Chapitre 135

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Salvor

Le milieu de la nuit était entamé lorsque je quittai la chambre de ma sœur. Si au début Lorys avait été estomaquée et effrayée par ma proposition de quitter le domaine et tout abandonné derrière nous, rapidement elle y avait adhérer lorsque je lui avais révélé l'entière vérité.

A savoir, l'abjecte condition que Felicity et sa mère avaient mit au mariage et plus abjecte encore, l'acceptation de cette ignominieuse condition par notre père. Lorys avait été anéantit en entendant cela. «Qu'est-ce que je lui ai fait?» avait elle demandé des trémolos dans la voix. «Pourquoi est-ce-que père ne m'aime pas.» 

La mort dans l'âme, j'avais puisé au fond de moi et trouver la force nécessaire de lui expliquer les terribles circonstances de sa naissance. Je l'avais fait en chuchotant, y mettant le plus de délicatesse possible. Lui assurant que pour moi, que nous n'ayons pas le même père ne changeait absolument rien. Qu'à mes yeux elle était et resterait toujours ma petite sœur chérie que j'aimais tendrement( c'était la première fois que je m'épanchais de la sorte envers elle), que de ce fait je ne l'abandonnerais jamais et ferais tout ce qui était en mon pouvoir pour la protéger parce que c'était mon devoir de grand frère et aussi parce que notre mère du fond de sa tombe, ne me pardonnerait jamais un tel sacrilège.

Cette terrible révélation avait déclenché de violents tremblements et de gros sanglots de la part de Lorys qui avaient déchirés sa poitrine. Quand elle fut enfin calmée, j'avais pu la mettre au courant de mes projets et du plan concocté pour que notre fuite passe inaperçue, du moins le plus longtemps possible. Elle avait posée des questions, fit des commentaires et proposer ses propres idées. Nous discutâmes ainsi pendant un bon moment. Puis elle avait demandé ce que je comptais faire à propos de mon amoureuse que je serais obligé de laisser derrière moi, et je n'avais pas su quoi lui répondre. J'avais éludé la question en lui disant qu'elle était ma priorité, et qu'en ce qui concernait mon amoureuse les choses se feront en temps voulut. 

Je craignais sa réaction si je lui révélais que c'était pour son esclave que j'étais irrévocablement tombé. Par la suite, elle m'avait supplié d'emmener Ysaé avec nous. Me disant qu'elle était sa meilleur amie, qu'elle la considérait comme une sœur, si importante à ses yeux qu'il lui était inconcevable de ne pas l'avoir à ses cotés. Et comme vous pouvez aisément l'imaginer, je n'avais pas dit non à une telle requête.

Guidé par les pâles reflets de la lune, j'abandonnai la grande allée pour emprunter le chemin boisé qui conduisait à la Boite. Il faisait sombre et le domaine était paisiblement endormit. On entendait aucun bruit hormis la sérénade des insectes nocturnes. Ouvrant délicatement la porte de la cabane, je me baissai et jetant un coup d'œil à l'intérieur, découvris Ysaé accroupit par terre, le corps secoué de frissons incontrôlables.

-Ysaé. Chuchotais je.

Elle s'immobilisa immédiatement comme si elle avait été prise en flagrant délit.

-Viens.

Elle refusa de me regarder, sans doute parce qu'elle croyait rêver en reconnaissant ma voix.

-Je suis revenu te chercher.

Après un instant d'hésitation elle sortit de la Boite, titubant sur ses jambes comme un veau qui venait de naître.

-Suis moi.

Les bras recroquevillés sur sa poitrine, elle me suivit tête baissée comme un animal apeuré. Tandis que je la précédais en remontant l'allée, mes yeux balayaient fiévreusement les alentours pour m'assurer que personne n'était témoin de ce qu'il se passait.

Entrant par l'entrée des esclaves, nous traversâmes la dépendance, la cuisine parfaitement vide à cette heure de la nuit et longeâmes le couloir. Arrivé devant la porte de ma chambre, je l'ouvris, invitai Ysaé à y entrer et refermai rapidement derrière moi.

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant