My Heavy Secret

Chapitre 50

ALBAN

— ... et on était mort ! Je te jure. J'ai tellement passé une bonne journée. Je crois que je suis au paradis. C'est ça en fait ! Je suis mort et on m'offre ce que je voulais depuis le début. Je suis atteint, Ylan.

Il agrippa les épaules de son ami qui lui lança un regard blasé tout en découpant du poivron.

— Il était tellement craquant, couina Alban en se penchant au-dessus du plan de travail, intenable. T'aurais dû le voir dans son pull trois fois trop grand. Il fait des ourlets aux poignets. J'adore ! Je trouve ça trop mignon.

Le métis roula des yeux en esquissant un sourire, amusé par le ton mielleux de son meilleur ami.

— Bon, par contre, je t'avoue... mes yeux n'ont pas été sage. Il portait un jean skinny. Ça devrait être interdit. Pour mon bien-être ! J'avais vraiment envie de pincer ses fesses.

Le brun éclata de rire avant de secouer la tête. Souriant, le blond le contourna et se pencha pour capter son regard, infatigable.

— Et il m'a invité à dîner ! Bon ok, j'ai payé les places, mais quand même. En fait je suis en train de me dire que c'est bête de s'extasier pour ça, mais je peux pas m'en empêcher. J'avais tellement envie de l'embrasser. C'était une torture...

Ylan baissa le feu et recouvra la poêle d'un couvercle avant de s'essuyer les mains sur un torchon et de faire face à l'étudiant qui respirait la joie de vivre. Il ne voulait pas se faire l'avocat du diable, mais il ne souhaitait pas voir son ami se faire du mal. Ce qui arriverait forcément à un moment où ses espoirs seraient réduits à répétition.

— Tu as conscience qu'il est en couple, Alban ?

— Oh mais quel rabat-joie tu fais ! rouspéta le blond en fronçant les sourcils, croisant les bras sur sa poitrine.

— Je te préviens juste. Je ne veux pas que tu souffres.

— De toute façon, c'est ce qui arrivera forcément à la fin, répliqua Alban en dessinant sur le carrelage de son pied.

Ylan observa sa posture : tête baissée, sourcils froncés, bras croisés. Il se pinça les lèvres et voulut ajouter quelque chose, mais son ami le prit de court :

— Je sais très bien qu'il est avec Lola. Je ne suis pas stupide. Et je sais aussi que je m'emballe pour rien... mais j'y peux rien ! Je vois des signes là où il n'y en a pas et j'espère secrètement que ça ne va pas dans leur couple puisqu'ils n'ont pas passé le quatorze ensemble. Je suis un ami génial ! dit-il ironiquement.

Ylan haussa les épaules et s'adossa contre le comptoir en jouant avec le torchon.

— Je sais que tu veux juste son amitié, mais ça ne te fera pas que du bien. Même si tu te dis un truc du genre « je veux le voir heureux même si ce n'est pas avec moi », tu seras forcément blessé. Parce qu'inconsciemment tu espéreras qu'il te regarde. Toi et personne d'autre.

Un silence s'abattit entre les deux, seulement brisé par le bruit de la hotte. Alban soupira et se passa une main dans les cheveux avant de prendre un air boudeur :

— Ylan ou comment plomber l'ambiance en deux minutes ?

Son ami sourit et haussa les épaules, sachant que ce n'était que la stricte vérité.

— Et du coup ! reprit Alban qui chassa cette désagréable discussion d'un revers de main. Ton rendez-vous ? C'était avec qui ?

— L'amour de ma vie, rit Ylan.

— Lola ?!

— Non, calmes-toi. Il faudrait déjà qu'on sorte ensemble pour qu'elle le soit.