Chapitre 86 - Les Klein

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Anna Klein les regardait en plissant des yeux.

- Licht ? Reiner ?

Elle fixait la position dans laquelle ils se trouvaient avant de pouffer de rire en plaquant ses mains sur sa bouche.

- Voilà plus de cinq ans que nous ne nous sommes pas vus et je vous revois de la sorte ?

Alors que la châtain allait ajouter quelque chose, des bruits de pas se faisaient entendre et Annie apparaissait avec Irvin dans les bras.

Là, la châtain faisait la navette avec ses yeux entre les trois adultes et le bébé aux cheveux blonds.

- Vous...vous...

Elle les pointait du doigt alors que Licht s'était redressée en tendant sa main à Reiner et avant de comprendre comment et pourquoi, Anna chavirait avant de rencontrer le sol en douceur. Telle une feuille tombant de son arbre, elle rejoignait le gravier.

- C'est qui celle-là ?

Annie fixait la jeune femme au sol que Licht avait directement rejoint.

- C'est Anna, Anna Klein.

La brune était inquiète avant de sourire timidement ; elle avait retrouvé une ancienne amie avec qui elle avait perdu tout contact.

Après lui avoir donné de l'eau quand elle avait repris connaissance, la châtain les forçait à venir chez elle pour manger quelque chose. Il y avait tellement à se raconter.

Assis autour d'une table rectangulaire, Reiner, Annie et Licht observaient curieusement Anna tournoyer maladroitement dans la cuisine.

- Comment va Ewan ?

Anna versait la tisane dans de beaux verres en porcelaine minutieusement travaillés.

- C'est la vaisselle familiale pour les grandes occasions.

Elle pinçait ses lèvres pour ne pas en dire plus et croisant le regard soucieux de Licht, elle tentait un sourire.

- Je n'ai aucune nouvelle d'Ewan depuis la fin du Grand Terrassement. Il n'est pas rentré à la maison et encore moins envoyé de lettres. Il a juste récupéré sa bourse d'argent et un polochon avec un peu de pain et de l'eau. Il est parti sans se retourner.

Anna baissait la tête.

- Mais parlons de choses joyeuses. Tu as eu un enfant Annie ?

Elle pointait Irvin qui dormait dans les bras de la blonde.

- Qui est donc le père ?

Annie fronçait les sourcils et fixait de ses yeux glaciales la petite châtain.

- J'ai la tête d'une mère de famille ?

Son regard blasé faisait tressaillir Anna qui lançait un regard à Reiner et Licht dont un léger sourire apparaissait sur leurs lèvres.

- Irvin est notre enfant. À moi et à Licht.

Il posait sa main sur l'épaule de son épouse en la tirant à lui tandis qu'Anna écarquillait les yeux.

- Vous l'avez fait ensemble ?

Annie n'en pouvait plus et tapait sur la table.

- Je vais sortir prendre l'air. Tu devrais en faire de même Anna. Tu n'as pas changé, toujours aussi gourde.

La blonde attrapait un plaid, le posait sur le petit corps d'Irvin et sortait de la maisonnette en claquant la porte.

- Elle n'a pas changé elle non plus.

Anna posait une assiette de biscuits secs.

- Alors, racontez-moi tout.

Il était bien tard quand ils quittaient la maisonnette des Klein. Ils avaient même pu voir les parents d'Anna en les saluant chaleureusement.

Anna avait quitté son poste de soldat de la Garnison. Après tout, il n'y avait plus aucune utilité. Elle aidait dans l'entreprise familiale ; ils vendaient des plantes séchées utiles pour les infusions à propriété médicinale.

Malgré l'heure bien avancée de la journée, le trio déposait leurs affaires dans une auberge avant de se rendre à la banque sans prendre de rendez-vous.

La part de Bertolt avait été entièrement retirée pour pouvoir la donner à son père toujours en vie. C'était le choix d'un commun accord entre les trois adultes et enfants adoptifs des Sonne. En ce qui concernait l'argent restant sur les comptes en banque de monsieur et madame Sonne, ils avaient décidé de le laisser dessus et de prendre le temps d'y songer.

Allongée sur le lit grinçant de l'auberge, Licht fixait Reiner retirer ses bottes brunes. Elle se redressait et le collait en empoignant les pectoraux de son mari. Elle chuchotait :

- Irvin dort, et je ne suis pas fatiguée. On peut le faire en toute discrétion.

Le blond se tournait vers elle avant de la surplomber, il glissait entre les cuisses de la jeune femme.

- J'allais justement te le proposer.

Les cheveux transpirants et les draps moites, Reiner et Licht essayaient de reprendre une respiration au rythme régulier. La poitrine nue de la jeune femme montait et descendait alors que le blond gardait une de ses grandes mains posée dessus.

- Tu ne veux pas vivre sur l'île ?

Reiner avait posé cette question sortie de nulle part à la jeune femme qui redressait seulement sa tête sans décoller son dos.

- Pardon ?

- Retourner sur l'île et y vivre paisiblement ? La guerre ne saurait tarder, les gens s'énervent et il est toujours question de territoire et de politique. Je pensais prendre une petite grange au fin fond de l'île, ou peut-être en bord de mer et recommencer notre vie d'éleveurs de moutons. J'aimais bien cette vie à patauger dans le crottin et caresser la douce laine de ces petites bêtes.

- Tu préfères être sur l'île et vivre comme un humble paysan ?

Il hochait la tête.

- Je n'ai pas été heureux en tant que guerrier, en tant que soldat ou encore en tant que représentant de la paix à travailler dans des bureaux du matin jusqu'à tard le soir. J'étais heureux quand je tondais les moutons et que nous nous prélassions dans les champs pour les surveiller. Nous étions tous heureux. Je n'avais jamais vu Annie sourire autant de sa vie.

Reiner posait son menton entre la poitrine de la jeune femme qui frissonnait ; les poils la chatouillaient. Elle caressait les cheveux du blond l'air pensive.

- Tu veux vraiment revenir ?

- Peut-être pas définitivement, mais avoir un chez nous juste ici. Une seconde maison peut-être ? On pourrait visiter les alentours et surtout profiter de notre présence sur l'île.

- Mais nous repartons demain. Une autre fois.

Reiner prenait une moue boudeuse en frottant son bouc sur la peau nue de la jeune femme.

Le lendemain matin, il était impossible de reprendre le carrosse qu'avait prêté Historia ; une roue était bizarrement complètement cassée.

Un fin sourire sur les lèvres, Reiner tenait la poussette d'Irvin car il avait décidé qu'ils allaient tous se balader en attendant que le carrosse soit réparé. Licht levait les yeux au ciel ; elle avait compris qu'il en était la cause.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant