Chapitre 86 : Ame sœur.

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[ Pdv Drago ]

Je sens des bras me retenir mais..c'est tout. Je n'ai pas conscience de ce qui se passe réellement. La seule chose que je vois est un deuxième sort vert dans la forêt, le silence puis mon cœur qui se déchire alors que cette phrase ne cesse d'être murmuré à mon oreille.

" Je t'aime Draco "

Encore et encore cette même phrase qui ne cesse de venir dans mon esprit. Encore et encore cette intonation, ce sanglot et les pas lents qui partaient. Encore et encore mon incapacité à le retenir. Il a intérêt à revenir ce lâche. Putain de potter il a intérêt à revenir que je puisse répondre à son idiote de déclaration.

Qui fait des déclarations sur un champ de bataille avant d'aller mourir ?! QUI ?!

Les bras autour de moi se relâchent et je relève enfin mon regard de ma demi léthargie. Des personnes approchent, encore trop loin pour que nous puissions les distinguer mais..des personnes approches. Trop nombreuses et pourtant un murmure d'espoir apparaît.

" Et si il avait réussi ! " " Oh mon dieu tout est fini " " Enfin !"

Idiots, dans le meilleur des cas même si Harry a combattu et gagné il reste Nagini et..il ne s'est pas battu. L'horcruxe devait être éliminé et je le connais..il ne s'est pas battu.

Mes épaules s'affaissent un peu plus alors que je suis maintenant capable de discerner les visages. Les mangemorts, à leurs têtes voldemort et à leurs côtés Hagrid. Hagrid et..un corps. Dans ses bras.

-Harry Potter est mort.

Il continue son discours mais mes oreilles bourdonnent. La seule chose que je retiens est cette phrase. Une phrase qui s'insinue dans tous mes vaisseaux sanguins et qui vient pourrir mon coeur.

Je relève le regard vers ce corps et là où je suis je le fixe. Je connais son corps sur le bout des doigts, je pourrais le dessiner les yeux fermés. Et la, en cet instant, la silhouette qui se dessine de là où je suis..c'est la sienne.

Je me sens m'écrouler, hurler, pleurer, gémir et pourtant mon corps reste debout. Je me sens mourir, haïr, combattre, abandonner et pourtant je ne bouge pas. Je ne doute même pas qu' en cet instant mon visage paraît aussi froid que la glace. Pas que je le veuille, mais toute la douleur est en interne. Je ne suis pas détruit physiquement, je le suis mentalement.

Et pourtant, et pourtant il y a cette flamme d'espoir qui continue de grandir et de brûler au fond de moi. L'espoir qu'en vérité il ne soit pas mort, l'espoir qu'à nouveau il survive. Mais..en a t il envie ? A t il envie de se battre une nouvelle fois ? A t il envie de souffrir et de combattre pour cette vie ? Est-ce que je lui aurais donné assez d'envie ?

Vaguement je vois un de mes camarades s'avancer, je crois qu'il parle à voldemort alors que celui ci vient de demander qui veut rejoindre ses rangs. Neville, le combat, Nagini.

Je ne sais pas, je ne m'y intéresse pas. A nouveau je sens deux regards pesant sur ma personne. Et même pas une minute, même pas quelques secondes je doute de qui sont ses personnes. Ceux que j'ai autrefois appeler père et mère.

Mais malgré ça, je ne détourne pas le regard de cette silhouette. Et avant même que j'en ai vraiment conscience, mon corps de lui-même avance vers son double. Vers le seul qui a de l'importance.

Lentement, errant, mes pas foulent la terre que j'ai longtemps pris comme un fardeau. Je sens mes muscles crispés continuer d'avancer malgré les crampes qui ne cessent de se faire sentir. Des cris, des mains. J'évite, j'ignore. Soudain je sens un sort me toucher et mon corps déjà bien trop faible basculer au sol.

Dans un éclat de lucidité je crois reconnaître le sortilège de torture mais..je pense que simplement mon esprit est détaché de mon corps. Alors tant que je peux je me fixe cette silhouette. Et lorsque la douleur physique que je ne ressens pas devient trop forte pour mon corps si faible alors mes paupières commencent à se fermer.

Et là, enfin, mon corps m'obéit. Un lent sourire se dessine sur mes lèvres alors que je me sens sombrer dans les ténèbres. C'est sûrement idiot pour vous de sourire alors queje m'apprête à mourir. Mais..voyez vous, je ne vois pas de fin plus heureuse que de le rejoindre. Non, ce n'est pas mignon. Non, ce n'est pas niais.

Je ne peux simplement pas vivre avec lui, qu'on se déteste ou qu'on s'aime on a toujours eu besoin l'un de l'autre et ça depuis que nos regards se sont croisés la première fois. Alors il est stupide de penser que l'un de nous puisse un jour vivre sans l'autre.

Non, nos corps, nos âmes, nos esprits, nos cœurs et nos magies sont liés. Chaque parcelle qui fait de lui lui et qui fait de moi moi est liée. Parce que c'est ça. Parce que c'est nous.

Alors si il meurt, je meurt. Il n'en a pas autrement. Je ne vois pas d'autre façon de faire. Alors avec un soulagement évident je laisse la mort venir me chercher comme une vieille amie.

Après tout, j'ai toujours été destiné à la mort, que ce soit la création ou la côtoyer. C'est comme ça, je suis Draco Malfoy. Et je rejoins Harry Potter. Parce que c'est lui, parce que c'est moi. Parce que c'est nous et que je ne peux faire autrement.

Alors que je ne sens plus mon corps et que je ne vois plus que l'obscurité ardente, une soudaine lumière vient. Je souris alors qu'une chaleur se propage dans mon corps et que son odeur vient m'entourer en même temps que son corps. Suis-je mort ? Et sommes-nous réunis ? J'ouvre lentement les yeux et je tombe sur une seule chose. Son regard vert, son regard vert aux milles nuances que j'aime.

Je suis mort ? Non, je suis avec lui. L'état de mort ou de vivant n'est pas très important. Ils gagneront la guerre, cette guerre qui nous a tout pris. Notre enfance, la paix, nos familles, nos amis, notre insouciant, notre amour, notre joie, notre bonheur, l'essence même de la vie.

Je me souviens vaguement d'un discours que m'a fait ma mère quand j'étais petit. Deux âmes qui avaient été séparées. Lorsqu'elle se retrouvait elles ne pouvaient se quitter et se trouver lier de toutes les manières possibles. C'était quelque chose de magnifique, que ce soit magnifiquement tragique ou magnifiquement passionnel. Alors que je riait aux éclats, elle fixait le feu pensive. Comme aimant cette idée. Comment appelait-elle ça déjà ?

Oui..c'est ça...

Ame sœur.

La pâleur de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant