LVYunes baissa la tête. Pourquoi était-il étonné ? Pourquoi se sentait-il dévasté et vidé de toute émotion ?
Rien de plus prévisible après tout, ça n'était pas la première fois qu'il partait.
Mais pourquoi annoncer cela de cette façon ? Pourquoi avait-il l'impression que Rudy n'était presque pas atteint ? Pourquoi continuait-il a fumer sa clope tranquillement comme s'il avait été victime d'un baiser du Détraqueur ?
Trop de questions venaient s'entrechoquer les unes contre les autres.
Il leva les yeux vers le brun qui regardait toujours à travers le double vitrage sans changer d'expression.
Yunes aurait eu envie de lui sauter au cou pour le supplier de rester près de lui, le convaincre de prendre soins de lui, de ne pas disparaître à l'autre bout du monde.
Mais une autre partie de sa conscience avait une furieuse envie de lui crier son incompréhension ou même d'être violent avec lui pour le faire réagir, lui exprimer son exaspération de le voir sans bouger, comme s'il n'était rien pour lui.— Tu pars quand ?
Rudy expira la fumée grisâtre.
— Dans trois jours.
Yunes reçu comme un coup dans la poitrine. Il avait la fâcheuse impression d'être en train de perdre le contrôle sur lui. Il avait l'impression que Rudy était en train de reprendre en main toute la trajectoire de leur relation pour un long temps à venir et Yunes n'avait pas son mot à dire.
Il posa sa tête dans sa main, pas parce qu'il était triste mais simplement parce que sa vision commençait à s'obscurcir. Comme souvent il avait réussit à additionner le combo de satan pour se foutre mal : effort physique, fatigue, drogue, choc psychologique et émotionnel.
Peut être que sauter dans une piscine d'eau glacée n'avait pas été une bonne idée, peut être aussi que consommer de la drogue, sauter un repas et parler de sa mère disparue n'était pas recommandable et peut être aussi que coucher avec Rudy et recevoir l'équivalent d'une bombe sur la conscience n'était pas tout à fait ce dont il avait besoin.
Sa tête lui faisait affreusement mal, il se sentait faible. Mieux vaut prévenir que guérir. Certainement, cette fois il n'irait pas à l'hôpital pour de telles broutilles. Une injection ferait l'affaire.Il se leva du lit, emmenant la couette avec lui comme un second épiderme, trouvant tout à coup sa nudité trop malvenue pour être dévoilée. Il n'avait plus envie d'être nu devant Rudy, il voulait se cacher, juste un instant pour pouvoir reprendre contenance et crédibilité face à lui. Lui qui soudain lui échappait.
Il avança vers son manteau et trouva sa petite injection de secours rangée dans la poche intérieure avec le reste de ses cachets.
Il se laissa tomber en tailleur par terre et décapuchonnât avec soin la petite aiguille qui lui sauverai la vie pour un temps.— Yunes ?
Le blond avait à peine remarqué Rudy s'était approché de lui. Pas de quoi s'inquiéter vraiment, ça n'était pas un spectacle donné pour recueillir sa pitié comme un animal blessé.
Il planta l'aiguillon dans sa cuisse sans plus attendre, d'un geste rapide et agile, le retirant presque aussitôt en soupirant pour ne pas craquer comme la dernière fois.— Yunes ?
— Quoi ? Répondit-il froidement en tournant légèrement la tête.
— Est ce que ça va ?
Le blond étira un rictus ironique.
— Pourquoi ça n'irait pas ? Décrocha-t-il d'un ton neutre en se levant vers la salle de bain récupérer son jogging.
Il l'enfila et observa son reflet pâle dans le miroir. Il en profita pour remettre ses cheveux en ordre et pour fourrer l'aiguille usagée dans sa poche.
Il tourna la tête et aperçut Rudy appuyé à l'encadrement de la porte. Yunes l'interrogea du regard.
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HEY, RUDY
Romance« Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le rencontre : Rudy. Comm...