Chapitre 32 - Longue discussion

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Licht s'était rhabillée et assise en tailleur sur le lit face à Reiner. Tous deux s'étaient longuement sondés avant que le blond ne souffle et commence à parler. De temps en temps, la jeune femme se levait pour rallumer une nouvelle bougie pour ne pas interrompre le blond et rester éclairés.

Reiner avait parlé toute la nuit donnant chacun des détails, chacun de ses souvenirs en commençant par expliquer la difficulté à vivre sur le camp, la pression de sa mère, son presque échec pour devenir un guerrier, son succès grâce à l'énorme coup de pouce de Marcel le frère de Porco, la rencontre désastreuse avec son géniteur, le départ pour l'île, l'arrivée chaotique et les mauvais choix qu'il avait fait en commandant Bertolt ainsi qu'Annie, les difficultés des premiers jours, la rencontre avec Licht et le sentiment d'enfin appartenir à une famille aimante avec les Sonne ainsi que leurs employés. Le décès de cette famille, l'entraînement pour devenir soldat qui poussait à se replonger sur la mission, l'angoisse de ses camarades guerriers, la pression toujours et encore, et enfin, il en venait au décès prématuré de Marco qu'il avait lui-même ordonné. Tous ces événements avaient complètement détraqué son esprit.

Reiner parlait alors que Licht l'écoutait sans le quitter des yeux. Elle ne voulait pas l'interrompre mais avait eu les larmes aux yeux tout du long. Ses poings étaient serrés dès le début quand elle entendait comment s'était passée l'enfance du blond jusqu'à aujourd'hui.
Sa respiration augmentait en crescendo et son cœur se brisait.

Quand le jour se levait enfin, Reiner avait fini de parler. Il n'avait pas bougé de la nuit et s'était assis lui aussi en tailleur sur le lit face à la jeune femme. Quand il annonçait la fin, il n'attendait rien de la jeune femme. Mais à sa grande surprise, elle posait une main sur sa joue en ancrant son regard dans le sien. Il n'y lisait pas de la pitié, mais de la compassion.

- On ne peut malheureusement pas modifier le passé, mais je ferais en sorte à ma manière que ton présent et ton court avenir soient beaux.

Il souriait en baissant les yeux alors que ses sourcils se fronçaient. La jeune femme s'était approchée de lui et soulevait son menton. Elle l'embrassait au coin des lèvres avant de le serrer dans ses bras. Le blond avait sa tête posée sur la poitrine de la jeune femme et fermait les yeux en acceptant cette étreinte apaisante.

Parler leur avait fait énormément de bien, mais malheureusement pour eux, il était l'heure de sortir du lit et de se préparer.

Une heure plus tard, alors qu'ils marchaient silencieusement l'un à côté de l'autre dans les rues en direction de la grille du camp, ils croisaient Porco qui sautillait presque dans leur direction. Le blond cendré avait passé une nuit des plus reposante après avoir passé une belle fin de soirée en compagnie des Braun. Quand il était rentré chez lui avant la coupure d'électricité, il n'avait pu retirer un immense sourire de son visage qui ne s'était toujours pas effacé au réveil.

Toutefois, quand il remarquait la mine déconfite des Braun, il fronçait les sourcils.

- Que se passe-t-il ?

Licht levait les yeux vers lui en tentant de sourire malgré la fatigue.

- Difficulté à dormir hier soir.

Le blond cendré perdait son sourire en s'imaginant énormément de choses. Il ne remarquait pas Reiner s'approcher de lui et ne pouvait donc pas stopper le poing qui s'écrasait contre sa face.

La lèvre éclatée, Porco faisait d'immenses yeux ronds à son aîné en frottant du revers de sa manche le sang.

- Mais tu es malade !

Reiner haussait les épaules en se tenant devant Licht comme un haut mur protecteur.

- Plus de gestes obscènes envers mon épouse.

Il appuyait bien sur le mon signifiant sa propriété.

Réfléchissant, Porco comprenait enfin et lançait un regard réprobateur à la brune qui haussait les épaules.

- Je n'ai pas de secret pour mon époux.

Le blond cendré faisait une mine boudeuse et marchait en tête vers la grille.

- Tu as de la chance que je guérisse vite Reiner, je laisse passer pour cette fois. La prochaine fois, je te rendrai le coup en pire.

Il avait mis ses mains dans les poches de sa veste et tapait le sol poussiéreux avec rage en faisant la queue pour sortir du camp.

Licht souriait en passant une main dans les cheveux soigneusement peignés de Galliard pour le taquiner.

- Alors Por-co, tu ne vas pas nous bouder pour si peu.

Il repoussait la main de Licht le visage rouge.

- Ne me touche pas les cheveux. Et surtout ne me parle plus.

Elle riait en posant un bras sur son épaule.

- Ne boude pas, ça ne te va pas.

Elle lui infligeait une petite tape à l'arrière du crâne pour le décoiffer et énergiquement il passait ses doigts dans ses cheveux pour arranger les dégâts causés par la brune. Depuis qu'il ne portait plus de brillantine, il se sentait tellement nu et vulnérable.

Il la voyait sourire en ajoutant de la lumière à ce temps grisonnant. Elle illuminait l'espace malgré les immenses cernes sous ses yeux. Le blond cendré faisait un rictus en coin avant de se ressaisir.

Les deux blonds finissaient par quitter la brune et sans rancune, les deux camarades se rendaient sur les terrains d'entraînement en dehors de la ville.

Seule, la jeune femme continuait de marcher et croisait le Commandant Magath qui faisait le même chemin qu'elle.

- Aujourd'hui, c'est enregistrement des volontaires et en fin d'après-midi, vous pouvez si vous le désirez Braun rejoindre les jeunes candidats. Ils vont s'entraîner au tir. Je compte les superviser et j'aimerais que vous veniez avec moi si cela ne vous dérange pas de faire des heures supplémentaires qui ne seront malheureusement pas rémunérées.

Licht secouait la tête.

- Cela ne me dérange pas. Je suis même curieuse de les voir. Et puis Commandant, tutoyez-moi ou appelez-moi par mon prénom.

Il acquiesçait alors qu'ils gravissaient les marches d'escaliers de l'entrée.

Après une longue journée à rédiger sous format papier et retaper ensuite à la machine les informations des volontaires, Licht avait les poignets douloureux et des cloques aux doigts.

La nuque raide, elle suivait le Commandant et montait pour la première fois dans une voiture. Tout le trajet se passait silencieusement alors que la jeune femme admirait chacun des détails de la voiture en s'aggripant à sa place pour ne pas perdre un certain équilibre ; c'était bien trop nouveau pour elle.

Sur le terrain d'entraînement des jeunes candidats, une boule se formait dans la gorge de Licht quand elle les voyait courir dans la boue et sous une pluie battante. Des images se formaient dans son esprit et elle s'imaginait un jeune Reiner essoufflé courir pour la réussite d'un projet d'avenir forcé par sa mère.

- Ne vont-ils pas tomber malades ? Ils sont encore très jeunes, ça peut être dangereux vous ne pensez pas mon Commandant ?

Il acquiesçait.

- Malheureusement pour eux, ces difficultés sont un atout majeur pour se démarquer.

Il pointait la tête de file.

- Braun est encore et toujours première suivie de près par Gleiss. Il n'abandonne pas malgré l'excellent parcours de Braun. La boue ou la pluie ne semble ni les arrêter, ni les gêner.

Elle leur lançait un regard en frissonnant, la pluie trempait sa robe et tâchait ses jupons de boue.

- Il va y avoir des séances de tirs juste après, voudriez-vous vous joindre à eux pour vous entraîner ?

La jeune femme hochait la tête, il fallait qu'elle soit prête pour la guerre.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant