Chapitre 44

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SUMMER

Elle bâilla à s'en décrocher la mâchoire et s'étira paresseusement, une manette dans la main. Le casque vissé sur ses oreilles, elle contempla l'écran de son ordinateur qui indiquait son score en lettres blanches. Se frottant les yeux, elle jeta un coup d'œil à son smartphone et grommela.

07h02

Nuit blanche. Si sa mère l'apprenait, elle était bonne pour le casse-pipe. Poussant un soupir, elle éteignit ses appareils et fixa son lit qui l'appelait à grands renforts de cris. Juste un petit somme. Elle s'affala dessus et sombra rapidement dans le sommeil, à peine la tête posée contre le matelas.

Ce fut son frère qui la tira d'un sommeil peu réparateur en lui chatouillant la plante des pieds. Elle grommela, roula sur elle-même et le somma de retourner dans sa grotte plutôt que de la sortir de la sienne. Connaissant parfaitement son frère, il ne la laisserait pas s'en tirer aussi facilement.

— Summer, il est dix heures passées ! On doit aller chez Jude.

— Pas envie. J'suis morte, grogna-t-elle, la tête dans l'oreiller.

Le noiraud lui jeta un regard blasé avant de lui retirer la couverture en ricanant et de lui voler l'oreiller.

— Swann ! protesta-t-elle en cachent ses yeux de la lumière du jour qui filtrait par sa fenêtre.

— Tu n'avais qu'à pas jouer jusqu'à pas d'heure.

— Je me suis couchée à minuit, grommela-t-elle.

— Ouh la menteuse, s'amusa son jumeau. Je suis allé faire pipi vers six heures du mat' et je peux t'assurer que tu étais encore en train de jouer.

Prise en flagrant délit, elle gonfla sa joue d'air, boudeuse, et lui jeta un regard endormi. Bien coiffé, habillé chaudement et réveillé. Comment pouvait-il être aussi frais dès le matin ? Il y avait eu un quiproquo au moment de féconder les deux « œufs ». Elle aurait dû être porteuse de ce gène ! Après tout, c'était elle la fille. Elle avait besoin de temps pour se préparer. Son frère ne mettait jamais plus de vingt minutes à se laver, s'habiller et entretenir ses boucles. Stupides spermatozoïdes !  

— Ne dit rien à maman. Elle va me faire la tête au carré, supplia la jeune femme.

L'air fourbe et le sourire en coin qui apparurent sur le visage de son jumeau l'a mirent en alerte. Il allait la soudoyer, c'était certain !

— À une condition, dis-moi qui était ton premier.

Elle le regarda en silence pendant quelques minutes puis plongea la tête dans le matelas et abandonna. Hors de question de vendre la mèche. S'il savait... Brrrr ! Elle n'osait pas savoir ce qu'il ferait.

— Tu peux le dire à maman, j'assume l'entièreté de mes actes.

Le noiraud leva les yeux au ciel et lui asséna un coup de polochon avant de lui lancer sa literie en pleine figure et de sortir.

— On part dans trente minutes ! cria-t-il.

Elle se redressa d'un bond, les cheveux emmêlés par sa sieste et s'insurgea :

— J'aurais jamais le temps de me préparer !

Bien entendu, son frère ne répondit pas et elle le maudit dans son coin, marmonnant toute seule. Elle ouvrit son armoire et, pressée par le temps, observa chaque vêtement comme si elle se rendait à une fête huppée - alors qu'il ne s'agissait que d'un repas avec son aîné - avant de jeter son dévolu sur un tee-shirt oversize et un jean bleu ciel qu'elle assortirait d'une ceinture. Avant de quitter sa chambre, elle jeta un regard au bazar qu'elle avait mise dans son armoire puis se frappa le front, affligé. Tout ça pour prendre des vêtements basiques ? J'ai un grain, sérieux.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant