LXI
Yunes n'osa pas déroger à son conseil. Il resta sur place, les yeux rivés sur l'arme devant lui. De toute évidence il avait peur. Mais tout ce qu'il pouvait à présent montrer, c'était de l'obéissance.
Zak aussi s'était figé, n'osant même plus parler.
Le blond tourna légèrement le regard vers Alice qui ne semblait pas vraiment étonnée de la tournure que prenait cette soirée.— Comprends bien que tu nous demandes de choisir entre toi et Rudy lorsque tu émets le souhait d'aller te rendre à la police. Affirma Alice en se rapprochant d'Andrew.
— Je te pensais pas aussi vicieuse. Lui répondit le blond.
Il vit Andrew étirer un rictus moqueur.
— C'est simplement qu'on te laissera pas foutre nos vies en l'air sur un coup de tête sentimental. Alors qu'au fond... tu ne sais rien.
Yunes le fixait toujours de ses yeux bleus.
Il n'arrivait pas à savoir si Andrew serait capable d'appuyer sur la détente, mais il ne comptait pas faire de crash test. Son regard aux reflets dorés était des plus perturbants qu'il n'ait jamais connu ; à la fois vicieux et malicieux. Sans parler du demi-sourire qui venait de s'étirer sur ses lèvres.
Il baissa son arme.— Assieds-toi.
Yunes jeta un regard à Zak qui avait cessé de pleurer, trop apeuré par la scène qui se déroulait sous ses yeux.
Il prit place sur le vieux canapé en L près de la table basse, dos à la grande fenêtre embuée par le temps froid de cette soirée d'hiver.Andrew soupira et se laissa tomber à son tour sur l'autre aile du canapé. Il lâcha nonchalamment son arme sur la table dans un bruit métallique et lourd qui laissait penser qu'elle n'était pas des plus petits calibres...
— C'est bon relax, au pire je t'aurai assommé avec, mais je suis pas encore assez énervé ni angoissé pour m'en servir contre toi. Il ricana. Rudy ne me le pardonnerai pas.
Yunes le regardai ; voulant parler, mais rien ne sortait. Il ne comprenait pas.
Alice avait emmené Zak dans la cuisine, d'un air compatissant comme si elle voulait le réconforter, et il lui faisait confiance sur ce point.
Andrew tourna la tête vers lui. Un silence s'écoula.— Tu doutes ?
Yunes ne répondît pas. C'était évident, il doutait de tout. Comment ne pas douter dans cet océan de mystères ?
— T'as le droit remarque, je serai comme toi. Affirma-t-il en haussant les épaules.
Il tira un paquet de cigarettes rouge et en extirpa une pour la glisser entre ses lèvres.
Il le tendit à Yunes qui déclina son offre d'un signe de tête.— T'as raison, c'est dégueulasse en soit la clope. Je me demande encore à quoi ça me sert de fumer ça. Y'a que les faibles qui cèdent à cette tentation.
Il étira un nouveau sourire et alluma l'objet de son questionnement. Après quelques secondes, il se leva et se saisit de nouveau de l'arme sur la table. Yunes sentit son cœur s'accélérer et fixa le garçon sans savoir quoi exprimer ; la panique, la peur, la colère, les trois à la fois...
Andrew semblait avoir saisit son inquiétude et se mit à rire avant de se redresser et de laisser glisser l'objet dans la poche intérieure de sa veste.
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HEY, RUDY
Romance« Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le rencontre : Rudy. Comm...