Chapitre 64 - L'Axe

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Tous avaient la tête baissée, ils avaient encore perdu l'un des leurs et encore une fois un de leur supérieur. Les derniers membres de l'équipe de sauvetage du monde étaient plongés dans leurs pensées. Il ne restait que Reiner, Pieck, Livaï, Mikasa, Jean, Connie et Licht. Armin était à l'avant et aidait Onyankopon à diriger l'hydravion.

Au fur et à mesure du temps et des années, chacun avait perdu un nombre incalculable de personnes. Cela pouvait être des membres de leurs famille, des amis tellement proches qu'on pouvait aussi les considérer comme des frères, des camarades qui avaient évolué à leur côté, ou malheureusement des personnes qui ne faisaient que passer dans leur vie et avec lesquels ils auraient pu tisser de beaux liens d'amitié si la mort n'avait pas tout arrêté.

Une main sur un cordage pour se tenir, Reiner observait silencieusement par le hublot. Licht qui se tenait assise le dos posé contre le siège lui lançait un coup d'œil en coin ; il semblait tellement plus âgé. Il avait le visage tiré et des cernes énormes sous ses yeux d'habitude si brillants ; Reiner était épuisé.

Posant une main sur la cuisse du blond pour le faire se rasseoir, elle croisait leurs doigts quand il se tenait à ses côtés. Il les apportait à ses lèvres et les embrassait un à un. Puis, il chuchotait.

- Tu aurais dû partir avec les enfants. Ils ont besoin d'une figure maternelle sachant qu'ils sont désormais orphelins. Même si Annie s'en occupera j'en suis sûr, ils sont énormément attachés à toi.

Dit de cette façon, on aurait pu croire que les enfants en question étaient les leurs, et c'était tout comme. Supposément orphelins, les enfants ne dépendaient plus que d'eux. Il fallait donc vivre pour pouvoir les prendre sous leurs ailes.

Licht secouait la tête et chuchotait pour ne pas déranger les autres toujours plongés dans leurs pensées.

- J'aurais aimé les garder auprès de moi et les voir grandir dans un monde heureux. C'est donc pour cela que je suis venue. Je ne pouvais pas me dégonfler. N'oublie pas que je suis une soldate de Paradis et une guerrière de Mahr à la fois. Mon devoir est de sauver le monde...

- ...au péril de ta vie ?

- Au péril de ma vie. Si elle doit s'arrêter aujourd'hui, je partirais l'esprit apaisé en me disant que j'ai quand même tenté quelque chose.

Il passait son bras sur la taille de la jeune femme et la collait contre lui. Cuisse contre cuisse, ils restaient assis en silence. Puis, le blond posait sa tête sur l'épaule de Licht.

- Merci pour tout mon amour. Je me dis que j'ai quand même eu une bonne étoile qui veillait sur moi pour t'avoir rencontré et épousé. Tu es l'épouse parfaite.

Elle secouait la tête en gardant sa main sur le genou du blond.

- Je ne le suis pas, mais j'essaye de faire au mieux.

Ses pensées s'envolaient au-dessus des flots pour rejoindre Gaby et Falco qui pleuraient à chaudes larmes en sachant qu'ils ne pouvaient venir en aide à leurs aînés. Peut-être que les enfants allaient leur en vouloir jusqu'aux derniers instants de leur vie, mais un jour - sûrement -, ils comprendront enfin pourquoi les adultes avaient décidé de les mettre de côté.

- Demain c'est ton anniversaire Reiner. Tu peux l'avoir en avance si tu le désires.

Il levait la tête et croisait le regard couleur bronze de la jeune femme avant de repousser une mèche sur son front.

- Reste en vie. C'est le seul cadeau que je veux.

Elle fronçait les sourcils en souriant.

- Je vais faire en sorte que ce cadeau te soit attribué. Mais n'oublie pas que tu dois en faire de même.

Armin arrivait le regard déterminé et le cœur battant à tout rompre coupant court à la discussion du seul couple :

- Bon, nous allons parler stratégie.

Il prenait déjà comme un professionnel ses fonctions de Major du Bataillon d'Exploration et rendait à coup sûr fier ses prédécesseurs dans l'au-delà.

Après de longues minutes de discussion, Reiner s'était levé pour expliquer son point de vue. Avant de terminer sa dernière phrase parlant du destin funeste d'Eren, un flash passait devant leurs yeux et ils se retrouvaient encore une fois dans « l'Axe ». La panique se lisait dans leur regard.

Alors que les habitants de l'île hurlaient leur ressenti pour Eren et son choix, la voix du concerné s'élevait.

- Je n'interromprai pas le Grand Terrassement. Je ne laisserai pas tomber l'île de Paradis. Je continuerai d'avancer.

Le sol tremblait alors qu'un puissant flash se faisait encore voir.
Tendant sa main en direction de la lumière éblouissante, le Caporal Livaï hurlait :

- Là-bas !

Ceux de l'île couraient vers Eren alors que tétanisés, ceux de Mahr avec le Caporal restaient les bras le long du corps.

Le Soleil à travers la Brume (Reiner Braun x OC) Partie 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant