Chapitre 52 - Retour des lettres

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Tout le monde était un peu tendu. Les habitants du camp s'étaient agglutinés près des grillages pour acclamer leurs guerriers. Ils voulaient tous voir partir ces héros de la Nation faisant la fierté des gens d'origine eldienne.

Le départ de Pieck ainsi que de Porco devait se faire dans la plus grande discrétion, mais les rumeurs avaient vite circulé.

Après un rappel à l'ordre, les guerriers passaient aisément le grillage où le calme des rues de la Nation contrastait avec le camp de Revelio.

Pieck serrait dans ses bras joyeusement Licht qui les avait accompagné jusqu'au port.

- On se revoit très vite.

L'épouse Braun souriait tristement.

- Oui, faites attention à vous.

Pieck allait les saluer une dernière fois avant de monter sur le bateau quand elle tirait Porco qui restait face au couple. Il restait droit comme un piquet et la jeune femmes aux cheveux noirs n'arrivait pas à le bouger.

- On se dit à plus tard Licht.

Le blond cendré tournait le visage vers Reiner qui gardait une main posée sur l'épaule de Licht.

- Et on n'aura même pas besoin de toi. Tout le travail sera fait correctement avant même l'intervention de votre groupe.

Reiner souriait en hochant la tête.

- Je n'en ai aucun doute.

Il l'espérait sincèrement pour ne pas avoir à détruire les villages de l'île lui-même.

Tirant désormais le blond à sa suite, Pieck rejoignait les cinq soldats sélectionnés pour monter sur le dos du Charrette puisque les anciens soldats étaient décédés suite à l'attaque du camp.

- Faites attention à vous.

Licht levait la main en les saluant alors que Reiner regardait le bateau s'éloigner au loin.

Se positionnant de l'autre côté de la jeune femme, le Maréchal avait les lèvres pincées.

- Nous avons encore du boulot qui nous attend avant notre départ. Allons-y vite.

De leur côté, Pieck et Porco étaient assis sur le pont du bateau en fixant l'horizon. La jeune femme semblait détendue alors que le blond cendré était gagné par l'anxiété.

- Tu devrais te détendre. Tout va bien se passer si nous restons ensemble. Nous sommes une bonne équipe Pokko.

Il tournait le visage vers elle prêt à faire une remarque désagréable du fait de ce surnom stupide qu'elle lui donnait. Mais quand il croisait les grands yeux fatigués de la jeune femme, il posait un bras nonchalamment sur son épaule et la rapprochait de lui.

- Avec toi à mes côtés, je n'ai peur de rien. Nous nous connaissons depuis longtemps et sommes le parfait duo. Les démons de l'île n'ont qu'à bien se tenir, nous arrivons pour tout détruire.

Pieck profitait de la proximité pour poser sa tête sur l'épaule de Porco qui se crispait.

- Oui, nous sommes le parfait duo.

Le moment, l'ambiance et la vue étaient propices pour une scène digne des plus beaux livres de romance, mais l'esprit des deux était bien trop focalisé sur la mission. Et puis, même s'il pouvait le désirer du plus profond de son âme, Porco respectait trop Pieck pour la souiller de ses lèvres. Elles avaient goûté à trop de corps féminins pour se permettre de se poser sur la pieuse Pieck.

Faisant un tri à genoux dans le bureau du Maréchal, Licht sentait une présence au-dessus de sa tête. Levant les yeux, elle reconnaissait malgré la lumière aveuglante émanante de la fenêtre la silhouette du Maréchal une caisse en main.

- Avant notre départ, j'aimerais vous donner cela. J'avais confiance en les débouchés de cette longue guerre de quatre ans, mais pas en celle qui a débuté. Nous ne pouvons savoir d'avance comment l'adversaire risque de riposter.

Posant la caisse en bois au sol, il s'accroupissait pour en sortir quelques enveloppes et les tendait à la jeune femme.

- Ce sont toutes les lettres que vous avez envoyé à un certain Jean K. Je le savais depuis le début, je les ai intercepté et n'ai pu me résoudre à m'en débarrasser du fait de leur contenu.

Licht était choquée une main posée sur la bouche alors qu'elle prenait les lettres tendues en les ouvrant ; c'était bien ses lettres.

- À aucun moment vous ne trahissez les secrets de la Nation dans ces textes. Mais du fait de cette correspondance souhaitée avec un habitant de l'île de Paradis, vous auriez été exécutée si je n'étais pas la personne les ayant réceptionnés. En de mauvaises mains, vous n'auriez plus eu de tête depuis longtemps.

Licht était pâle alors que le parquet grinçait et que Reiner se signalait.

- Vous m'avez appelé Maréchal ?

Il remarquait Magath accroupi et Licht à genoux au sol en fixant des lettres en les retournant dans tous les sens.

- Que se passe-t-il ?

Reiner devenait pâle en jetant un coup d'œil au Maréchal.

- Je rends à madame Braun les lettres qu'elle a écrite depuis plus de quatre ans.

Reiner lançait un regard à Licht qui ne détachait ses yeux des bouts de papier et caressait chacune des lettres qu'elle avait écrite.

- Vous ne semblez pas étonné plus que cela Braun. Vous le saviez ?

Se tenant droit les mains dans le dos, il secouait la tête.

- Négatif Maréchal. Mais j'avoue que je m'en doutais sans oser le lui demander.

Les lèvres tremblantes, Licht avait l'impression d'être totalement nue dans cette salle et se cachait presque avec les bouts de papier pliés soigneusement. Ses lèvres tremblaient.

- Allez-vous me dénoncer ?

Le Maréchal ravalait sa salive en toussotant.

- Si je voulais le faire, je l'aurai fait depuis bien longtemps. Je vous les rends avant de partir pour ne pas qu'ils tombent entre de mauvaises mains. C'est mon épouse qui gardait les autres en mon absence. Mais maintenant, personne ne peut les surveiller. Donc, je vous les rends.

Licht soufflait et serrait de ses deux mains celles du Maréchal.

- Je vous en remercie.

Un peu gêné de ce contact, il arrangeait le col de sa chemise.

- Je pense que ce Jean K. était très important à vos yeux ?

- Il l'est toujours. Il est comme mon frère.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant