XIII
— C'est ça qu'on appelle une déclaration ? Demanda Yunes perplexe.
Rudy rigola.
— Appelle ça comme tu veux.
Yunes haussa légèrement les épaules et observa le soleil disparaître à l'horizon. C'était une sensation étrange, la sensation d'être le sujet d'une attirance par un être charismatique, sans savoir vraiment quoi dire. Yunes n'était pas gêné, il savait que Rudy disait ça comme il dirait qu'il ferait beau le lendemain. C'était simplement une invitation.
Le blond eu un frisson et rentra à l'intérieur.— Je peux regarder ce que tu as écris sur l'ordinateur ? Lui demanda le brun en refermant la porte vitrée du balcon.
— Je t'en prie, je vais prendre ma douche.
Une fois sous l'eau, Yunes pencha la tête vers l'arrière et laissa l'eau emmener ses cheveux. Il ferma les yeux et ne put s'empêcher de penser à ce que Rudy venait de lui dire.
Il n'avait jamais vraiment réfléchi au fait d'aimer des garçons... Il n'excluait pas cette possibilité loin de là, mais quelque chose le freinait.
Des suites de sa maladie, il avait eu une croissance et une puberté retardées d'environ deux ans. Et du même coup, son attirance et son désir à l'égard d'autrui n'avait pas montré de signes avant l'âge de quinze ans. Aujourd'hui tout était en ordre, mais son manque d'expérience le faisait se sentir faible.Et Louise... Plus il y pensait, et plus son cœur se serait. Elle ne lui manquait pas. Enfin si, mais... au même titre que Élias. Un ami.
Puis il imagina Rudy accompagné d'un autre homme, et cela lui paru étrange.
Sa douche prit fin, et sa rêverie aussi. Il enfila son pyjama, composé le plus simplement du monde d'un short gris, et d'un t-shirt gris. Rudy pianotait sur l'ordinateur, assit en tailleur sur le lit, l'air concentré comme du jus de tomate, tandis que le blond se frictionnait les cheveux à l'aide de sa serviette.
— T'as faim ? Lui demanda t-il tout en sortant sur le balcon pour étendre le tissu humide.
Le brun le regarda et hocha la tête. Yunes partit à la cuisine et se décida à faire des pâtes. C'est bon les pâtes, c'est simple les pâtes. Mais cela ne fut pas sans difficultés, la gazinière devait dater de 1920 et il n'avait aucune envie de faire sauter tout l'immeuble. Il se bagarra avec cette odieuse machine durant un temps, avant d'en sortir victorieux.
Quelques dizaines de minutes plus tard, après avoir mis une montagne de spaghettis dans chaque assiette, du gruyère et de la sauce tomate, il en apporta une des deux à Rudy qui étira un sourire.
— Merci.
Yunes monta debout sur le lit et s'assit en face de lui.
— Qu'est ce que tu écoutes comme style de musique ? Demanda Yunes en enfournant sa première bouchée de pâtes.
Rudy avala avant de répondre.
— Classique souvent, rock aussi, parfois du soft métal, un peu de rap, un peu de tout et beaucoup de rien à vrai dire. Du moment qu'un morceau me plait, peu importe si c'est le dernier générique de barbie.
Yunes rigola et faillit s'étouffer avec ses pâtes.
— Mh je vois... Annonça t-il la bouche pleine.
Son téléphone tinta dans son sac. Il se leva pour aller le chercher et vit un message d'un numéro inconnu.
Il reprit place sur le lit et se pencha sur ce message.« Bonjour à tous, j'ai le plaisir de vous informer que les entraînements de judo cadets et juniors reprendront le lundi 12 septembre à 19h au Dojo Nord. Bonne soirée à tous. Lawrence Kenehen. »
Il enregistra son numéro, satisfait d'avoir des nouvelles, puis posa son téléphone sur sa table de nuit. Il fut surprit de voir à quelle vitesse Rudy avait engloutit ses pâtes.
— Tu as encore la force de travailler ? Demanda le blond.
— Je m'y oblige. Mais je comprends que tu sois fatigué je ne t'en voudrai pas.
— En effet, avoua t-il en se levant pour ramener les assiettes à la cuisine, je suis exténué, mais tu peux rester ici autant que tu veux je ne vais pas me plaindre du fait que tu travailles...
Les assiettes heurtèrent le fond de l'évier dans un bruit pénible et Yunes sentit la fatigue s'emparer de lui.
Il observa Rudy à travers l'encadrement de la porte et se demanda pourquoi celui-ci travaillait avec autant d'acharnement. Il devait avoir une vie bien chargée...— C'est quoi ton nom de famille déjà ? Lui balança t-il, appuyé à l'embrasure de la porte.
— Walter Blue. Lui répondit le brun sans lâcher l'écran des yeux.
Hm hm...
Le blond se redressa et alla animer les loupiotes au dessus de son lit pour pouvoir éteindre le plafonnier. Il souleva une partie de la couette et se glissa dessous.
La pièce baignait dans une lueur dorée, une lueur apaisante. Et la présence de l'âme calme de Rudy à ses côtés lui procurait une sensation de tranquillité. Il l'observa longuement, sous un angle en contre plongée qui laissait voir le dessous de sa mâchoire, qui laissait quant à elle transparaître un entraînement physique régulier. Yunes n'était pas fan du football américain, bien qu'il n'y connaisse rien, le peu qu'il en avait vu lui laissait une idée d'un sport de brute sans plus d'intérêt que le foot occidental si ce n'était de pouvoir observer des joueurs dotés d'une force incroyable. D'ailleurs il ne connaissait même pas les règles.
Rudy tourna les yeux vers lui et l'interrogea du regard.
— Tu ferais mieux de dormir...
— Je vais pas dormir alors que tu travailles.
— Tu penses que le fait que tu aies les yeux ouverts change quelque chose ?
— Non mais...
— Tu as dix-sept ans et tu es couché à 21h, à cet âge là ça signifie clairement que tu es exténué, alors dors.
— Mais...
— Dors. Lui ordonna t-il en posant sa main sur sa tête accompagné d'un regard signifiant l'impossibilité d'une quelconque négociation.
Yunes ferma finalement les yeux. Dans d'autres circonstances il aurait répliqué sèchement, mais il était trop fatigué pour repousser Morphée qui le prît doucement au creux de ces bras. Il sentit une main passer dans ses cheveux. Puis, plus rien.
03h00 ~ Appartement
Yunes se réveilla en sursaut à l'entente de son réveil. Il y avait longtemps qui n'avait pas aussi bien dormi...
La pièce était plongée dans le noir, Rudy avait visiblement quitté les lieux.
Il alluma sa lampe de chevet et plissa les yeux face à cette lumière qui l'agressait.
En éteignant son réveil, il vit un morceau de papier posé sur sa table de nuit. Un papier qu'il ne connaissait pas.« J'espère être le premier à te dire que tu es incroyablement beau quand tu dors. Je ne sais pas si je serai là pour la fin de cette semaine, je t'ai laissé mon numéro au dos du papier.
PS : Est ce que tu viens au match d'ouverture du tournois d'automne samedi prochain ? On affronte le lycée Rostchild. »Yunes resta planté devant ce mot quelques secondes avant de sourire et d'être emporté par une émotion qu'il n'avait encore jamais ressentit. De l'excitation mêlée à de l'appréhension.
Il s'allongea de tout son long les bras écartés, fixant le plafond... Que lui arrivait-il ? Il aurait aimé le savoir.

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HEY, RUDY
RomanceTERMINÉ [boyxboy] « Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le renc...