Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2

Chapitre 2 - Têtes baissées

L'explosion était visible de loin. Erwin l'avait vu en retenant son souffle tandis que ses yeux tristes se baissaient.

- Encore des soldats sacrifiés pour quelques informations.

De ses yeux de lynx, il cherchait dans les ruines de la ville et remarquait les camarades de Licht. Il gardait espoir en analysant chacune des silhouettes qu'il avait appris à connaître.

En premier, il reconnaissait Jean qu'il avait vu un nombre incalculable de fois passer le pas de son bureau pour récupérer Licht en début ou en
fin de journée. Combien de fois était-il entré dans son bureau pour demander l'autorisation au Major de faire sortir la jeune femme quelques temps ?

Une fois même, à la surprise d'Erwin, Jean avait demandé l'autorisation de sortir Licht du District de Trost pour lui faire rencontrer sa mère. Il paraissait qu'il lui en avait tellement parlé que la mère Kirstein voulait rencontrer la « meilleure amie » de son fils.

Ensuite, le Major glissait ses yeux sur un petit gabarit aux cheveux blonds et reconnaissait Armin Arlert. À ses côtés se tenait la vaillante Ackerman ainsi que deux autres silhouettes qu'Erwin reconnaissait aussi comme étant Sasha et Connie, les deux cancres de service. Même si au début il avait cru voir en le soldat Braus sa Licht, il avait remarqué la nuance de brun de leurs cheveux ; ceux de Licht étaient beaucoup plus foncés.

Scrutant les alentours du groupe, il ne remarquait personne d'autres si ce n'était que le Titan d'Eren qui s'était positionné aux côtés de ses amis ; Licht n'était pas là.

Une boule se formait dans la gorge d'Erwin alors qu'il menait son poing gauche sur son cœur et fixait le secteur brûlé par l'explosion du Titan Colossal.

- Tu as offert ton cœur avec brio Licht.

Ses sourcils se fronçaient alors que des larmes rageuses lui montaient aux yeux ; il avait compris qu'elle ne sera pas présente au petit-déjeuner.

Les membres de l'escouade Livaï dirigés par Armin en l'absence du Caporal Ackerman se réunissaient autour d'Eren. Armin semblait inquiet :

- Vous allez tous bien ?

Tout le monde hochait la tête alors que Jean pâlissait sur l'épaule d'Eren.

- Et l'escouade du Capitaine Hansi ?

Tous sauf le châtain baissaient la tête. Armin levait ses grands yeux bleus comme le ciel vers Jean en ravalant sa salive.

- Ils étaient beaucoup trop près de Bertolt au moment de l'explosion.

- Putain...

Jean serrait les poings et grinçait des dents avant de sauter de l'épaule d'Eren pour se jeter sur un toit. Là, il donnait des coups de pieds sur la cheminée d'une bâtisse en hurlant. Il avait besoin de se défouler.

- Putain ! Licht ! Enfoiré de Bertolt !

Ses yeux étaient injectés de sang avant de se calmer en remarquant le regard triste que posait sur lui Eren. Malgré sa forme titanesque, il comprenait que le brun était tout aussi triste que lui. Ses autres camarades baissaient leur tête alors que Sasha comme Connie tentaient désespérément de ne pas pleurer ; c'était un échec total, les larmes sillonnaient leurs joues terreuses.

Coupant court à ce moment de tristesse, ils remarquaient au loin le Titan Colossal se redresser en douceur. Autour de lui, des flammes semblables à celle de l'Enfer brûlaient partiellement les rues de Shiganshina.

Les yeux des soldats de l'escouade Livaï s'écarquillaient. Séchant d'un revers de la manche les larmes débordant de ses grands yeux, Connie observait comme ses camarades le Titan Colossal détruire de ses longs bras les habitations aux alentours.

- Ne me dites pas que nous sommes vraiment les seuls rescapés ?

Ils ravalaient tous leur salive.

Les nerfs à vif, Erwin se détournait du Titan Colossal avant d'observer le Titan Bestial assis tranquillement sur son postérieur. Il venait de perdre l'escouade Hansi, mais surtout son bras droit ; encore une fois. Voulant les venger, il était désormais décidé à se sacrifier en abandonnant tout espoir de visiter cette cave qui allait sûrement être détruite sous peu à cause des agissements de Bertolt sous forme titanesque.

Retirant son poing du cœur, il descendait du Mur pour rejoindre le Caporal Livaï et pour se mettre d'accord sur la situation à venir. Erwin était décidé, tous ces morts ne seraient pas vains.

Alors que son destin était scellé, Erwin montait sur son cheval blanc en remarquant celui à la robe noir de Licht accroché à côté du sien. Il se penchait et caressait le crin du cheval en souriant.

- Je ne vais pas tarder à rejoindre ta maîtresse, si tu as quelque chose à lui dire, je lui transmettrai.

Puis, donnant un coup de talon sur les flancs de son cheval, Erwin faisait face à son destin en emmenant avec lui toutes les jeunes recrues du Bataillon d'Exploration. La rage le consumait et l'envie de vengeance le rongeait. Il devait se battre et se sacrifier pour tous ses camarades tombés au front beaucoup trop jeunes. La vie ne faisait que commencer pour certains, mais elle avait été écourtée.

Se devant de payer sa dette, Erwin galopait pour la dernière fois sur son cheval blanc pour accueillir sa destinée comme il le fallait.

Ayant entendu l'explosion malgré son état second à cause de la régénération presque totale de son visage, Reiner se levait tel un pantin et esquivait Jean, Connie, Sasha et Mikasa venus pour le neutraliser. Reiner n'avait de yeux que pour Eren ce qui avait le don d'énerver Mikasa qui lui plantait une lance foudroyante dans la fosse poplitée. Le Titan Cuirassé s'effondrait au sol.

À ce moment-là, Mikasa était effrayante quand elle parlait à Jean. Ce dernier avait essayé de la ralentir pour ne pas se précipiter sans réfléchir et foncer vers une mort certaine. Mais l'asiatique n'avait de yeux que pour ses amis d'enfance et en l'occurrence pour Eren.

Piqué en plein cœur, Jean baissait les yeux avant de se forcer à se concentrer rapidement sur la mission en cours. Il ne fallait pas laisser ses sentiments prendre le dessus car si c'était le cas, il se serait mis dans un coin pour se retrouver seul et pleurer toutes les larmes de son corps. Il avait déjà perdu Marco il y a quelques mois, et maintenant Licht. De trio, ils étaient passés à duo. Mais maintenant, le duo n'existait plus, un des membres avait encore trépassé dans la fleur de l'âge.

En s'étalant de tout son long, Reiner retrouvait sa conscience et se rappelait de tout. Même de ce que lui avait dit Bertolt quelques minutes plus tôt. Le blond avait eu une chance immense d'être resté en vie après cette explosion malgré son état pitoyable.

Des débris de verre s'étaient enfoncés dans sa jambe droite. La jeune femme tentait désespérément de les retirer sans hurler et serrait les dents.

- Je peux le faire. Je peux le faire !

Elle sortait d'un geste rapide les longs morceaux de verre de sa jambe en se coupant les doigts et rampait le long de la rue vers ce qu'il restait d'un puit. Depuis quelques minutes déjà, elle entendait quelqu'un quémander de l'aide et c'est donc en trainant au sol à l'aide de ses bras dont s'écoulait une grande quantité de sang qu'elle tentait de venir en aide à la personne coincée sous les pierres.

Elle soulevait à la force de ses bras une, deux, trois pierres avant de reprendre son souffle. Puis, elle continuait en serrant les dents et accélérant même le mouvement.

- Capitaine Hansi ! Vous êtes en vie !

La jeune femme souriait de toutes ses dents en tendant la main à sa supérieure qui pour une fois avait perdu son très célèbre sourire :

- J'ai plutôt l'impression que nous sommes mortes ma chère Licht.