Chapitre 74 - Avenir

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Les semaines passaient avec lenteur même si les journées étaient chargées. Malgré la catastrophe passée, le monde semblait renaître petit à petit sans quatre-vingt pour-cent de sa population. Avec les pertes, les survivants avaient décidé de se regrouper et de vivre dans les mêmes secteurs.

Plusieurs semaines après s'être installés dans la nouvelle maison, le couple et Livaï avaient encore déménagé pour désormais habiter au centre de la ville où les rues commençaient à être pavées. Il ne fallait aux Hommes qu'une journée entièrement pour ériger les murs extérieurs d'une maison et une bonne semaine ou deux pour s'occuper de l'intérieur. Les maisons poussaient comme des champignons ; sans arrêt et avec rapidité. Toutes les personnes aptes à aider étaient appelées. Personne ne se défilait.

Aujourd'hui, Licht n'aidait pas aux constructions et savait que Reiner y était en compagnie de Jean, Pieck ou encore Annie. Connie était resté sur l'île pour profiter du retour de sa mère. Mais il ne saurait tarder.

Alors qu'elle s'occupait de faire le ménage sous le regard perçant de Livaï, Licht se tournait vers lui plumeau en main ; elle savait qu'il était un maniaque de ménage.

- Quels sont tes rêves ? Tes projets d'avenir ?

L'homme aux cheveux noirs tirait le plaid contre lui pour mien s'emmitoufler ; il allait faire froid cet hiver.

- Je n'ai ni rêve, ni avenir.

Il se tournait vers la fenêtre en sirotant son thé chaud. La neige tombait avec lenteur sur la ville.

De son côté, Licht se retenait de lui balancer son plumeau en pleine face. Si Reiner lui avait répondu de la sorte, elle ne se serait pas retenue une seule seconde.

- On a toujours des rêves et des espoirs. La vie est faite d'objectifs pour nous permettre d'avancer chaque jour. Notre avenir en dépend.

Il tapotait sur la canne reposant sur ses cuisses.

- Je ne peux plus avancer que ce soit physiquement ou mentalement.

Licht lui balançait le plumeau plein de poussière. Mais avant d'atteindre sa cible, les réflexes de l'ancien Caporal surgissaient de nulle part et il arrêtait de sa main aux doigts manquant le plumeau par le manche.

- J'en avais bien un de rêve.

Il éloignait le plumeau de lui en grimaçant.

- Je m'étais promis d'ouvrir un salon de thé quand j'étais plus jeune. Je voulais faire fureur dans les quartiers huppés du Mur Sina. Je voulais montrer que moi, un petit merdeux des bas-fonds pouvait réussir dans le monde de ceux qui pissent trop haut.

Il poussait une mèche noire de son front.

- Mais il n'y a plus de Mur ni de différence de quartier. Et puis, comment pourrais-je avoir un salon de thé si je n'arrive pas à me déplacer ?

Licht fronçait les sourcils et s'asseyait sur l'îlot de la cuisine en battant l'air de ses jambes.

- Et pourquoi pas un magasin de vente de thé ?

Là, les mots de la brune attisaient la curiosité de Livaï.

- C'est insensé. La population encore vivante vient de vivre une catastrophe, un massacre. Et tu penses vraiment qu'acheter du thé leur fera plaisir ?

Il serrait les dents en sortant un son qui lui était propre.

- Je pense que ça marchera. Notre monde se reconstruit rapidement et les gens désirent retrouver une sorte de routine pour oublier. Le thé est le meilleur moyen de bien se retrouver autour d'une bonne tasse.

Livaï se passait la main dans les cheveux avant de se lever aidé par sa canne.

- C'est un projet qui ne se monte pas en deux secondes. Ce n'est pas comme l'achat de votre ancienne maison. Il ne suffit pas de visiter un lieu pour l'acquérir.

Licht haussait les épaules.

- Comme dit, ce monde recommence de zéro, tout semble désormais plus simple.

Elle attrapait le fauteuil du petit homme et le forçait à s'asseoir.

- Nous allons visiter un peu les alentours.

Il ne comprenait pas comment, mais il se retrouvait plaqué sur son fauteuil alors que Licht le poussait dans les rues.

En peu de temps, la jeune femme connaissait de près ou de loin leurs nouveaux voisins et c'est après les avoir tous rapidement salués qu'elle sortait de leur quartier. Livaï avait gardé ses bras croisés contre son torse l'air maussade. Il ne voulait pas être sorti par pareil temps même si la neige s'était arrêtée ; elle ne tenait pas sur le sol.

Après de longues minutes de marche, ils arrivaient dans les nouvelles rues qu'ils comptaient utiliser comme rues principales. Elles étaient assez larges et laissaient passer le soleil pour permettre aux différentes boutiques de voir le jour.

Levant la tête en entendant son prénom se faire héler, Licht souriait à Reiner qui se trouvait sur un toit. Il y avait justement Jean juste à côté.

- À force, vous allez devenir couvreurs !

Elle leur souriait sans baisser la tête puis pointait le bâtiment dont les garçons s'occupaient.

- Que va devenir ce bâtiment ?

Jean montrait le bâtiment.

- Il n'est pas très grand pour en faire un bar comme ce bâtiment.

Le châtain pointait trois bâtiments plus loin du bout de son marteau.

- Mais assez grand pour en faire un petit quelque chose de mignon.

Licht tapotait sur l'épaule de Livaï.

- On peut entrer ? Tout est sécurisé ?

Licht entendait un rire qu'elle reconnaissait bien. Annie se trouvait désormais à ses côtés, elle s'était faufilée à pas de souris.

- Si Reiner est sur le toit et qu'il ne s'effondre pas, c'est que tu peux entrer. Tu devrais arrêter de le nourrir, il ne va plus passer les portes.

Licht fronçait les sourcils en regardant Reiner désormais concentré à enfoncer les clous sur la toiture du bâtiment. La brune l'analysait et ne trouvait rien à en dire ; il était si beau et parfait à ses yeux.

- Il n'est pas gros. Il a juste repris du muscles.

Elle souriait tristement.

- Tu ne l'as pas vu en temps de guerre, il avait tellement fondu.

Livaï en avait marre de ces discussions de bonnes femmes et se levait à l'aide de sa canne.

- Et c'est pourquoi Licht le nourrit et me nourrit autant. Nous allons donc finir gros et déplaisants. Fin de l'histoire. On entre ?

Livaï passait en premier alors que Licht le suivait aux côtés de la blonde. La brune avait un immense sourire aux lèvres.

L'intérieur était éclairé et ce n'était pas encore décidé s'ils allaient mettre une vitrine ou plutôt deux grandes fenêtres pour le mur donnant sur la rue.

- Ce n'est pas très grand, mais on peut mettre des étagères murales ici.

Livaï pointait le mur le plus grand.

- Et là, une caisse ainsi qu'un long buffet.

Il continuait de montrer la pièce en installant de vive voix chacun des meubles nécessaires. Livaï se projetait dans l'avenir sans s'en rendre compte.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant