Chapitre 67 - Fumée

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Sur le dos, Licht ouvrait grand les yeux en fixant le lever du jour.

- Que c'est beau.

Elle glissait ses mains sur la terre dans son dos et la caressait en soulevant une petite poignée qu'elle laissait filer entre ses doigts.

- Que la mort est douce.

Les yeux humides, elle souriait de toutes ses dents en retenant des sanglots.

Alors qu'elle allait se redresser avec difficulté pour regarder autour d'elle, elle sentait un poids se jeter sur elle et la plaquer au sol.

Plissant les yeux, le bronze rencontrait le doré.

- Reiner ?

Il l'enlaçait en enfonçant son visage dans le cou de la jeune femme. Ses larmes tombaient sur elle.

- Oui, c'est bien moi.

Puis, se détachant d'elle sans lâcher le contact entre eux, il l'aidait à se redresser alors qu'elle restait assise.

- Que s'est-il passé ?

Légèrement plus loin, Jean se rasseyait aux côtés de Connie en posant une main sur leur crâne ; ils avaient le même mal de tête que Licht.

- Je crois que le pouvoir des titans a disparu.

Par réflexe, Reiner se rapprochait d'eux et leur faisait une accolade. Il était tellement soulagé de les retrouver alors que quelques instants avant ils se battaient. Reiner pour sa survie, et les autres dirigés par leur instinct de titan.

- Vous êtes tous libérés.

Licht s'était levée en s'agenouillant face au groupe des trois garçons et entrait dans l'accolade chaleureuse.

- Nous sommes libres.

Fronçant les sourcils, le blond sortait un couteau de sa poche et s'entaillait légèrement la main. Ses lèvres se retroussaient à cause de la douleur et il voyait le sang couler. Toutefois, c'était la première fois qu'il voyait la plaie rester ouverte sans une rapide régénération. Il grimaçait.

Licht attrapait sa main en écarquillant les yeux et arrêtait la petite quantité de sang de couler.

- Tu n'as donc plus ton pouvoir de titan. Tu n'es plus le Cuirassé.

Du coin de l'œil, elle remarquait que toutes les personnes autour d'eux enlaçaient les membres de leur famille dans les pleurs et les sourires chaleureux.

Une puissante migraine réapparaissait dans l'esprit des anciens camarades d'Eren qu'ils soient des soldats ou des guerriers sans aucun discernement. Tout leur revenait en mémoire et surtout les dernières paroles que leur avait confiées Eren.

La fumée continuait de circuler entre les personnes se trouvant sur le terrain vague et Reiner embrassait les lèvres de Licht en la serrant contre lui. Il chuchotait pour ne pas être entendu.

- Eren m'a dit d'être heureux et de ne plus penser aux erreurs du passé. Malgré tout, il désirait quand même notre bonheur.

Il baissait les yeux.

- Malgré tout ce qu'il s'est passé, je ne peux pas lui en vouloir. C'était quand même mon frère.

Il baissait les yeux alors que Licht l'enlaçait.

- Il m'a aussi dit d'être heureuse et d'avoir une belle vie de famille à tes côtés.

Elle pinçait la joue du blond.

- Maintenant, tu n'as pas intérêt à me quitter ou refuser mes avances !

Il souriait tristement en frottant le bout de leur nez.

- Promis.

Elle le caressait au visage.

- Le sacrifice d'Eren nous permettra de vivre encore quelques années.

Leurs yeux s'embuaient, puis, entendant son prénom hélé par sa mère, Reiner se redressait et la cherchait du regard. Il la rejoignait avec réticence alors que Licht restait au sol aux côtés de Connie. Jean s'était levé et tendait une main à chacun de ses camarades.

- Allez ! Debout maintenant. Nous ne sommes pas morts, alors profitons de la vie qui nous est offerte. Que son sacrifice ne soit pas vain.

À peine sa phrase terminée, les trois se retrouvaient face à un grand écran de fumée et discernaient deux silhouettes qui ne leurs étaient pas inconnues ; Sasha et Marco. Ils étaient si souriants en posant leur regard sur les trois camarades et positionnaient un poing sur leur cœur. Puis, la fumée se dissipait alors que le cœur des trois camarades devenait lourd mais aussi rempli de joie. Ils pleuraient sans arriver à s'arrêter.

De son côté, Reiner approchait de sa mère, mais avant une fine fumée apparaissait devant lui. Plissant les yeux, son regard tombait sur celui de Marcel et de Porco aux côtés de Bertolt. Les trois hommes lui souriaient chaleureusement avant de laisser leur place à un homme pétillant aux belles tâches de rousseurs.

- Marco...

Le défunt lui souriait en douceur et hochait la tête avant de disparaître. La main posée sur son cœur le faisant souffrir, Reiner avançait en essayant de ravaler ses larmes ; c'était impossible. Cette supposée illusion donnait l'impression que ses anciens camarades et amis lui pardonnaient pour ses actes. Sa conscience se vidait en douceur des lourds fardeaux le rongeant.

Karina le hélait encore une fois alors qu'il gardait une petite distance entre eux.

- Maman, je ne suis plus le Cuirassé. J'ai perdu mon pouvoir.

Bizarrement, il se sentait honteux et baissait la tête. Posséder le Cuirassé était le but ultime de sa mère, et en le perdant il avait l'impression de briser quelque chose. Toutefois, le blond était surpris de sentir sa mère l'enlacer de ses bras.

- C'est vrai ? Mais c'est formidable ! Reiner, mon fils, je m'en veux tellement de t'avoir imposé tout cela.

Elle lançait un regard par dessus l'épaule de son fils et remarquait sa belle-fille se tenir en retrait pour ne pas les déranger. Elle avait les yeux rouges à cause des larmes. Toutefois, Karina l'appelait d'un geste de la main et quand la brune arrivait à leur niveau, la mère Braun tirait la jeune femme entre eux et l'enlaçait. Se trouvant entre les deux blonds, Licht n'osait pas respirer alors qu'elle sentait Reiner embrasser le haut de son crâne. Il collait le dos de la jeune femme contre son torse.

- Je suis tellement heureuse pour vous. Je suis tellement heureuse que ce soit la fin de cette histoire de titans.

Karina raffermissait sa prise sur Licht et murmurait.

- Je suis désolée pour tout Licht, j'ai très mal agi durant ces années et c'est seulement au seuil de la mort que je me suis rendue compte de mes actes. Je ne veux pas vivre avec ces remords. Pardonne-moi.

Licht ne savait pas quoi répondre alors que Karina enchaînait :

- En plus, nous sommes le premier du mois d'août. Reiner, c'est ton anniversaire mon fils !

Elle semblait tellement heureuse en se détachant du couple et les observait. Licht allait se défaire des bras du blond par gène devant sa belle-mère, mais le blond la tenait fermement contre lui.

- J'ai reçu le plus beau des cadeaux.

C'est vrai, Licht était encore en vie et le futur même s'il semblait sombre, il y avait quand même l'espoir d'un demain.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant