Chapitre 65

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SWANN

Il s'avançait prudemment vers le bâtiment de gestion, Lola sur les talons. Sur son téléphone depuis ce matin, elle ne lui prêtait attention que pour vérifier qu'il n'avait pas disparu. Il ne savait pas qui était son correspondant, mais ce dernier devait être gâté. Lorsqu'ils arrivèrent devant les portes de l'établissement, les iris bleu ciel du noiraud dérivèrent sur un petit groupe composé de Télior, Marius et Alban. Il prit une respiration puis s'avança jusqu'à eux, peu sûr de l'accueil qu'on lui réserverait. Après tout, il avait passé une semaine à les ignorer.

Marius le détailla comme s'il avait un revenant en face de lui, Télior resta interdit et Alban posa un regard indéchiffrable sur son visage, muet. Il s'attarda un peu plus longtemps sur le blond, cherchant quelque chose à dire, mais rien ne vint. Soudain, le brun lui donna un coup de poing dans l'épaule et s'exclama :

— Ce n'est que maintenant que tu rentres ? On peut savoir où tu es allé comme ça ? Tout le monde s'inquiétait.

Malgré son ton réprobateur, il arborait un sourire qui rassura Swann.

— Je suis allé... à la mer...

Il jeta un coup d'œil à Alban qui le dévisageait en silence. Ce dernier finit par détourner le regard, sûrement en colère. Swann comprenait. Il ne savait pas encore ce qu'il devait dire au blond, mais il se promit de s'excuser. Plus tard.

— Tu sèches les cours pour te prélasser au soleil ? fit mine de s'insurger le métis. Tu aurais pu au moins nous inviter.

Le noiraud esquissa un petit sourire. Avec Télior, ils échangèrent un petit salut étrange, leur altercation violente flottant encore dans l'air. Pour Alban, ce fut encore plus corsé. À peine un hochement de tête de sa part. Swann pinça les lèvres, coupable.

Soudain, une furie noire débarqua de nulle part et se planta devant l'étudiant avant de le repousser légèrement. Il contempla sa jumelle qui avait le visage crispé, les sourcils froncés et les yeux embués de larmes. Désolé, il tenta un sourire tout en soufflant :

— Salut Summer...

La gifle partit d'un coup, statufiant tout le monde. Un silence de mort plana sur l'assemblée alors qu'elle repartait à vive allure dans la direction opposée. Personne n'osait plus parler.

Lola avait la bouche ouverte, choquée par le geste qu'elle n'avait pas vu partir. Marius avait les yeux exorbités et se disait qu'il ne chercherait jamais des poux à son amie. Télior dansait entre l'amusement et la surprise. Alban fixait Swann avec de grands yeux, vérifiant l'état de la joue rougeâtre du noiraud. Et Anton se passa une main dans les cheveux en soupirant.

— Elle... je n'ai pas pu l'arrêter.

Swann se massa la mâchoire et remonta la bretelle de son sac de sport sur son épaule pour s'armer de courage.

— Je la méritais, dit-il avec un petit sourire. Je m'en occupe.

Il salua la petite bande et trottina pour rattraper sa jumelle. Fâchée, elle filait plus vite qu'il ne l'avait estimé. Il allongea le pas et la rattrapa aisément.

— Summer !

Elle s'arrêta, mais lui fit dos, sûrement en train d'effacer les larmes de son visage. Il posa ses mains sur les épaules de sa jumelle et murmura :

— Je suis désolé...

Elle se retourna brusquement et martela son torse de ses poings tout en répliquant :

— J'étais folle d'inquiétude ! Je ne savais pas où tu étais ! T'as laissé un mot, Swann. Un mot ! Je suis ta sœur, tu aurais quand même pu me le dire.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant