F A U V E S

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Musique ~ Gnosienne nº1

LXXXV


Franchement je comprends pas pourquoi tu t'accroches autant à cette vie, t'aurais dû rester loin avec ta famille et tes amis, regarde dans quel état ça te met.

Lui avoua Illyes, accroupi à côté de lui devant les toilettes.

— Tu peux pas comprendre... Articula Yunes, haletant, ayant des haut le cœur à tout bout de champ.

Illyes leva un sourcil.

— Hm, peut être bien. Enfin maintenant que t'as trempé dedans tu peux plus faire demi tour de toute façon, mais endurcis-toi, c'est un conseil.

Il s'apprêtait à se lever pour aller nettoyer le salon quand Yunes agrippa son pantalon.

— Pourquoi... pourquoi est ce que tu me dis encore tout ça ? Qu'est ce que je devrai savoir ?

Illyes se dégagea de son emprise alors qu'il se remettait à vomir.

— Si je te le disais crois moi que Rudy ne t'adresserai certainement plus jamais la parole, ni même un regard.

— Pourquoi...? Bégaya le blond avec difficulté.

— Parce qu'il ne veut pas que tu te mêles de ses affaires je te l'ai déjà dit, on est des pions sur son échiquier, tu as une place privilégiée dans son cœur c'est sûr et sur un plateau tu serais la reine ; mais même si tu peux accéder à toutes les cases de l'échiquier, rappelles-toi que la reine est la première pièce qu'on souhaite abattre, quand elle se met à prendre trop de place.

Yunes prit un sacré coup dans son ego, une fois de plus. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait de travers, il cherchait simplement une vérité au travers de tout ce tissu de mystères...


19:39 ~ Appartement

Illyes lui avait donné congé après cet événement, il avait des choses à faire et ses appareils n'arrêtaient pas de sonner, Yunes s'était demandé qui pouvait bien être à l'autre bout des fils de tous ces téléphones...
Il l'avait simplement retenu par le bras dans l'embrasure de la porte.

— Yunes ?

— Hm ? Lui avait répondu le blond.

— Est ce que tu connais la date de naissance de Beyoncé ?

Yunes était resté bouche bée. Les yeux grands ouverts. Illyes avait reprit.

— Beyoncé, tu vois qui c'est ?

— Heu oui oui, mais non je sais pas quand est ce qu'elle est née.

— Elle est née un 4 septembre. Ça pourra toujours servir, retiens bien : zéro quatre, zéro neuf.

Et il avait fermé la porte.
Yunes avait passé le reste de sa journée tapi sous sa couette, ressassant cette histoire d'échiquier et ce zéro quatre zéro neuf sans aucun sens. Il avait beaucoup dormi.
Les dix-neuf heures étaient passées et toujours aucune nouvelle d'Andrew... Finalement peut être qu'il ne se passerait rien... et ça serait très bien ainsi.

Pas de message d'Andrew mais une notification Twitter en revanche. Yunes hésita à l'ouvrir, ayant peu d'attrait pour les réseaux sociaux malgré sa bonne cote de popularité...
Rudy venait de débuter un live. Q... Quoi ? Yunes se redressa brusquement dans les draps, depuis quand Rudy faisais ce genre de chose ? Étrange...
Il cliqua pour voir. La caméra n'arrêtait pas de bouger et Yunes ne parvenait pas à voir ce qu'il résultait de cette vidéo ni l'endroit où il se trouvait. Il monta le son et au même moment la caméra se tourna en mode frontal. Yunes pu alors voir un visage caché par un masque blanc, couvrant le visage du détenteur de la caméra de son front jusqu'à son nez. Yunes fronça les sourcils, il l'aurait reconnu entre mille, et le son de sa voix ne trompait pas, c'était Andrew. La vidéo avait déjà plusieurs centaines de spectateurs, qu'est ce que tout ce bordel signifiait ? Pourquoi Andrew avait le téléphone de Rudy ?

Il semblait beaucoup s'amuser, son sourire ne faisait que s'élargir à mesure qu'il parlait, comme un clown qui présente un spectacle. Un sourire de monstre.

« ...dites merci à la police de notre pays d'être aussi peu compétente, elle n'en a fait qu'une bouchée... » La caméra se tourna à nouveau et montra une jeune fille en robe rose, flottant au vent, avec le même masque blanc. C'était Alice sans aucun doute. Le cœur de Yunes ne faisait qu'accélérer, qu'est ce qu'elle venait faire là dedans ? Et qu'est ce qu'ils foutaient tous à cet endroit ?
Yunes reconnaissait très bien le haut d'un building, il y avait de gros ventilateurs et une antenne non loin d'eux. On pouvait voir des nuages en arrière plan et les autres grattes-ciels qui dépassaient derrière eux.

La tête d'Andrew refit surface, toujours le sourire aux lèvres. « Merci à la famille Gianelli d'être aussi corrompue, on s'ennuierait affreusement sans leurs histoires de de viol sur mineur. Hein Dolce c'est bien à toi que je parle, j'espère que tu regardes cette vidéo, elle est spécialement conçue pour toi, ta femme et ton frangin. Et il se remit à rire. Regardez moi ça, annonça t-il en secouant des documents devant la caméra, toute cette paperasse signée par Walter Blue, paradis fiscal, trafic d'armes, prostitution... j'en passe et des meilleures. Dommage que j'ai déjà tout balancé sur les réseaux sociaux. Mais bon c'est pas comme si c'était la première fois que vous alliez en procès non plus, heureusement que vous aviez vos milliards pour vous protéger des barreaux. Le garçon soupira. Les réactions de masse affluaient sous la vidéo qui atteignait déjà plusieurs milliers de vues. Mais dis moi Chlaus, il se passerait quoi si tes millions partaient en fumée ?... Regarde ça. »

La caméra changea à nouveau de sens, Yunes fut choqué par ce qu'il vit. Une pyramide, non, une montagne de liasses de billets, un tas énorme de papier. « Regarde, on pouvait voir la main de Andrew toucher les billets et en sortir un ou deux, il y a mille liasses de cent billets de cent dollars chacun, ce qui nous fait un joli tas de dix-millions de dollars. Ouai je sais on pourrait redistribuer aux pauvres qui crèvent de faim dans la rue mais malheureusement tout est déjà aspergé d'essence... La caméra revint sur sa tête qui affichait un air désolé. Mais son expression malsaine revint bien vite accompagnée d'une prédiction. Mais ne vous en faites pas, les quatre vingt dix neuf pour-cents restant de votre capital sera bientôt redistribué é-qui-ta-ble-ment. Et il rigola à nouveau, comme un enfant qui fait une mauvaise blague. Bien, et si on demandait à ton fils ce qu'il en pense ? Rudy ? »

La caméra se tourna sur le brun qui était en train de fumer son habituelle cigarette, l'air tranquille, mais une lueur dans le regard. Le cœur de Yunes n'allait pas tarder à lâcher, qu'est ce qu'il était encore en train de faire ?... Rudy se tenait à coté du monticule de billets, vêtu de son long manteau noir.

« Je crois bien que c'est la fin de ton empire, papa. »

Et il jeta le reste de sa cigarette sur l'amas de billets qui s'embrasa d'un coup, faisant jaillir d'immense flammes jaunes et oranges. Rudy quitta le champ de la caméra.

HEY, RUDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant