Chapitre 68

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ALBAN

— Pourquoi t'as fait ça ?! Pourquoi ?!

Il abattit les feuilles sur Ylan avec une telle force que son ami recula. Ses yeux étaient embués de larme, sa mâchoire si serrée qu'il se demandait si ses dents pouvaient casser, ses muscles tellement tendus qu'il en avait presque mal.

— T'avais pas le droit Ylan ! T'aurais jamais dû faire ça !

Le métis recula un peu, pris au dépourvu par la colère de son ami. Il ne s'était pas attendu à une telle explosion même s'il la comprenait un peu.

— Alban, j'ai fait ça pour toi...

— Non, c'est faux ! hurla le blond. Tu l'as fait pour toi ! Pas pour moi.

Ylan tentait de tempérer son ami, mais ce dernier lui lançait tout ce qu'il avait sous la main. Ses cris résonnaient dans la grande pièce et s'élevaient tellement haut qu'un passant aurait pu les entendre à travers la porte d'entrée.

— Alban, s'il...

— LA FERME ! Tu ne penses qu'à toi ! T'aurais jamais dû faire ça, jamais !! Je te déteste !

Il attrapa les coussins du sofa et les lui envoya en pleine figure avant de se contenter des magazines qui traînaient sur la table basse. Il était tellement en colère ! Tout son être bouillonnait et demandait un exutoire. Les larmes coulaient sur son visage, preuve de sa rage. Comment avait-il pu lui faire ça ? Comment ?!

— Alban, je n'ai jamais voulu qu...

— TA GUEULE ! Tu n'as jamais voulu que quoi ? Hein ? Si tu ne le voulais pas, t'aurais jamais fait ça. Jamais ! Tu ne m'as rien demandé. Rien ! Que dalle ! T'as pris cette décision dans mon dos, criait-il en récupérant les feuilles éparpillées sur le sol, les secouant avec agacement. Tu n'as pensé qu'à toi. T'as été égoïste !

— Non, c'est faux !

— Tu n'avais pas le droit de le faire ! TU N'AVAIS PAS LE DROIT !

— Je voulais juste que tu... Alban !

— Je ne veux plus jamais te parler ! hurla le blond en tournant les talons.

Il se rua sur la porte d'entrée alors qu'Ylan tentait de le rattraper. Il attrapa sa veste et ses chaussures et quitta l'appartement en chaussettes, courant pour fuir cette demeure. Il dérapa dans les escaliers et hurla sa rage avant d'atterrir dans la rue bondée. Il renifla et poussa les gens en allongeant le pas, déterminé à fuir cet endroit et son ami. Il marcha jusqu'à avoir mal aux pieds.

S'arrêtant devant une boulangerie, il s'essuya les joues de sa manche avant d'enfiler ses baskets et de rabattre sa veste. Il s'assit devant la devanture du magasin et posa ses mains autour de son nez, hoquetant difficilement. Il était en colère. Furieux. Il haïssait le monde entier. Il était dévasté.

Au fond, Ylan avait sûrement agit pour Alban, mais aussi pour lui-même. Le blond lui en voulait. Faire ce choix aurait dû lui revenir. Son ami le mettait devant le fait accomplit sans possibilité de retour en arrière. Il ne voulait pas de ça. Ou si ? Il n'en savait rien. Cette décision n'était même pas la sienne. Il n'avait rien demandé. Sa vie n'était peut-être pas des plus parfaites, mais elle le satisfaisait très bien comme cela. Pourquoi tout changer ? Même s'il mourrait d'envie de frapper le métis jusqu'à entendre des mots d'excuses, ce n'était pas lui le véritable fautif. Il abattait sa rage sur Ylan parce qu'il était présent, parce qu'il en avait sûrement eu l'idée, parce qu'il ne pouvait pas s'en prendre à eux.

Une femme en veste orange s'approcha de lui et lui tendit un flyers qu'il regarda sans émotion. Elle insista alors il le prit et contempla le papier avant de le déchirer en milles morceaux. Qui voulait avoir quinze pour cent de réduction sur des produits de cosmétiques quand il était en train de pleurer en pleine rue ? Cette fille n'avait aucun sens marketing ! Furieux, il se releva et quitta le centre-ville pour marcher vers une destination inconnue. Il s'en moquait tant que cela l'éloignait de la réalité.

Ylan l'appela. Une fois, deux fois, trois fois, assez pour que sa boîte vocale en soit inondée. Il éteignit son portable purement et simplement, en colère. Il n'avait envie de voir personne. S'il s'écoutait, il se roulerait en boule dans son lit et passerait la journée à pleurer à grosses gouttes. Il en avait bavé. Plus d'une fois. Et maintenant, on y mettait un point final. On lui annonçait qu'un chapitre se fermait et qu'il pouvait passer au suivant. Sauf qu'il n'avait rien demandé ! Lui, il voulait continuer d'écrire, trouver une solution, réparer les choses. Il n'avait aucune envie de se retrouver devant une page blanche. Qu'écrirait-il dessus ? Pour qui ? Que se passerait-il dans cette histoire-ci ? Pourquoi mettait-on un terme à ce qui n'avait pas encore de fin ?

On lui imposait cette décision. Personne ne lui en avait parlé en amont. Il n'avait pas eu son mot à dire. Qu'il soit d'accord ou non importait peu. La vie continuerait sans s'inquiéter de lui. Avait-il été trop capricieux dans une autre vie ? Malhonnête ? Méchant ? Pourquoi s'acharnait-on comme ça sur lui ?

Pourquoi ?

Il déambula dans la ville pendant des heures sans jamais regarder où il allait. Il ne prit même plus la peine de sécher ses larmes qui avaient finit par laisser des traces sur ses joues mordues par le froid de mars. Reniflements sur reniflements, il pestait sur des mouchoirs qu'il n'avait pas.

Lorsqu'il arrêta finalement d'errer, il releva ses yeux devant la maison des Moreau. Il voulut rire jaune, voyant comme le sort se moquait de lui. La seule personne qu'il voulait voir était aussi celle qui l'avait si cruellement repoussé. Cela faisait bien une semaine et demie qu'ils s'ignoraient comme la peste. Alors même qu'il avait été blessé par son attitude après ce baiser, il s'était empressé de lui envoyer un message quand il avait disparu. Juste pour être certain que tout allait bien. Il n'avait jamais obtenu de réponse. Et le noiraud était revenu comme une fleur en lâchant un stupide « désolé » à tout le monde. Il lui en voulait tellement. Et pourtant, il aurait aimé se faufiler dans ses bras pour quémander un peu de réconfort.

Il fixa la porte comme s'il attendait un signe puis tourna les talons. Même s'il en voulait à Ylan d'avoir pris une telle décision, il comprenait la démarche. Sauf qu'il aurait aimé être au courant et avoir le choix de refuser. Ne sachant même pas où il allait dormir, il décida de rebrousser chemin pour la nuit.

— Alban ?!














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Cette scène me brise le cœur, mais Alban n'a pas finis d'en baver... 😔

Ça sent les explications... 👏🏻

Vos avis sur le chapitre ?

Je suis un peu beaucoup fatiguée. Et oui, c'est volontaire si on ne sait pas pourquoi Alban se met dans un tel état...

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant