My Heavy Secret

Chapitre 71

ALBAN

Il était sur un petit nuage. S'endormir dans les bras de Swann, l'embrasser, le toucher, avait été un pur bonheur. En se réveillant, il avait eu peur que ce ne soit qu'un rêve, un produit de son imagination débordante. Mais lorsqu'il avait retrouvé le corps chaud du noiraud à quelques centimètres du sien, sentit son odeur et détaillé son visage, il s'était rendu compte que ce n'était pas un mirage. Ce qui voulait dire que le problème Ylan était toujours d'actualité. Cependant, il n'avait pas voulut s'y attarder. En réalité, il avait un peu appréhendé le réveil de Swann en se demandant si ce dernier ne regretterait pas. Après ses aveux, Alban était parvenu à remettre toutes les pièces du puzzle dans les bons trous. Il s'était dit que les angoisses du noiraud prendraient le dessus et lui souffleraient de ne pas tenter le diable. Alors ce fut avec surprise qu'il accueillit le grognement de Swann puis ses petits baisers dans le cou. Lui qui était si timide quelques mois plus tôt prenait beaucoup d'initiatives. Mais ce n'était pas pour lui déplaire. Ils s'étaient câlinés sagement en guise de bonjour avant de descendre pour prendre le petit-déjeuner sans montrer le moindre geste d'affection.

Alban ne voulait pas le brusquer. Chacun gérait son coming-out comme il l'entendait et il ne serait jamais de ces personnes qui outaient leurs proches sans rien leur demander en pensant « bien faire ». Généralement, ça ne faisait de bien à personne. Ils prenaient le outé au dépourvu et le lançaient dans la fauve en lion avec un sourire. Quoi de plus déstabilisant et frustrant pour l'innocent qui n'avait rien demandé. Alors il se contenterait du peu que Swann pouvait lui offrir tant que cela faisait son propre bonheur. Ylan lui dirait sûrement qu'il s'oubliait encore pour quelqu'un d'autre, qu'il était trop complaisant, mais il n'en n'avait rien à faire. Il était tombé amoureux de Swann dès le premier regard, dès qu'il l'avait vu rougir, dès que sa paume avait glissé contre la sienne, dès que sa voix s'était élevée jusqu'à ses oreilles. Maintenant qu'il avait une chance d'être avec lui, il ne le laisserait pas filer.

Ils étaient ensuite allés à l'université pour suivre les cours quotidien de leur établissement. Avec plaisir, il s'était glissé à côté de Swann qui lui avait sourit et avait adoré jouer avec l'interdît en effleurant son coude, en faisant exprès de s'approcher de son oreille pour lui chuchoter des choses en rapport avec le cours - voyons, rien d'indécent ! -, en prétextant avoir oublié son crayon pour piocher dans sa trousse ou lui voler celui en main afin d'effleurer ses doigts, en caressant son genoux du sien... Il s'était délecté des réactions du noiraud qui, tantôt joueur répondait, tantôt embarrassé rougissait et lui priait d'arrêter en zieutant Marius. Heureusement pour lui, ce dernier était trop studieux pour leur prêter attention.

Ce fut donc avec le sourire qu'il termina sa journée et qu'il déposa un baiser un peu trop long sur la joue de Swann pour lui dire au revoir. La prochaine fois, il le déposerait à la commissure de ses lèvres. Après tout, personne n'était à l'abri d'un léger dérapage ! Il n'y pouvait rien si sa bouche visait mal. Il rentra chez Ylan en sifflotant, un peu trop heureux pour son propre bien. Quand il trouva le métis assis sur le canapé, l'ordinateur ouvert sur ses cuisses, sa bonne humeur descendit d'un cran. Il était toujours en colère contre lui, mais il savait aussi qu'il ne faisait que lui reposer la faute puisqu'il ne pouvait pas s'en prendre aux vrais coupables.

— Salut..., souffla-t-il en s'asseyant sur la table en verre, devant son ami.

Ylan remonta ses yeux sur le blond et un tas d'émotions passa sur son visage. Soulagement, culpabilité, tristesse, remords, espoir. Sensible à sa détresse, Alban esquissa un petit sourire et posa sa main sur les papiers froissés qui avaient été rassemblés sur la table.

— Salut, répondit le brun qui faisait de son mieux pour ne pas pleurer.

Ils se regardèrent longuement sans rien dire. Alban ne savait s'il avait envie de déchirer les documents sous sa main ou de les garder intact.