Chapitre 81 - Bouteille de vin

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Le visage crispé, Licht sentait que le bébé allait arriver sous peu.

- Il ne devait pas prendre du temps à venir ?

Elle fixait les yeux plissés Livaï qui envoyait Falco revenir avec une plus grande quantité d'eau ainsi qu'apporter d'autres serviettes propres.

- Il n'est pas censé arriver aussi tôt. Tu as sûrement trop bougé durant ta grossesse.

Et cela était vrai, la brune ne s'était pas assise une seule fois. Elle était toujours en mouvement entre le travail, la maison et venir aider quand elle le pouvait Livaï dont la boutique faisait fureur. Ils pensaient même en ouvrir une plus grande.

Livaï approchait de Licht et repoussait des mèches humides de son front.

- Je suis là. Gaby ne devrait plus tarder à revenir avec un médecin et surtout Reiner. Tout va bien se passer.

Il s'était assis sur le rebord du lit et gardait dans sa main celle de Licht alors que Falco faisait des allers et retours dans la chambre.

- J'ai une sensation bizarre en bas. Je crois être assez dilatée.

Elle paniquait alors que Livaï fronçait les sourcils.

- Tu me permets de regarder ?

Licht avait seulement enfilé une longue robe sombre sans prendre la peine d'enfiler un sous-vêtement. Rouge pivoine, elle hésitait.

- Si tu ne veux pas, je comprends entièrement. Mais c'est juste pour vérifier.

Licht fermait les yeux en soufflant ; la douleur était trop intense.

- Tu peux.

Après vérification, Livaï préconisait un temps d'attente de moins d'une heure.

- On peut parler pour te changer les idées.

Elle acceptait et tapotait la place à côté d'elle dans le lit. Livaï s'allongeait. Il était si calme et si doux que s'en était presque effrayant. Il n'avait plus rien à voir avec le Caporal de l'île.

- As-tu choisi le prénom ? Ou les prénoms ?

Elle souriait.

- Si c'est une fille, Reiner choisit le prénom. Si c'est un garçon, c'est moi qui choisis. Et sans vouloir faire de favoritisme, je préfère le choisir moi. J'aimerais bien que ce soit un garçon.

Livaï arrangeait le coussin dans le dos de la jeune femme et se rallongeait à ses côtés.

- Après, tant qu'il ou qu'elle soit en bonne santé, c'est le plus important. Ainsi qu'il ou qu'elle grandisse avec ses deux parents.

Elle caressait son ventre qui se raffermissait avec les différentes contractions. Licht serrait les dents.

De son côté, Reiner ne se doutant de rien avait été invité au bar par Jean. Les deux hommes sirotaient une bonne bouteille de vin dans des coupes en verre tout en attendant Connie qui n'allait plus tarder.

- Je crois que cet enfoiré a trouvé quelqu'un.

Reiner manquait de s'étouffer en entendant le châtain parler ainsi de Connie.

- Il se parfume, coiffe le peu de cheveux qu'il a laissé pousser sur son crâne auparavant rasé au millimètre près. Et il prend la peine de se doucher chaque matin avant de disparaître. C'est seulement quand il daigne venir de temps à autre au travail que je peux le voir.

- Vous vivez bien ensemble ?

- Des fois, je n'en ai pas l'impression.

Jean poussait ses cheveux en arrière et souriait.

- Alors, bientôt papa ? Il lui reste moins d'une semaine à Licht avant d'accoucher ?

Il se penchait vers Reiner.

- Laisse-lui le temps de se remettre avant d'enchaîner sur un second gosse.

Reiner haussait les épaules.

- Notre vie intime ne te regarde pas. De toute façon nous nous protégerons et prendrons le temps de profiter du premier avant d'enchaîner sur un bataillon entier.

Il souriait de toutes ses dents.

- Et toi ? C'est quand que tu embrasses enfin quelqu'un ? Partie comme cela, tu vas finir ta vie puceau mon cher Jean.

Le châtain recevait un coup sur l'épaule par le blond.

Jean buvait son verre d'une traite avant de s'en servir un autre ; il avait autant les pommettes rouges que Reiner. Les deux hommes n'étaient plus très sobres.

- Bois encore un verre Reiner, je vais t'avouer un truc. Tu vas tomber de ta chaise.

Il souriait alors que le blond fronçait les sourcils et acceptait le verre par curiosité. Quand il le terminait, le châtain montrait l'intégralité de ses dents.

- J'ai déjà embrassé quelqu'un et tu ne devineras jamais qui c'est.

- Qui donc ?

En entendant que c'était cela que le châtain voulait avouer, Reiner n'y trouvait plus aucun intérêt.

- Accroche-toi bien.

Le châtain se redressait en sentant sa bouche pâteuse à cause du vin.

- Je n'ai embrassé qu'une seule et unique femme dans ma vie. Et je peux te dire que c'était parfait. Encore maintenant, j'aurai aimé le faire, mais c'est une femme déjà prise.

Un coude posé sur la table et la main sous son menton, Reiner lui faisait un signe blasé de lui dire le nom.

- Licht est mon premier baiser. Et parfois, ça m'arrive de fermer les yeux et d'y repenser. Et puis, parfois quand je la vois, je rougis en voyant ses lèvres auxquelles j'ai déjà goûté.

Il allait ajouter quelque chose alors que Reiner dans un état second se jetait par-dessus la table et assénait un coup de poing à Jean. Ce dernier tombait de sa chaise et rencontrait le sol directement sur le dos.

Le châtain écarquillait les yeux et recevait un second coup. Leurs gestes étaient lents mais pas dénués de force alors Jean rendait le coup à Reiner. Tous deux n'avaient pu être séparés par les autres clients du bar et c'est seulement quand Connie arrivait pour leur asséner un coup dans le ventre que ses deux amis se calmaient.

Fixant bêtement Connie, Jean et Reiner explosaient de rire en se faisant une accolade. Ils avaient les larmes aux yeux à force de rire et la lèvre en sang. La situation était absurde.

- T'es une grosse brute Reiner !

- Et toi, un stupide vantard. Tu l'as peut-être embrassé il y a sûrement des années, mais c'est moi qui vit avec et qui l'ai épousé. Elle n'aime que moi.

Jean faisait une petite tape sur le torse du blond en riant à gorge déployée.

- Je la comprends, regarde-moi ce corps.

Les deux hommes riaient alors que Connie les traînait vers la sortie en ayant payé l'addition et s'excusant pour le dérangement engendré.

Dans la rue froide, les deux amis se jetaient dans la neige en continuant leur conversation comme si de rien n'était et c'est suite à un coup de pied donné par Connie qu'ils se redressaient.

- On rentre, bande de soûlards. Il faut nettoyer ces blessures.

Alors que nonchalamment le blond et le châtain posaient un bras lourd sur l'épaule de Connie, ils remarquaient Gaby accourir les joues rouges. La jeune adolescente peinait à reprendre son souffle.

- Licht...bébé...médecin...accouche...à la...maison...

Reiner fronçait les sourcils et s'approchait de la jeune fille. Tout son état second et l'alcool dans son sang semblait s'être envolé.

- Qu'as-tu dit ?

Elle soufflait une bonne fois et sortait tout d'un seul coup.

- Licht est en train d'accoucher !

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant