T R O I S H E U R E S

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XXXVII

          Yunes fut arraché à sa rêverie. Il tâtonna sous la couette pour trouver son boxer qu'il enfila avant d'aller éteindre l'alarme de son téléphone qui sonnait dans son sac. L'horloge de l'appareil affichait trois heures. Comme toujours. Il revint ensuite vers le lit et attrapa la bouteille d'eau sur la table de nuit avant d'avaler son médicament. Il avait mal à la tête, il repensa à son entraînement de judo, puis à ce qu'il s'était passé il y a quelques heures de cela et ses joues s'empourprèrent tant il repensait à ce que cela lui avait procuré comme sensations.
De toute évidence ce genre d'événements, physiquement et mentalement éprouvants, n'avaient pas eut que de bonnes répercussions sur lui et il sentait déjà qu'il peinait à récupérer des forces.
Il ne voulait surtout pas faire une crise ici, pas alors que tout allait bien. Et il ne voulait surtout pas alerter les gens ni étaler son état de santé.
Il retourna vers son sac et prit la petite boîte de pharmacie dans laquelle se trouvait une injection de dépannage. Il emmena son arsenal jusque dans la salle de bain et ferma la porte derrière lui avant d'allumer la lumière et de s'asseoir par terre.

Ses pensées étaient englouties par les événements de la veille, tout était allé si vite, il avait peine à réaliser. Il se sentait dans un état second...
Il décapuchonna la petite aiguille avant de pincer la peau de son ventre (qu'il peinait d'ailleurs à attraper tant la graisse s'y faisait rare) et d'insérer ce petit morceau de métal pointu sous sa peau.
Ses mains tremblaient, et cette petite douleur déclencha une chute de larmes venant de ses beaux yeux bleus. Son visage se déforma et l'eau salée ruissela sur ses joues. Il retira la petite aiguille et rangea tout ça avant de saisir un coton afin d'éponger la petite dose de sang qui ne demandait qu'à sortir de sa peau.
Il se sentait fatigué et rien ne pouvait empêcher ses larmes de couler, c'était cette étrange sensation d'être à bout pour trois fois rien.

Jamais il n'avait réellement pleuré pour Rudy, pour tout ce qu'il s'était passé. Pourquoi tout ça sortait maintenant ? Pourquoi tout ça survenait alors que tout allait si bien ?
Il prit sa tête dans sa main et sentit ses larmes s'écouler jusque sur ses lèvres, elles avaient un goût salé et pas forcément désagréable.
Il n'y a vraiment que dans ce genre de situations étranges que l'on peut trouver le temps de se préoccuper du goût des larmes. Fut la pensé qui traversa son esprit.

Mille questions se bousculaient sous son crâne. Il repensait au plaisir qu'il avait éprouvé, et il ne pouvait que pleurer de plus belle.
Est ce que c'était vraiment vrai ?... Est ce que ça s'était vraiment déroulé ainsi ?... Est ce que c'était déjà fini ?... Et finalement est ce que cela confirmait réellement son attirance pour les garçons ?

Il ne savait pas, il ne savait plus. La fatigue l'avait envahit jusqu'à l'os. Il avait peur, peur de la suite, peur de Rudy, allait-il le garder près de lui ? Ou simplement se débarrasser de lui comme l'avaient prévenu Zak et les autres ?...
Il souffla doucement par la bouche comme pour essayer de sa calmer. Sa vision était flouée par les larmes et il sentait ses mains qui tremblaient légèrement.
Il retira le petit coton de son ventre et ferma la petite boîte.
Il resta assit là, écoutant simplement le bruit de sa respiration irrégulière et le silence de ses yeux endoloris qui mouillaient ses joues.

Quelques minutes s'écoulèrent et il entendit du bruit dans la chambre. Rudy était levé de toute évidence, ayant remarqué son absence dans le lit. Il se leva et posa sa petite boîte de pharmacie à côté du lavabo, il la rangerai le lendemain matin ne voulant pas que Rudy soit au courant.
Il essuya ses yeux d'un revers de main et souffla un coup. Sa main gauche se posa sur la poignée et l'autre sur l'interrupteur et il sortit de la pièce.
Ses yeux s'habituèrent a l'obscurité et il vit Rudy devant la baie vitrée qui se tourna et marcha vers lui en l'apercevant. Il avait remis son short, sa peau brune était éclairée par les rayons de lune.
Yunes le regarda de ses yeux humides, il le trouvait chaque jour de plus en plus beau, de plus en plus envoûtant, de plus en plus attirant.
Le brun se plaça devant lui et l'observa de ses yeux noirs. Il releva le menton du blond d'un doigt et sonda son visage.

HEY, RUDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant