Chapitre 20 - Long jugement

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Les jambes en coton, Reiner avait réussi à gravir les marches d'escaliers jusqu'à l'étage et était sorti en trombe du bâtiment. Sa vision était trouble et ses pieds le guidaient d'eux-mêmes.

Arrivant devant le bâtiment qu'il connaissait bien, il entrait sans toquer ou se signaler de vive voix. Le secrétaire derrière son petit bureau levait les yeux de son tas de paperasse et les écarquillait en reconnaissant le guerrier Mahr.

- Qu'est-ce qui vous amène Monsieur Braun ?

Les tempes transpirantes et la main sur le front, Reiner devenait pâle.

- J'ai besoin d'une consultation au plus vite.

Allongé sur le long divan d'examen, Reiner s'était apaisé. Le médecin spécialisé dans l'observation et le suivi des guerriers mahrs semblait inquiet. Même s'il avait déjà ausculté Reiner depuis son retour et surtout pour lui faire un check-up complet, il avait du mal à comprendre ce que le blond désirait.

- J'ai besoin de me soigner. Je dois le faire au plus vite pour elle, pour nous deux. Je ne veux plus la blesser.

Arquant ses sourcils broussailleux, le médecin lui demandait plus de précisions.

Face au petit miroir des toilettes de l'étage, Licht observait son reflet. Elle avait lavé plus d'une vingtaine de fois frénétiquement son visage dans l'espoir d'effacer les rougeurs à cause de ses larmes. Mais à force de frotter ou d'humidifier son visage, elle était encore plus rouge qu'avant. L'avantage c'est que maintenant, pas seulement ses yeux l'étaient.

Porco la regardait faire sans rien dire. Il avait ressenti tout du long la douleur de la jeune femme.

- Qui doit venir me préparer ?

Arrêté en plein dans ses pensées, Porco la sondait :

- Des femmes du camp sélectionnées au hasard et accompagnées de Pieck comme tu me l'as demandé. Elles vont bien te laver et te préparer pour ton jugement. Il faut que tu sois présentable.

Touchant ses cheveux, elle les libérait de la longue natte qu'elle s'était faite. Licht tentait de démêler sa chevelure sans succès.

- Il faudrait que je songe à les couper, cela fait combien de temps que je n'ai pas pris le temps de le faire ?

Ses longs cheveux étaient libres pour la première fois en plus d'une semaine et tombaient en cascade sur son dos et frôlant la naissance de ses reins.

- Puis-je avoir une paire de ciseaux ou un couteau Galliard ? Je vais au moins me les couper seule avant l'arrivée des femmes.

Il secouait la tête de gauche à droite :

- C'est trop dangereux, je ne peux malheureusement pas te confier d'objets coupant.

Elle se tournait vers lui :

- Alors, peux-tu me le faire ?

Il secouait la tête de gauche à droite en reculant.

- Je ne préfère pas, je vais gâcher ta coupe de cheveux.

Elle souriait en douceur.

- Coupe gâchée ou pas je n'en ai rien à faire. Je ne serai plus vivante avant la fin de la journée.

Elle avait laissé tomber l'espoir de rester vivante et d'avoir un jugement positif.

- De plus, même si l'avis m'est favorable, quelle vie vais-je mener ici ? Va-t'on me laisser déambuler librement dans l'enceinte des grilles du camp ? Vais-je devoir porter un de vos brassards et sourire en espérant mourir un jour de vieillesse et non de mort suspecte ? Et comment ferais-je face à Reiner après cette journée. J'ai peur de l'avenir qui se présente à moi. Je ne peux plus y échapper.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant