Chapitre 57 - Alliance

318 35 3
                                    




Alors qu'elle allait enfin parler, Licht se sentait tiré en arrière et relevant la tête, elle remarquait le Maréchal la « secourir » en pensant qu'elle était en danger. Sur le dos du Charrette, ils s'éloignaient de la ville et sortaient de ce qu'il restait du « Mur ». Licht lançait un dernier coup d'œil en arrière et remarquait le regard perdu de Connie les bras le long du corps. Elle aurait tellement aimé pouvoir lui parler.

Levant les yeux au ciel, les habitants mahrs observaient effrayés et à bonne distance les titans colossaux s'éloigner de la ville. Plus haut, les aéronefs restants prenaient la même direction.

Pieck qui était sortie de son Titan pointait le ciel :

- Ils repartent sans nous !

Le Maréchal se grattait le haut du crâne en regardant les deux jeunes femmes à ses côtés :

- Voyant que le Grand Terrassement a été déclenché, ils ont dû estimer que nous étions morts.

Licht était pâle :

- Ils pourront au moins donner l'alerte et sauver le plus d'habitants possible.

Pieck se tournait vers leur supérieur l'air effrayé car elle pensait à son père :

- Vous avez une idée pour arrêter ce cataclysme ?

Il haussait les épaules :

- Pas la moindre.

Des bruits de pas se faisaient entendre derrière eux et alors que Licht plissait les yeux pour reconnaître la personne s'approchant d'eux, Pieck réagissait immédiatement en retournant dans la nuque de son Titan pour attaquer. Par réflexe, la brune se tenait à la crinière du Charrette et écarquillait les yeux en reconnaissant le Capitaine Hansi. Licht ne savait pas alors qu'elle était Major.

- Attendez !

La femme au cache œil levait les deux mains en l'air pour montrer qu'elle n'était pas armée et venait pacifiquement pour leur parler.

- Capitaine Hansi !

Licht descendait du Charrette et s'apprêtait à la rejoindre en courant quand elle s'arrêtait à bonne distance. Cela lui faisait tellement du bien de la revoir, mais son cœur lui faisait mal en se rappelant sa position de traître envers l'île.

Alors qu'elle s'était arrêtée, Licht levait les yeux vers le Maréchal qui n'avait pas quitté la femme à lunettes. Il pointait toujours son arme sur elle les dents serrés.

- Je n'ai pas d'armes sur moi. Je peux vous le jurer.

Posant enfin son regard sur Licht, elle écarquillait son unique œil. Même si elle avait reconnu la voix, elle avait juré halluciné. Dans son esprit, la jeune femme avait rejoint le Major Erwin depuis bien longtemps.

- Tu es vivante...

On sentait que le Capitaine était triste mais ravalait cette tristesse menaçant de détruire les traits de son visage et souriait chaleureusement. Elle soufflait.

- Ça me fait plaisir de te revoir Sonne.

Le Maréchal ne baissait pas son arme et faisait un geste du menton vers le chariot tiré par un cheval derrière Hansi.

- Ah oui ! Désolée, j'ai oublié de préciser que j'ai quelqu'un avec moi. Mais rassurez-vous, il est totalement inoffensif.

Elle regardait Licht.

- Tu le connais bien. Même s'il est désormais méconnaissable à cause de Sieg.

Ratant un battement de cœur, Licht se moquait du regard des trois autres personnes et courait vers le chariot en oubliant de respirer. Elle s'arrêtait pour ne pas effrayer le cheval et s'approchait du corps qu'elle reconnaissait immédiatement.

- Caporal Livaï...

L'homme était allongé les yeux clos pour se reposer et faisait un « mmh » signe qu'il émergeait de sa courte sieste. Son visage était presque entièrement bandé et seul un unique œil était visible. Cependant, ses cheveux n'avaient pas changé en quatre longues années et étaient reconnaissables entre mille.

Alors qu'il ouvrait son unique œil, son regard perçant se posait sur la jeune femme et une lueur passait.

- Licht ?

Elle hochait la tête en ravalant ses larmes. Il ne fallait surtout pas pleurer et montrer qu'elle était effrayée du visage de son ancien supérieur. Elle avait vu tellement d'horreur durant la guerre, mais là, voir ce visage si parfait détruit lui faisait mal.

- Que s'est-il passé Caporal ?

Elle osait le tutoyer car après tout, lui-même l'avait forcé à la tutoyer il y a déjà quatre ans de cela.

Il aurait aimé sourire car bizarrement elle lui avait manqué. Mais la douleur physique était bien évidemment toujours présente ainsi que la douleur mentale ; Licht lui rappelait Erwin.

- Je peux te retourner la question sur ces quatre années où l'on te croyait morte.

Elle montait dans le chariot et s'asseyait près de la tête du Caporal en repoussant quelques mèches de son visage.

- Ce serait trop long à expliquer en détail.

Il tendait sa main pour que la jeune femme l'aide à se redresser et silencieusement elle le faisait en le maintenant contre elle.

Le Maréchal ainsi que Pieck n'avaient pas détaché leurs yeux écarquillés de la scène. Même s'ils savaient que Licht était originaire de l'île, ils ne pensaient pas que certaines de ses retrouvailles se passeraient de la sorte. Les hauts placés de l'île semblaient plus indulgents que l'on pouvait l'imaginer.

Posant l'arrière de son crâne contre la poitrine de la jeune femme pour rester assis malgré la douleur, Livaï expliquait rapidement la cause de son état et remarquait qu'enfin, le Maréchal rangeait son arme. Pieck était entièrement sortie de son Titan qui commençait à s'évaporer.

Ayant fini son discours, Livai lançait un regard à Hansi qui prenait la relève :

- Pour espérer venir à bout de ce Grand Terrassement, il faut que nous unissons nos forces en laissant nos différends de côté. C'est le seul moyen de vaincre la menace par cette alliance !

Les poings serrés, ils hochaient la tête ; il fallait sauver le monde.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant