HEY, RUDY

S A T U R N

XXX

Zak refusa de lui dire quoi que ce soit, il avait soit disant fait une promesse à Alice de tenir sa langue. Rudy n'avait pas menti sur son départ, il avait été absent toute la journée. Le lendemain aussi, et le surlendemain également. Et la semaine entière.

Yunes s'était fait à l'idée d'entamer une routine journalière - lycée - judo - nuit - lycée - judo - nuit - lycée - judo - nuit ... Ainsi de suite. Il ne trouvait aucun avantage au départ si soudain du brun ; sauf peut-être que cela lui permettait d'être plus proche de Zak, et il parlait plus souvent avec Élias qu'il avait eut tendance à délaisser. Il pouvait prendre des nouvelles de Louise par son biais, elle n'allait apparemment pas trop mal, bien qu'un peu chamboulée et triste.

Zakari était toujours aussi jovial et joyeux mais très occupé par le fait de remonter ses notes sous peine de devoir arrêter le base-ball qui empiétait énormément sur son temps libre. Quant à lui, ses entraînements de judo s'intensifiaient et les cours aussi. Tout le monde semblait submergé, ce qui l'aidait en quelque sorte à oublier ces moments passés avec Rudy dont il n'entendait plus parler.

Le lundi suivant, madame Clark leur donna leur date de stage, qui se déroulaient donc deux semaines plus tard. Yunes ignorait tout de son stage, puisque Rudy s'en était chargé pour lui. Il avait presque oublié ce petit marché qu'ils avaient conclu. Madame Clark lui avait donc simplement donné un papier de renseignement avec l'adresse du lieu. Même s'il n'avait plus aucun contact avec Rudy il devait bien avouer que ça l'avait bien arrangé de ne pas avoir à se coltiner une recherche de stage. Restait à espérer que ça ne soit pas une entreprise pourrie.

Chaque soir Yunes s'endormait avec l'amertume dans la gorge, se sentant débile d'avoir été naïf, stupide d'être maintenant en position d'infériorité face à Rudy, bête de n'être pas assez là pour Zak et Élias, coupable du mal-être de Louise et surtout abruti d'être mal pour des broutilles pareilles. La seule chose positive c'est que son père ne l'appelait plus pour lui mettre la pression au sujet de son bulletin, et ça c'était grâce à Rudy, mais il ignorait comment il était parvenu à ce résultat... Sûrement par des moyens pas très clairs... Pensa t-il.

Le mois de décembre approchait déjà à grands pas, et alors que le week-end de cette deuxième semaine s'achevait, Yunes redoutait plus que jamais le retour de Rudy. Il n'avait pas envie de le voir et encore moins de lui parler.

7:53 ~ Couloir de philo

Yunes marchait tranquillement bien qu'un peu à reculons en direction de sa classe, la porte était à quelques mètres et il se demanda si Rudy serait vraiment là...
Il n'eut pas le loisir de divaguer plus longtemps puisqu'arrivé devant la porte il se heurta au seul individu qu'il n'avait pas du tout envie de voir. Rudy sortait de la salle au même moment, il se regardèrent dans les yeux et Yunes fronça les sourcils, il passa à côté de lui sans rien dire et alla s'assoir. La journée commençait bien, il posa son sac sur la table et prit sa tête dans ses mains, pourquoi ce mec lui manquait-il autant ? Pourquoi ne pouvait-il pas l'oublier tout simplement ? Il avait envie de se frapper la tête sur la table de toutes ses forces mais se retint de peur qu'on le prenne pour un dégénéré.
Cette vie aux États Unis prenait décidément une tournure qu'il n'avait pas du tout envisagé et qui lui déplaisait au plus haut point.

Lorsque Rudy revint dans la salle, de retour des toilettes probablement, il se dirigea vers Madame Clark et eut – au plus grand étonnement de Yunes – une conversation assez agitée avec elle et qui paraissait secrète, ou du moins personnelle.

Le brun alla s'assoir au fond de la salle, l'air contrarié et légèrement en colère.
Yunes roula des yeux et soupira.
Et le reste de la journée fut similaire, le brun resta silencieux et assez calme... enfin, plus que d'habitude. Comme si quelque chose le tracassait. Et sans trop savoir pourquoi, cela faisait du bien à Yunes qui en profitait pour ne pas se soucier de lui, rester avec Zak et faire comme s'il n'existait pas.