Chapitre 53 - Animaux dressés

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Les mains dans les poches de sa veste, et un sac en toile sur son épaule contenant les lettres, Reiner observait les bottes à ses pieds fouler le sol terreux. De temps à autre, il donnait un léger coup de pied dans un caillou se trouvant sur sa route.

Ayant remarqué le manège du blond, Licht qui marchait à ses côtés glissait sa main dans une des poches de la veste du blond et croisait leurs doigts.

- Tu sembles bien pensif.

Il faisait nuit depuis déjà de longues heures alors qu'ils pouvaient enfin rentrer chez eux. Après une si longue journée, retrouver leur maison allait leur faire le plus grand bien.

Croisant les yeux bronzes de la jeune femme, Reiner tentait un sourire qui était crispé pour la rassurer.

- Dans moins de deux jours nous partons.

Elle soufflait face à la phrase du blond et sortait sa main de la poche en extirpant au passage celle du blond. Ils marchaient main dans la main dans les rues désertes de la ville en direction du camp.

- Il faut donc garder l'esprit frais Reiner. C'est la dernière ligne droite. On ne cessait de repousser ce qui allait arriver, et il faut bien qu'un jour ils attaquent l'île. De plus, c'est même Sieg qui les a poussé à se bouger.

Elle baissait les yeux en jouant avec les doigts du blond tout en marchant vers les grillages.

Chacun sortait son papier que les gardiens des grilles ne regardaient même plus avec eux. À force de les voir faire des allers et retours entre le camp et la ville, ils connaissaient très bien leurs horaires de travail insoutenables. De plus, comment ne pas les reconnaître avec ce flamboyant brassard rouge comme les démarquant au fer rouge de leur appartenance.

Alors qu'ils passaient silencieusement la porte de leur maison, Licht se rendait en cuisine pour s'assurer que rien ne traînait. Elle se tournait vers le blond en s'adossant au meuble de cuisine.

- J'avais espoir que la Nation n'attaque pas l'île de mon vivant. J'avais espoir que ce soit les générations futures qui s'occupent de tout cela. Je ne veux pas être confrontée à eux.

Reiner s'approchait dangereusement d'elle en ancrant son regard dans celui de la jeune femme. Il la soulevait de ses bras forts en la posant sur le meuble de la cuisine et la bloquait avec son poids.

- Licht, fais attention à tes propos. Malgré ton statut, tu peux risquer gros. Évite d'en parler et agissons comme les bons animaux dressés qu'ils veulent que l'on soit. Dis-toi juste que tu ne fais plus partie de cette île. Que tu vas te battre pour la Nation qui s'occupe si bien de toi et combattre des gens que tu n'auras jamais vu. Des gens sans noms à tes yeux vivants sur l'île de Paradis alors que ce sont des démons.

Les pommettes rouges puisque le blond ne l'avait pas lâché du regard, les yeux de la jeune femme perdaient encore une fois de leurs étincelles. Elle rompait le contact visuel en baissant la tête et en profitait pour se cacher derrière ses cheveux.

- Tu as raison Reiner.

Il la relâchait et s'apprêtait à s'éloigner d'elle pleins de remords suite à ses propos durs quand elle le retenait fermement par le poignet.

- Serre-moi dans tes bras.

Il ne se faisait pas prier et l'étreignait. Tous deux avaient besoin de ce moment d'intimité et de calme avant d'être étouffés par la tempête inévitable.

Enfilant ses hautes bottes, Licht jetait un dernier coup d'œil dans le miroir de l'entrée. Elle remarquait Reiner arriver dans le reflet de la vitre et il déposait une main sur sa nuque en la caressant. Il remontait sur la haute queue de cheval de son épouse et jouait avec les cheveux bruns.

Le blond soufflait :

- On va devoir y aller pour ne pas être en retard.

Elle posait une main sur celle de Reiner et jouait avec les doigts sans se retourner.

- Oui, on y va de ce pas.

Se levant, elle se mettait sur la pointe des pieds face au blond. Elle l'embrassait en posant une main sur la nuque de son partenaire pour approfondir le baiser. Et quand elle se détachait de lui, les mains sur le col de la chemise, elle l'arrangeait pour éviter les plis.

- Vous êtes très chic et beau Capitaine Braun.

Il souriait en posant une main sous le menton de la jeune femme et faisait se rencontrer le bout de leur nez et les frottait sans perdre son sourire.

- Et vous de même Secrétaire en chef Braun. Vous êtes sublime. Comme toujours.

La boule au ventre, Licht s'était assise durant le décollage du dirigeable. Elle n'avait pas spécialement peur du vide qu'elle pouvait voir à travers les hublots, mais elle avait besoin de se détendre en sachant ce qui allait arriver sous peu.

En regardant autour d'elle, Licht remarquait qu'elle était la seule et unique femme dans le dirigeable. Croisant le regard du Maréchal, elle tentait un sourire. Il s'approchait d'elle et s'asseyait à ses côtés en s'attachant grâce aux sangles de sécurité.

- J'espère que vous vous êtes reposée au maximum.

Elle hochait la tête :

- Beaucoup trop jusqu'à présent.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant