IXSa voix était grave, douce et intense. Elle résonna dans sa tête avant qu'il ne comprenne le sens de sa question.
— Oui, parce que je veux le rencontrer.
Rudy lui accorda un sourire, un sourire paisible, qui plissait légèrement ses yeux.
Cela lui donnait un charme fou, pourquoi ne pas en user plus souvent ? Pensa Yunes, cela changeait de son visage d'habitude si impassible.— Je lui demanderai s'il veut te voir.
Monsieur fait le secrétaire...
Soudain, un objet non identifié traversa la salle à la vitesse de l'éclair et s'écrasa contre le mur du fond. Toute la classe sursauta. Le blond vit alors que l'objet en question était une trousse. Et que l'envoyeur était Mme Clark. L'air à la fois satisfaite et exaspérée elle se tenait droite devant le tableau.
— Je veux du silence. Annonça t-elle en souriant. La prochaine fois que j'ai à vous reprendre, ce projectile pourrait malencontreusement toucher une tête. Anna ma petite vous pouvez aller récupérer votre trousse. Quant à moi je vais vous distribuer les sujets, tous différents évidement. Elle sourit de toutes ses dents et s'avança dans les rangs, faisant parvenir à chacun un exemplaire.
Lorsque Yunes reçu sa feuille, il se pencha dessus et chercha la question posée : « La philosophie est-elle une occupation sérieuse ? Question posée lors d'un examen en 1986. »
Il releva la tête en direction de Rudy, qui ouvrit la bouche.— C'est audacieux.
— C'est suicidaire.
Oui, Yunes en était convaincu, jamais on ne lui avait donné un sujet aussi retors. C'était bien au delà de l'audace.
— Que fais-tu ce soir ? Lui demanda Rudy calmement.
— Rien de spécial.
— Je peux passer chez toi ?
Yunes ne répondit pas, venir chez lui ? Pour quoi faire ?
— Pour ?
— Commencer ce travail.
— Ce soir ? Mais on a toute l'année, et puis les vacances aussi.
— Tu prends le théorème à l'envers. Ce n'est pas à la fin de l'année au moment des examens qu'il faudra faire ça, je risque d'être absent pendant les vacances et je préfère être débarrassé de ce fardeau au plus vite.
Il n'avait pas tord.
Plus il l'écoutait, et plus il se disait que jamais il n'avait entendu quelqu'un parler avec autant de quiétude. Ses paroles semblaient... lisses.— Alors viens.
Il le regarda écrire des choses sur sa feuille. Le garçon l'imaginait autrement. L'image négative qu'il s'était forgée de lui venait d'éclater en morceaux. Il n'était rien de ce qu'il avait envisagé, ni cruel, ni psychopathe. On aurait dit un café au lait, à l'allure de café noir. Ses yeux obscurs lui procuraient une beauté et un charisme qu'il avait rarement vu ; en plus de l'attitude incroyablement paisible qu'il arborait.
Quelques minutes plus tard, Mme Clark réclama l'attention de son auditoire en brandissant des papiers.
— Mes chers enfants, souriez. Ce que je tiens en main va définitivement ensoleiller votre journée. L'ironie se faisait sentir dans sa voix à un degré maximal. Vos ravissantes feuilles de stage !...
Tout mouvement s'arrêta, un vent glacial venait de passer sur la salle et le blond vit quelques garçons laisser leur tête s'abattre sur la table, certains commençaient déjà à geindre et des filles organisaient un soulèvement en protestant vivement.
Un stage ?
— Cet enthousiasme fait peur, allons allons c'est pas si terrible. Je vous distribue ceci, vous disposez de deux deux semaines pour me les rendre complètes et signées. Elle commença la distribution de sa démarche joyeuse en commençant par Yunes qui était premier de la liste.
— Demande à quelqu'un de t'expliquer si tu ne comprends pas.
Yunes prit la feuille sans répondre et l'examina. Il y avait simplement marqué «Stage de formation dans une entreprise de management» avec différents documents à remplir. Mais tout ça, il l'avait déjà fait en France... Devrait-il recommencer ?
Et pourquoi y avait-il précisé management ?— Pourquoi... y a t-il précisé «management» ? Demanda t-il.
— Parce que nous avons déjà effectué un premier stage il y a trois ans, là où nous voulions, mais ici, le stage à pour but d'enseigner la gestion et le management de grandes filières. Seuls les lycées des grandes villes avec beaucoup d'élèves le rendent obligatoire. Puisque beaucoup d'entre nous sont destinés à un avenir... prometteur.
— Je vois... et toi, pourquoi ne t'a t-elle pas donné de feuille ?
Il hésita.
— J'ai redoublé, donc je l'ai déjà fait l'année dernière.
Il est donc le plus âgé de la classe. Pensa Yunes.
La fin du cours de philosophie s'était passé dans le calme, Rudy était resté la tête au creux de sa main, dans un ennui profond, tout comme Yunes qui s'était affalé sur la table.
15h12 ~ Vestiaires
Le sport était l'activité parfaite pour terminer la journée.
Arrivés au vestiaire, une ambiance à la fois détendue et excitée s'installa, chacun avait envie de savoir quel allait être le sport du trimestre. Quelques uns commencèrent à se marrer et à balancer leurs vêtements à travers le vestiaire.— Fait pas attention à eux c'est les gars du club de Foot Occidental, ils sont un peu popo. Surtout leur capitaine, Warren Duncan...
Yunes hocha la tête et l'un d'entre eux, qui devait-être ce Warren Duncan leva la tête en direction de Zakari.
— Qu'est ce qu'il baragouine Devis encore ? Balança t-il en faisant signe aux autres d'écouter. Yunes sentait que cette réplique était le début d'une joute mal venue.
— Oh commence pas Warren tu casses la tête de tout le monde ici. Lui répondit Zak d'un regard circulaire comme s'il parlait au nom de tous ceux qui l'entourait. Yunes lui attrapa le bras.
— T'es bête ou quoi, répond pas. Lui dit-il.
Mais il ne semblait pas l'écouter.
— Qu'est ce que tu cherches Devis ? Tu crois que parce que tu es le seul joueur de base-ball ici tu es roi ? Demanda Warren en sautant du banc sur lequel il s'était perché pour s'avancer vers Zakari.
— C'est sûr que comparé au football d'opéra auquel tu joues il y a de quoi se sentir fier. Répondit le châtain, et des rires fusèrent.
Yunes vit le visage de Warren se rapprocher de celui de Zakari.
— T'es un homme mort Devis. Cracha t-il en continuant de s'approcher.
Yunes se demanda pourquoi personne ne réagissait et s'interposa entre les deux espérant éviter le massacre.
— On se calme... Deux bastons en deux jours c'est peut-être un peu beaucoup ?
Warren recula sous le coup de la surprise. Yunes remarqua alors que son nez ressemblait à une pomme de terre affreusement trop cuite.
— Tu te prends pour qui ? Écarte toi.
Avant qu'il n'ai pu répondre, Rudy se planta devant Warren.
— Dégage de là Duncan, t'es dans le passage.
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HEY, RUDY
Romance« Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le rencontre : Rudy. Comm...