Chapitre 18 - Tarte aux pommes

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Troublé, Reiner faisait le chemin pour rentrer chez lui. Il venait d'avoir une longue discussion avec Porco qu'il n'avait plus revu pendant cinq longues années. Mais la seule chose que le possesseur du Titan Cuirassé avait retenu, était que le blond cendré savait où se trouvait Licht. Il s'était vanté d'avoir la confiance des supérieurs pour recevoir une si grande responsabilité. Malheureusement, il n'avait pas le droit de lui dire où elle se trouvait et c'était d'un air provocateur que Porco avait laissé seul Reiner.

Arrivant devant la porte de sa maison, il toquait dans l'espoir que sa mère lui ouvre. Cela ne tardait pas, car un tablier autour de la taille et de la farine sur la face, Karina souriait soucieuse.

- Tu es enfin rentré ? Je me suis inquiétée !

Elle tirait son fils à l'intérieur de la maison et le forçait à s'asseoir sur une chaise de la cuisine. La maison avait une vague odeur de brûlé qui flottait dans l'air et en glissant son regard sur le four, Reiner paniquait.

- Maman !

Elle sursautait en lâchant la vaisselle qu'elle avait commencé à laver et hurlait en voyant sa tarte aux pommes qui commençait à brûler. Elle sortait en toute hâte sa tarte du four et la lançait presque sur la table en bois.

- Merde !

Elle frottait ses tempes en fixant la tarte à moitié brûlée.

- Je voulais me faire pardonner de mes paroles assez dures et te faire plaisir en faisant ta tarte préférée ! J'ai réussi à la brûler. Quelle sotte.

Elle se tapait le front alors que Reiner observait silencieusement l'état de la tarte et tentait un sourire forcé :

- Elle a quand même l'air très bonne !

Rassurée, sa mère lui coupait une part bien chaude et la mettait dans une assiette pour la tendre à son fils. Le temps qu'elle cherchait une fourchette pour pouvoir déguster la part de tarte aux pommes, Reiner fixait la garniture brûlée à cause de la chaleur.

Quand sa mère lui tendait la fourchette, il l'acceptait en ravalant sa salive. Et sous l'œil inquiet de Karina Braun, il découpait la première portion qu'il allait déguster.

Tentant de ne pas déglutir à cause de l'odeur de brûlé, il se concentrait sur les pommes devenues molles. On aurait dit de la compote, mais ce n'était pas aussi gênant que cela.

Remarquant le total fiasco de sa tarte, Karina Braun s'asseyait face à lui en se servant elle aussi une part. Prenant une bouchée, elle posait sa main sur sa bouche pour ne pas vomir ; ce n'était pas bon.

Lançant un regard discret à son fils, elle le regardait apporter à ses lèvres une seconde bouchée. Elle ne le savait pas, mais Reiner projetait son esprit dans ses souvenirs d'il y a quelques années. Pour ne pas déglutir, il songeait aux années sur le domaine des Sonne quand les quatre enfants couraient entre les arbres du verger. Souvent Annie, telle une acrobate professionnelle, se hissait dans les arbres pour la cueillette des meilleures pommes.

Reiner se souvenait qu'il restait toujours au sol aux côtés de Bertolt et de Licht la tête penchée en arrière. À eux trois, ils tendaient une toile tandis qu'Annie envoyait depuis les hauteurs des pommes bien juteuses qu'ils allaient sous peu déguster au pied de l'arbre. Le blond se souvenait aussi du vent frais caressant leurs cheveux, l'herbe caressant leurs chevilles et le bruit apaisant des feuilles se frôlant les unes aux autres. Ces moments devenaient précieux à partir du moment où ils devenaient des souvenirs du passé.

- Le goût est-il passable ?

Karina semblait inquiète alors que son fils hochait la tête.

- Délicieux maman, j'aimerais même une seconde part.

Il lui tendait son assiette vide, prodiguant au passage un immense sourire à sa génitrice.

Le lendemain matin, Reiner s'était levé très tôt ; il avait sa première réunion avec les guerriers mahrs.

S'habillant de l'uniforme officiel des guerriers, il arrangeait sa cravate sans pouvoir retenir un sourire de se dessiner sur ses lèvres. Il avait si belle allure.
Une main dans ses cheveux qui avaient poussé, il les arrangeait avant de descendre les escaliers et de sortir ; il n'avait pas faim.

La réunion avait duré longtemps, ils étaient tous les quatre réunis avec le Commandant Magath. Pieck somnolait allongée dans un coin, Porco était assis à côté, une jambe négligemment posée sur sa cuisse, Sieg prenait note de chaque élément en sirotant sa tasse de café et Reiner était resté droit comme un piquet les mains posées sur ses genoux écoutant sans faire de bruit.

À la fin, alors qu'il allait prendre congé, Reiner saluait ses camarades et s'apprêtait à sortir quand le Commandant Magath l'arrêtait l'air toujours aussi sérieux.

- Suivez Galliard.

Le blond cendré avait la mine énervée en disant à Reiner de le suivre. Porco marchait anxieusement dans les rues de la ville suivi difficilement par le possesseur du Titan Cuirassé. Les mains dans les poches, il grognait des mots incompréhensibles.

Licht était allongée sur le dos dans son lit peu confortable et avait les jambes surélevées grâce au mur. Elle lisait un livre que lui avait apporté le Commandant Magath la veille au soir après le départ de Porco. En soit, la lecture n'était pas si compliquée que cela ; l'écriture était à plus de quatre-vingt pour-cent similaire à celle de l'île. Seules quelques variantes étaient discernables et ralentissaient sa lecture.

Entendant l'écho de pas dans l'escalier en pierre, Licht se redressait en posant son livre à plat pour ne pas perdre sa page.

- Galliard, c'est toi ?

Elle distinguait clairement les bruits de pas d'une seconde personne.

- Tu m'as ramené Pieck ?

Toujours pas de réponse.

Les mains sur les grilles, Licht reconnaissait les bottes que portait généralement Porco. Puis, elle remarquait une autre paire de bottes masculines tout aussi similaires. Fronçant les sourcils, elle sentait les larmes lui monter aux yeux quand elle reconnaissait Reiner. Il se trouvait là, face à elle en uniforme de guerrier mahr et arborait de façon bien visible sur son ensemble beige un brassard rouge.

Poussant Porco au passage, Reiner accourait presque vers la cellule de la jeune femme et passait ses mains entre les barreaux. Il prenait son visage en coupelle en analysant chaque parcelle de peau. Il ancrait son regard dans celui de Licht. Le bronze et le doré se retrouvaient enfin ; tous deux étaient inondés de larmes.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant