent voler leur regard sur le noiraud qui descendait les escaliers avec lenteur, ses yeux bleu ciel tentant de se faire sévère. Piètre résultat lorsqu'on y voyait la flamme de détresse qui y dansait.
— Rien, répondit Alban en se levant. Tu veux un chocolat chaud ?
Swann atteignit la dernière marche et fixa le blond en silence, conscient de son esquive. Il voulait la jouer comme ça ? Dans l'état actuel des choses, il n'était pas patient.
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My Heavy Secret
RomanceSwann a une vie parfaite ! Une petite amie, des amis en or, une famille - certes divorcée - aimante, des études qu'il adore... bref ! Tout roule. Jusqu'à ce qu'il rencontre Alban. Alban et ses magnifiques cheveux d'or. Alban et sa belle peau dorée...