HEY, RUDY

C A R A V E L L E

Musique ~ O helga natt

LXV

Dimanche 09:15 ~ Aéroport

Yunes n'avait pas pu faire bouger les choses. Aucune vague dans le programme. Il n'avait aucun motif valable pour rester aux États-Unis et son père lui avait certifié que le billet d'avion n'était en aucun cas remboursable. C'est donc en se mordant la lèvre qu'il monta à bord, laissant derrière lui l'éventuelle possibilité de revoir Rudy. Au fond de son crâne il tentait de se persuader que c'était la meilleure chose à faire, sauf que se mentir à soi-même n'est pas toujours tâche aisée.
L'avion décolla à l'heure prévue. Ses prières pour qu'il tombe en panne se s'étaient pas réalisées et cela ne l'étonna guère vu le peu de conviction qu'il avait en l'Église.
Il posa son casque sur ses oreilles et écouta de la musique durant l'entièreté du vol en essayant de ne penser à rien.
Il allait revoir Elias et Louise après tout, quoi de mieux ?

21:53 ~ Marais

L'avion avait atterri vers vingt heures et une sensation étrange l'avait envahi en prenant le taxi pour entrer dans Paris. Cela faisait si longtemps qu'il n'était pas venu, la ville lui avait manqué. Il paya le chauffeur qui déchargea sa valise du coffre. Yunes regarda le ciel, il n'avait pas neigé ici et le climat était plus agréable malgré le fait qu'il fasse tout de même frais à cette heure de la soirée. Le garçon se trouvait sur le trottoir de sa maison, ou plutôt de celle de son père. Si on pouvait réellement appeler ça une maison, une sorte de loft occupant le rez-de-chaussée et le premier étage d'un immeuble haussmannien. Il avait coûté si cher à son père qu'il ne se gênait pas pour y inviter plein de monde et promouvoir son image de bobo bourgeois.

Il passa la clé dans la serrure et alluma la lumière de l'entrée. Rien n'avait changé à première vue. Il referma derrière lui et soupira un grand coup, adossé à la porte. Le dilemme lui tordait les viscères. Il se sentait à la fois en sécurité, loin du FBI et de touts les récents événements... et angoissé d'un autre côté parce qu'il avait l'impression que mille et une choses allaient arriver là bas durant son absence ; sans qu'il ne le sache...
Il s'avança dans la cuisine et regarda rapidement son téléphone qui n'affichait aucune notification. Cet objet stupide ne lui servait finalement qu'à lui rappeler sa présente solitude. Il le posa nonchalamment sur l'îlot central recouvert de marbre gris et ouvrit un placard pour voir ce qu'il pourrait bien manger. Il n'avait plus envie de manger des pâtes, il trouvait le plat trop insipide, trop simple et trop malheureux depuis qu'il en avait mangé avec Illyes et Rudy. Il soupira et s'appuya au plan de travail. Ses yeux firent le tour de la pièce. Il n'arrivait pas à croire qu'il était revenu s'enfermer ici alors que Rudy débarquerait dans quelques jours à New-York. Il aurait dû emmerder son père et il lui faire payer son putain de billet d'avion à cinq cent euros rien que pour le plaisir. Mais son obéissance habituelle l'avait rattrapée. La situation était si pathétique qu'il ne pu retenir un rire neveux avant de saisir son téléphone pour appeler Elias.

*
...

— Yu ?

— Je suis rentré.

Le blanc de stupéfaction dura une petite seconde du côté d'Elias.

— Tu déconnes ?

— Mon père voulait voulait que je rentre pour Noël alors... ça te dit d'aller manger en ville ?

— C'est quoi cette question ? Oui évidement ! Putain mec tu refais ma journée je me faisais tellement chier sans toi.