Chapitre 49 - Chagrin

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Gaby et Falco ne cessaient d'appeler son prénom en hurlant et se réveillant en sursaut, Reiner se retrouvait dans un lit d'hôpital. Il était torse nu et sentait encore la douleur gagner ses membres malgré sa régénération totale.

Le blond fronçait les sourcils la bouche entrouverte en se demandant si tout n'était pas un mauvais rêve et que tout ce qu'il s'était passé en commençant par ses retrouvailles avec Eren n'était pas issu de son imagination. Porco se raclait la gorge :

- T'as fait un cauchemar ?

Se redressant dans le lit, Reiner regardait autour de lui un peu perdu et ses yeux tombaient sur Porco et Pieck. Les deux étaient assis de la même manière qu'à la fin de la guerre quand le blond s'était réveillé. Sauf que cette fois, Licht était absente.
Reiner remontait par pudeur la couverture pour cacher son torse nu à la seule femme présente dans la salle.

- J'aimerais te dire que ce n'était qu'un rêve Reiner...

Porco tendait la bouteille de vin rouge qu'il tenait en main sans que Reiner ne l'accepte ; il ne buvait pas.

- J'ai entendu les voix de Gaby et Falco. Où sont-ils ?

Pieck se grattait le cuir chevelu.

- Ça va être compliqué de les entendre de là où ils sont. Les deux sont captifs de l'île.

- Et Sophia, ainsi qu'Udo ?

Pieck baissait la tête alors que Porco descendait le reste de la bouteille en fermant les yeux.

- Ils sont décédés suite à l'attaque.

Le blond cendré se nettoyait la bouche avec la manche de sa chemise blanche. Il se moquait de la salir.

- Et Licht ?

Remarquant le regard triste de ses deux camarades, Reiner sentait les larmes prendre possession de ses yeux.

- Elle n'est pas morte. Mais c'est tout comme.

À peine sa phrase terminée que Pieck donnait un coup à Porco.

- C'est-à-dire Galliard ?

Reiner s'était approché du blond en posant ses mains sur ses genoux. C'était la première fois qu'il voyait Porco avec une expression aussi triste.

- Il faut que tu la vois.

Enfilant une chemise sans la fermer, Reiner s'appuyait à l'épaule de Porco pour se rendre dans la chambre qu'occupait Licht. Pieck les aidait à se déplacer tout en ne cessant de répéter que ce n'était peut-être pas une bonne idée compte tenu de l'état du plus âgé qui était encore trop faible.

Poussant la porte de la chambre de Licht, Porco aidait Reiner à entrer dans la salle et l'asseyait sur une chaise en bois juste à côté du lit. La jeune femme était allongée sur le dos et tellement pâle que s'en était effrayant.

- Que lui est-il arrivé ?

Reiner avait les yeux rouges alors qu'il caressait le doux visage de sa bien-aimée. Pieck posait une main sur l'épaule du blond.

- Elle a été blessée et le bébé...

Porco se raclait la gorge en se tenant de l'autre côté du lit et posait une main sur celle de la jeune femme inconsciente.

- Elle a fait une fausse couche.

Ils baissaient tous la tête en attendant que la jeune femme se réveille de cet état second dans lequel elle avait été plongé par le biais de médicaments.

Alors qu'elle papillonnait des yeux, une douleur cuisante la faisait grimacer au niveau de son entrecuisse. Licht se redressait dans le lit d'un seul coup pour trouver la bonne position pour ne plus souffrir. Reiner qui somnolait la tête posée sur le lit se réveillait en sursautant.

- Licht ?

Il prenait le visage de la jeune femme en main et la sondait de longues secondes. Reiner ne pouvait attendre sans la brusquer et la serrait quand même dans ses bras en caressant ses longs cheveux bruns. Puis, se tenant la main silencieusement, ils croisaient leurs doigts en ne détachant pas leur regard l'un de l'autre. Ils ne disaient rien.

Le camp de Revelio avait été presque entièrement détruit. Mais ce n'était rien comparé au port de la Nation qui avait été terrassé. Il en fallait du temps pour tout remettre en ordre et pleurer correctement les victimes de cette sanglante attaque.

Après quelques jours à l'hôpital, Licht avait eu l'autorisation de rentrer chez elle et c'est Reiner qui l'avait récupéré. Durant tout le trajet, ils n'avaient pas parlé, mais la brune s'était accrochée au bras de son mari en marchant avec lenteur dans les rues en ruines.

Karina les accueillait et enlaçait Licht dans ses bras dans une étreinte qu'elle voulait rassurante.

- Ce n'est pas grave Licht, tu pourras en avoir tant d'autres.

La mère de Reiner ne savait pas trouver les bons mots et un fin sourire sur les lèvres, Licht acquiesçait pour rassurer les deux blonds.

- Je vais monter pour m'allonger un peu. Veuillez m'excuser.

Licht approchait des escaliers en traînant les pieds et le dos voûté alors que ses cheveux étaient tressés dans une natte longue.

S'étant figé en entendant les paroles de sa mère qui ne voulait pas être méchante pour une fois, mais compatissante à sa manière, Reiner lui tendait sa veste.

- Tu devrais rentrer chez toi maman.

Elle semblait offusquée en remarquant le regard énervé de son fils.

- Mais, je n'ai rien dit ou fait de mal.

Il soufflait en frottant ses tempes.

- Tu es beaucoup trop maladroite. Sors s'il te plaît. On se revoit demain.

Il poussait presque sa mère vers la sortie et quand il fermait la porte à clef derrière lui, il s'assurait que les fenêtres du rez-de-chaussée l'étaient tout autant. Sa mère était capable de rentrer par les fenêtres.

Montant les marches d'escaliers quatre à quatre, il arrivait dans leur chambre à coucher et voyait une triste scène. Recroquevillée sur elle-même, Licht pleurait les yeux clos une main sur la bouche pour ne pas être entendue et l'autre sur le ventre. Les spasmes la gagnaient et elle n'avait pas entendu Reiner entrer dans la chambre. C'est seulement quand elle sentait le lit s'affaisser qu'elle rouvrait les yeux en se tournant paniquée vers le nouvel arrivant.

Reiner la prenait dans ses bras et elle s'y agrippait en continuant de déverser un torrent de larmes. Tout s'accumulait - encore - et détruisait peu à peu son état mental. La déclaration de guerre, les retrouvailles avec Jean, la perte de leur bébé, le décès d'un bon nombre d'habitants mais surtout le décès foudroyant et atroce de Sophia et Udo qu'elle considérait presque comme ses propres enfants. Et puis, la disparition de Gaby, ainsi que de Falco. Licht était à bout alors que Reiner caressait ses yeux humides.

- Tu devrais dormir, même si le sommeil n'efface pas le chagrin.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant