Chapitre 73 - Nouvelle vie

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Avant midi, le couple reprenait la route pour récupérer Livaï. Après la longue nuit qu'ils avaient passée, Licht avait les jambes en compotes et plus aucune force pour monter sur son propre cheval. Elle avait fini assise devant Reiner et se maintenait comme elle le pouvait pour ne pas tomber.

Quand le cheval galopait sur un terrain plat, tout allait bien. Mais il suffisait qu'il y ait quelques cailloux sur leur route pour que Licht crispe ses lèvres. Elle se raidissait contre le torse du blond qui le sentait.

- Tu vas bien ? As-tu encore mal ?

Licht répondait par la négative même si son entrecuisse brûlait. Même s'ils l'avaient fait sur le bateau avant leur arrivée sur l'île, Licht avait tout naturellement eu du mal à supporter plusieurs tours. Même si elle comme lui l'avaient réclamé sans arriver à s'arrêter, elle sentait maintenant la douleur de ces actes.

- Je vais bien. Ne t'inquiètes pas.

Il riait sans lâcher les rênes.

- Tu n'avais pas qu'à me supplier d'aller plus vite. Il faudra te procurer de la pommade, ça risque d'être gonflé quelques jours.

Honteuse mais sachant qu'il avait totalement raison, Licht se concentrait sur la route en faisant en sorte de ne pas frotter son entrecuisse contre la selle du cheval ; elle avait l'impression que la zone était en feu.

- Je me ferai une joie de te l'appliquer.

Licht était rouge de gêne alors que le blond riait derrière elle.

Alors qu'ils arrivaient chez les Kirstein, Jean et Livaï étaient absents. À la demande du plus âgé, le châtain l'avait mené au cimetière des soldats de l'île.

S'étant reposés dans une auberge proche de la maison des Kirstein malgré les supplications de la mère de Jean de dormir chez eux, le couple retournait chercher Livaï le soir même.

Ils partageaient un dernier dîner avec les Kirstein avant de prendre la route. Licht avait serré dans ses bras le châtain en se promettant de se revoir dans deux semaines. Et après une accolade au blond et un geste du menton à Livaï, Jean les chassait presque de chez eux en leur disant qu'ils allaient manquer leur bateau. C'est avec un triste sourire aux lèvres que Licht montait dans la voiture les menant au port.

Livaï gardait les bras croisés sur son torse en fermant les yeux. Il était droit comme un piquet sur son siège.

C'est endormi sur son fauteuil roulant que Livaï était mené par le couple sur le bateau. L'homme aux cheveux noirs avait décidé depuis longtemps de ne plus vivre sur l'île mais bien sur le continent. Il ne voulait pas parasiter le jeune couple, mais avait accepté de voyager à l'aller comme au retour en leur compagnie. Il ne le dirait jamais de vive voix, mais il se sentait étrangement bien en leur compagnie.

Sur le pont du bateau alors que l'air frais caressait son visage, Licht observait l'île s'éloigner d'elle.

- Nous reviendrons. Autant de fois que tu le voudras et pourquoi pas y vivre plus tard ?

Jetant un coup d'œil à Reiner, elle lui souriait en se collant à lui.

- Nous verrons bien ce que nous réserve l'avenir.

Livaï s'était réveillé et les écoutait discrètement l'air triste. Et quand Reiner se retournait en le remarquant éveillé, il poussait en douceur le fauteuil vers les barrières de sécurité pour profiter au maximum de la vue.

- Regardez une dernière fois l'île de Paradis. Nous ne la verrons pas avant un certain temps donc autant enregistrer une dernière belle image dans notre esprit.

Le vent fouettait le visage du petit homme alors qu'une fine larme coulait le long de sa joue. Il sentait la grande main de Reiner se poser sur son épaule avec délicatesse.

- C'est la dernière fois que je vois cette île. Ce sont mes adieux. Je n'y reviendrai pas. Plus jamais.

Une boule se formait dans la gorge de Licht qui posait elle aussi une main sur l'autre épaule de Livaï.

- Un grand homme m'a une fois dit qu'il ne fallait jamais dire jamais.

Elle souriait de toutes ses dents en sachant pertinemment que Livaï savait de qui venaient ces propos. Erwin restait présent dans leur vie à chaque instant.

L'ancien Caporal haussait seulement les épaules comme seule réponse. Il ne croyait pas à son retour sur cette terre abritant tous ses tourments.

Pieck les accueillait au port un peu déçue de ne pas revoir venir Jean et Connie. Il faut dire qu'en peu de temps, elle avait réussi à tisser des liens avec les deux garçons. Même si avec Jean ils se chamaillaient comme deux enfants et qu'elle n'avait pas la même énergie débordante que Connie, le courant passait entre eux.

- Peu de choses ont changé en moins d'une semaine. Vous auriez dû partir plus longtemps pour être surpris du résultat.

Elle les guidait dans les rues pleines de maisons en constructions. Personne ne semblait chômer et tous mettait la main à la patte sans rechigner.

- Il faudra que vous choisissiez vite une maison. À un moment donné, les tentes commencent à devenir lourdes pour le moral.

Même pas le temps de déposer leurs affaires que Pieck les traînait dans un nouveau quartier qui était entièrement sorti de terre après le Grand Terrassement.

La jeune femme aux cheveux noirs pointait une modeste maisonnette.

- C'est ma maison et celle de mon père. Il y en a plein d'autres juste à côté ou assez proches. Ça pourrait être une bonne idée de rester voisins.

Elle semblait anxieuse de leur demander cela et pourtant, cela semblait logique pour Licht qui désirait garder la jeune femme au maximum à ses côtés.

Après une rapide visite, ils prenaient la première maison qu'ils avaient visité. Ils y déposaient déjà le peu de bagages qu'ils avaient en leur possession. Deux chambres, une au rez-de-chaussée et l'autre à l'étage, une salle d'eau, une salle à vivre et une cuisine. Pas plus, ni moins.

Livaï avait été traîné avec eux sans même avoir eu le droit de partir. Reiner le poussait sur son fauteuil comme s'il s'agissait de leur enfant.

- Vous ne voulez pas me laisser retourner à ma tente ?

Licht qui ouvrait grand les fenêtres de la maison se tournait vers lui avant de rire. Elle posait sa main sur sa bouche pour se calmer.

- Je crois que tu n'as pas compris. Tu restes vivre avec nous.

L'homme aux cheveux noirs levait un sourcils en plissant les yeux.

- Pardon ?

Reiner arrivait avec quelques courses et surtout de quoi bien laver la maison neuve.

- Tu vas vivre avec nous, enfin, si ça te va. Après tout, tu es de la famille.

Le blond se positionnait à côté de son épouse et lui tendait les achats. Tournant son visage sur le côté pour cacher son unique œil au couple, Livaï effaçait une larme qu'il ne voulait pas dévoiler. Il ravalait sa salive pour avoir une voix normale :

- J'accepte. Mais ça reste provisoire ?

Licht acquieçait en s'approchant de son ancien supérieur.

- Oui, le temps de trouver une meilleure maison. Cependant, pendant ce temps tu auras la chambre du bas pour pouvoir te déplacer à ta guise et surtout sortir quand tu le veux.

La brune n'avait pas compris que Livaï parlait du temps qu'il allait passer avec eux. Pourtant, c'était logique pour elle qu'il reste en leur compagnie autant d'années qu'il le désirait. Elle ne voulait plus le laisser partir lui aussi.

Ils commençaient enfin une nouvelle vie.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant