Chapitre 50 - Les secrétaires du Maréchal

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La vie continuait son cours et même si la Nation avait été attaquée, la déclaration de guerre tenait. Il fallait donc se préparer à débarquer sur l'île sous peu.

- Sieg nous a trahi.

Posant les bras nonchalamment sur la barrière du balcon, Pieck observait la cour vide ; il n'y avait plus aucun aspirant. Seul Kord était présent à leur côté.

- Oui, il nous a trahi.

Porco glissait une main dans ses cheveux et remarquait Licht passer avec une pile de feuilles dans les mains en plein centre de la cour vide. Une raie centrale séparait ses cheveux en deux sections similaires et un chignon strict maintenait cette belle chevelure qu'elle avait raccourci jusqu'aux épaules. Son ancienne mèche de côté avait aussi été séparée en deux pour ne pas être dérangée dans son travail. Désormais, la jeune femme faisait plus adulte qu'avant et tous les maux du monde semblaient s'être installés sur ses épaules. Licht marchait droite comme un piquet, le visage vidé d'émotions. Depuis l'attaque, elle avait l'impression de vivre un enfer malgré un entourage restreint, mais très présent. Toutefois, elle se sentait toujours seule.

Levant les yeux vers les deux guerriers et Kord, elle leur faisait un signe du menton.

- Réunion dans le bureau du Maréchal dans cinq minutes. On vous y attend.

Depuis l'attaque, Magath avait été gradé suite au décès du Maréchal Calvi et occupait désormais la place la plus importante. De ce fait, les responsabilités de Licht s'étaient décuplées et elle avait désormais sous ses ordres deux secrétaires travaillant directement pour le Maréchal. Même si ces hommes n'étaient pas eldiens, ils ne rechignaient pas à suivre les ordres et bons conseils d'une eldienne ; on pouvait clairement voir qu'elle avait une grande expérience en la matière.

Le Maréchal était derrière son vaste bureau en chêne et lisait scrupuleusement les archives que venait de lui apporter sa secrétaire en chef Licht.

- Tout est ici ?

Elle acquiesçait

- Tout, sans exception.

Alors qu'elle se positionnait à côté de lui et se penchait en lui déposant un vieux registre, le Maréchal posait une main en douceur sur le poignet de Licht.

- Vous devrez vous ménager un peu. Nous avons deux nouveaux secrétaires à nos côtés. Dispatchez les tâches et ne vous forcez pas à tout faire.

Licht se défaisait en douceur du Maréchal et croisait son regard soucieux. En apparence, c'était un homme sévère et froid. Mais là, quand on le connaissait bien, c'était un homme au grand cœur toujours à se soucier des autres. Il ne cessait de demander des nouvelles de Reiner qu'il ne voyait pas tous les jours ou encore des parents des quatre anciens aspirants. Il était même allé jusqu'à se déplacer pour la cérémonie d'enterrement de Sophia et Udo. Theo Magath s'était tenu droit aux côtés de Licht avec un parapluie au-dessus de leur tête ; le temps était aussi triste que les personnes présentes.

Jetant un coup d'œil vers la porte en coin donnant sur le bureau des secrétaires, Licht haussait les épaules.

- Je leur fais confiance, mais je préfère m'assurer que tout soit en ordre. Je ne veux pas vous causer de soucis Maréchal. Et puis, avec cette promotion soudaine, il faut que tout soit impeccable pour ne pas ternir votre image. C'est donc mon rôle de m'assurer de cette partie.

Le Maréchal acquiesçait en frottant ses tempes.

- Vous avez raison. Je vous en remercie énormément Licht.

Elle faisait un signe du menton alors qu'on toquait à la porte. Porco passait en premier suivit de Kord, Pieck et enfin Reiner qui les avait rejoint en cours de route. Ils prenaient place sur les fauteuils bruns foncés attendant que leur supérieur les rejoint. Licht s'approchait des deux portes et les fermaient en s'assurant qu'aucune oreille indiscrète ne traînait dans les parages.

C'était décidé, Pieck, Porco et quelques guerriers allaient s'infiltrer sur l'île quelques jours avant l'attaque officielle. Et c'est donc en sachant cela, que les guerriers s'entraînaient d'arrache-pied pour ne faire aucune erreur.

Ils parlaient aussi de chacune des commodités de cette guerre bien déclenchée et de chacune des stratégies à adopter pour un taux de réussite supérieur à la moyenne.

À aucun moment, Licht ou Reiner ne s'étaient regardés autrement que comme des collègues. Ils savaient rester professionnels quand il le fallait.

Les guerriers sortaient de la pièce à la fin de la réunion et laissaient la secrétaire avec son supérieur.

- Je sais dans quelle situation délicate vous vous trouvez ma chère Licht. Et je dois avouer que j'aurai tout fait pour ne pas être dans votre cas. Vous allez avoir beaucoup de mal à garder l'esprit frais en nous voyant attaquer votre lieu de naissance.

Elle baissait la tête.

- Je suis une eldienne de la Nation désormais.

Tout était si robotique que s'en était effrayant.

- Vous ne pensez pas un traître mot de ce que vous dites. Et je le comprends entièrement. Comment renier sa terre natale même pour tout l'or ou les pouvoirs du monde ? C'est impossible.

Elle ne répondait rien en esquivant le regard de Theo.

- Cependant, je pense que vous ne leur envoyez plus de lettres ?

Licht déglutissait.

- De quoi parlez-vous Maréchal ?

Elle prenait un air interrogateur alors qu'elle remarquait le Maréchal sourire. Ce n'était pourtant pas habituel, mais quand il le faisait, cela dégageait une atmosphère calme dans la pièce.

- Rien de bien important Licht.

Il baissait ses lunettes de lecture devant ses yeux et attrapait la feuille la plus haute de la pile.

- Allez voir si vos subalternes se débrouillent bien.

Licht hochait de la tête et sortait par la porte sur le côté pour rejoindre la salle moins imposante, mais tout aussi fonctionnelle où travaillaient sans relâche deux nouveaux secrétaires. Ils tapaient à une allure folle sur les touches de leur machine.

- Ralentissez la cadence. Vous risquez de vous blesser ou de faire du mauvais travail. Prenez le temps qu'il vous faut pour rendre un travail impeccable.

Les deux hommes un peu plus âgés que Licht avaient redressé la tête vers leur supérieure en hochant du menton. Puis, ils replongeaient dans leur tâche alors que la jeune femme prenait place derrière son propre bureau plus imposant que les leur.

- Dans une demi-heure, nous sortirons manger quelque chose. Il faut reprendre des forces.

Elle sortait son porte-monnaie de la poche de sa robe.

- Je vous invite messieurs.

Un beau sourire gagnait les lèvres de ses deux coéquipiers qui ne détachaient pas leurs yeux des feuilles de papier. Pour une eldienne, les deux hommes l'appréciaient énormément. Elle était que peu souriante depuis qu'ils avaient pris leurs fonctions, mais s'occupait d'eux comme si elle était plus âgée. Elle avait toujours l'œil pour s'assurer que tout allait bien.

Jetant un coup d'œil à l'horloge, Licht se disait que la journée était bien loin d'être terminée. Et que malgré les distances qu'elle avait prise avec Reiner suite à sa fausse couche, ses bras forts la manquaient.

Déterminée, elle rédigeait sa part de travail au propre en se promettant d'enlacer d'elle-même le blond en rentrant chez elle.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant