Chapitre 86

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SWANN

— Swaaaaaaaann !

Il sortit la tête de son ordinateur et fixa sa porte d'un regard vide avant de se faire violence et de quitter sa chaise. La capuche rabattue sur ses boucles noires, il traîna les pieds sur son palier et descendit les escaliers avec lenteur. Son mémoire lui prenait la tête ainsi que ses tentatives infructueuses de dire la vérité à sa mère, et cette proposition qu'on lui avait faite il y a quelques jours. Ses pensées tournaient en boucle dans sa tête et il peinait à trouver le sommeil, réfléchissant beaucoup trop une fois la nuit tombée.

Il tomba nez à nez avec Alban et cligna des yeux comme s'il avait affaire à une apparition. Il se frotta même les paupières pour enlever cette poussière qui le faisait divaguer. Mais non, son petit ami se trouvait toujours là avec ce petit sourire amusé mais tendre sur les lèvres.

— Alban est venu travailler avec toi. Je ne savais pas que vous aviez un projet de groupe, indiqua Viviane en se dirigeant vers le canapé avec une tisane à la main.

— Euh..., il mit deux bonnes minutes à réagir, oui. Travailler. Oui, oui.

— Ça va Swann ? s'amusa sa mère en lui jetant un regard intrigué.

— Je suis fatigué, c'est tout. On va bosser. Ne nous dérange pas, s'teu plaît.

— Bonne chance !

Il tourna les talons et monta les escaliers, Alban dans son dos. Il était agréablement surpris de cette visite, mais la date limite pour déposer son mémoire de 40 000 mots arrivait et il n'en avait écrit que 13 256 - oui, il comptait désespérément -, pas du tout inspiré. La présence du blond ne l'aiderait en rien à se concentrer.

Une fois la porte fermée, Alban se pencha et déposa un chaste baiser sur ses lèvres, lui souriant doucement. Il glissa une main dans les boucles de Swann qu'il semblait affectionner et s'inquiéta :

— Ça va ? Tu as l'air épuisé.

— Hum..., répondit le noiraud en nichant son nez dans son cou. Je ne dors pas trop en ce moment.

— Quelque chose te tracasses ?

Swann ne répondit pas, soucieux de ne pas ressasser tout cela. Il y pensait constamment et en discuter avec Alban n'arrangerait rien. D'autant plus qu'il voulait y arriver tout seul, comme un grand. Ce n'était pas compliqué, bon sang ! Pourquoi son corps s'entêtait-il à rester paralyser quand il était sur le point d'avouer toute la vérité ? Au final, il dérivait toujours sur d'autres sujets sans importance. C'était pathétique.

Les caresses du blond le firent presque ronronner, mais il dut se défaire de ses bras pour retourner devant son écran, la mort dans l'âme. C'était la première fois qu'un sujet ne l'inspirait pas. Il peinait à écrire et encore plus en sachant qu'il souhaitait expédier cette tâche avec des réponses brèves et concises. Problème : les professeurs adoraient que leurs élèves extrapolent et en fasse des caisses.

— Je suis désolé, mais je dois vraiment finir ce foutu mémoire.

— Tu ne l'as toujours pas rendu ?

— Je n'y arrive pas. Ça m'énerve. Ça ne m'intéresse pas ! grogna le noiraud en fixant son écran d'un œil furieux. Je présume que tu as terminé...

— Oui. Depuis lundi, répondit Alban en glissant ses bras autour du cou de son petit ami avant d'embrasser sa joue.

Swann ferma les paupières et se pressa contre le torse du blond, épuisé. Il rêvait de dormir pendant vingt-quatre heures et de se réveiller frais comme un gardon.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant