My Heavy Secret

Chapitre 116

ALBAN

Allongé à plat ventre sur son lit, ses doigts glissaient sur l'écran tactile du portable, observant les photos de paysages, d'amis ou de couple de Swann. Ce dernier étant à la douche, Alban finissait ce qu'ils avaient entrepris au début par pure ennuie ou par curiosité. Il ne savait plus. Il roula sur le dos et contempla une cliché qui représentait Lola et son petit ami en train de faire des grimaces à l'appareil. Il esquissa un sourire, amusé, et continua son exploration. Il ne voyait le noiraud que très rarement sur son smartphone et pourtant, sa galerie était remplie. Ici, un Anton quelque peu éméché. Là-bas, une Summer en plein karaoké. Puis un Marius le visage couvert de purée ; une photo du trio qu'il formait avec Télior ; Ange et Lola qui discutaient, un verre à la main ; des graffitis magnifiques peints sur un mur de pierre ; un chat noir près d'un muret recouvert de lisier ; Viviane en pleine dégustation de gâteau ; Anton, immortalisé sur un pas de danse qui mettait en lumière sa prestance mais aussi son charisme - et oups ! des abdos - ; Jude visiblement pris à son insu, en pleine grimace ; Swann, à moitié endormit, qui s'appuyait sur l'épaule de sa meilleure amie ; Alban plongé dans ses révisions ; Alban au-dessus de l'épaule de Swann ; Alban devant l'océan ; Alban en train de rire à table - dis donc, je suis partout là ! songea-t-il avec un sourire - ; la mer calme et son coucher de soleil aux mille reflets ; Gracian et Ambrose en train de faire les imbéciles ; Chris qui prenait une pose de starlette ; Clovis, plongé dans son cahier à dessin ; Lio, autoritaire, qui donnait un ordre devant sa piscine ; et un défilement continu de tout ce qui constituait la vie de son petit ami.

S'il ne connaissait pas Swann, il n'aurait fallu qu'un coup d'œil dans son portable pour apprendre à le cerner. Il aimait la vie, son entourage et tout ce qu'il pouvait faire. Ses photos étaient naturelles. Elles représentaient ses proches et lui-même dans n'importe quelle situation, avec n'importe quelles émotions. C'était vrai. Unique. Et Alban ne pouvait empêcher ses lèvres de sourire à chaque cliché sur lequel un peu de joie ressortait. 

Il roula une seconde fois sur le ventre et arqua un sourcil lorsqu'une notification Instagram fit vibrer le téléphone tout en s'affichant au-dessus d'une des photos. Il alla la glisser vers le haut, peu désireux de la lire quand la page s'ouvrit. Merde, pensa-t-il en soupirant. Il s'apprêta a refermer l'application quand son prénom attira son attention. Sourcils froncés, il lut le message qui provenait d'un certain Zach, confus. Il détestait fouiller dans les messages des autres. Pour lui, c'était quelque chose de très intimes et même s'il n'y parlait que du dernier bout de saucisson qu'il avait mangé la veille, il n'aurait pas souhaité qu'on y fourre son nez. C'était une violation de son intimité, de sa vie privée, qu'il y ait des sujets importants ou non d'abordés. Malgré tout, il ne put s'empêcher de survoler les lignes de ce message, troublé d'y avoir vu son nom.

« Je suis content pour toi, Swann 😊 J'espère que ça continuera dans cette lancée. D'ailleurs, quand est-ce que vous revenez avec ton petit copain, Alban ? 😏 »

Ses iris s'attardèrent sur le pseudo de cet étranger, un certain Zach_54, qu'il ne connaissait absolument pas. Il avait beau fouiller dans sa mémoire, ce nom ne lui disait rien. Comment le connaissait-il ? Il se mordit la lèvre inférieure, le pouce au-dessus de l'écran et hésita.

La curiosité était un vilain défaut et Dieu seul savait qu'il succombait souvent, mais sa morale se battait contre lui. S'il se mettait à la place de son petit ami, il détesterait savoir que ce dernier avait fouillé dans ses textos. Cela n'avait rien à voir avec le fait qu'il pouvait potentiellement cacher quelque chose, c'était une question de respect. Pouvait-il céder et vérifier ce qu'ils se disaient en sachant que ça le concernait sûrement ? Ou ne rien faire ? Cependant, est-ce que s'il abordait le sujet avec Swann, ce dernier lui avouerait le tenant de leurs conversations ? Il en doutait et, en réalité, Swann n'était pas tenu de le faire. Comme il se le répétait : c'était privé.