XI
Puis il partit. Sans un regard.
17h03 ~ Fin de la journée
Yunes préféra garder ses affaires de sport, il avait trop transpiré pour renfiler des vêtements de ville. Zakari était déjà parti, ayant visiblement quelque chose d'urgent à faire.
Le blond traversa la cour en appréciant la chaleur de ce soleil automnal qui s'infiltrait par toutes les pores de sa peau. Puis il se rappela que Rudy venait chez lui.
Il regarda alors s'il ne l'attendait pas déjà à la sortie, mais non.
Tous les lycéens se bousculaient et montaient dans les bus jaunes qui faisaient résonner leurs klaxonnes dans l'air agité de cette chaude après midi. Yunes n'aimait pas attendre au milieu de tous ces gens. Fort heureusement pour lui, Rudy arriva à ses côtés. Lui non plus ne s'était pas changé, il portait son sac de sport sur l'épaule et avait remis son bandana.— Comment rentres-tu ? Lui demanda le brun.
— J'ai l'habitude de rentrer à pieds le soir mais on peut prendre le bus.
Rudy commença à avancer.
— À pieds c'est très bien.
Yunes lui emboîta le pas et ils prirent la route pour redescendre vers la ville.
Le trottoir était bordé de grands arbres. Ils n'étaient pas les seuls, et pourtant si. Yunes remarqua que chacun laissait passer Rudy, et celui-ci marchait calmement comme s'il était seul au monde. Sans se préoccuper des autres, qui n'osaient rien dire. Il était comme... intouchable.
Quand soudain il tourna la tête vers lui.— Combien de temps va t-on mettre ?
— Un quart d'heure je pense.
— C'est peu. Tu n'habites pas dans le centre ville.
— Du tout, j'ai pris l'ancien appartement de ma mère dans les quartiers sud.
Rudy le fixa un instant puis regarda au loin.
— Je vois.
Après un petit moment, alors qu'ils s'engageaient dans les rues du complexe d'immeuble où habitait Yunes, le brun engagea à nouveau la conversation.
— Dis moi, est ce que tu as déjà essayé le foot américain ?
— Heu non jamais. Avoua t-il, parce que les sports de balles, ça n'avait jamais été sa tasse de thé.
— Hm hm, dommage... tu aurais fait un bon Tight-End, ou peut être un Running Back sait-on jamais.
— Le club de foot américain manque d'effectif ? Osa le blond.
— Non, mais la plupart des remplaçants sont là pour décorer. En réalité ils ne savent pas jouer.
— Mais il faut être sélectionné non ? Pourquoi sont-ils là s'il ne savent rien faire ?
— Pour impressionner l'adversaire. Plus il y a de joueurs sur le banc lors d'un match, plus l'équipe adverse pense que nous avons de la réserve.
— Nous ? Parce que tu joues dans l'équipe de foot américain ?
— Hm hm. Il hocha doucement la tête.
— Je vois... On m'a parlé d'un certain Gianelli qui s'occupait de la sélection. C'est de lui que vient cette idée de fausse réserve de joueurs ?
Un blanc s'écoula tandis que Rudy regardait droit devant lui, calmement.
— Non. L'idée vient du capitaine de l'équipe. Gianelli est au post de Running Back.
Yunes poussa la lourde porte de l'immeuble (le décodeur était cassé, tout comme l'ascenseur et la lumière d'entrée) et s'infiltra à l'intérieur.
— Fait pas attention à l'état de l'immeuble, c'est une véritable ruine de l'antiquité.
Rudy haussa les épaules. Ils montèrent les marches deux à deux jusqu'au dernier étage et Yunes se frappa alors la tête.
Merde. Rose... Il avait faillit oublier sa promesse d'aller la voir ce soir.
— Qu'y a t-il ? Demanda le brun alors qu'ils étaient tout les deux plantés sur le palier devant la porte d'entrée.
— J'avais dit à ma voisine que je passerai la voir après les cours... Avoua le blond en passant la clé dans la serrure.
— Quel âge a t-elle ?
— Plus ou moins quatre-vingt ans.
Rudy entra et observa la pièce principale de l'appartement avec beaucoup d'attention. Il laissa s'échouer son sac au sol et se tourna vers Yunes.
— Une femme de quatre-vingt ans ça n'attend plus, va la voir, nous travaillerons ensuite.
Il se tourna et continua d'observer, en s'avançant un peu plus à chaque coup d'œil. L'état des murs n'avait pas l'air de l'inquiéter, il observa longuement l'armoire sans portes, ce qui lui arracha un léger sourire. Quand il passa près du lit, il contempla avec curiosité un attrape-rêves en plumes qu'il caressa du bout des doigts.
— J'aime bien ici.
Yunes fut surprit ; mais heureux.
Rudy s'approcha de la fenêtre, et contempla New-York ; et à nouveau, il étira un sourire. Sûrement avait-il vu un oiseau.— Comment c'est chez toi ? Se hasarda le blond en vidant son sac.
Quelques secondes s'écoulèrent, et le brun perdit son sourire.
— Mieux vaut que tu ne le saches pas. Et puis, ça ne te regarde pas non ?
Yunes haussa les sourcils, il avait vraiment une logique à dormir debout. Ça ne te regarde pas. Quelle blague.
Il préféra aller à la cuisine prendre son médicament plutôt que de rester là à ne pas savoir quoi dire.— J'hallucine... Marmonna t-il en sortant son injection hebdomadaire du sachet plastique dans lequel elle était sérieusement emballée.
Il prit place à une chaise et posa son bras étendu sur la table avant d'enfiler son garrot. Au même moment Rudy entra, apparement surprit de voir son hôte prêt à se piquer une veine.
Il s'assit en face de lui et l'observa avec une attention et une curiosité enfantine. Yunes était gêné et énervé. Il lui accorda un regard noir avant de serrer énergiquement son garrot.
Il en avait marre de ce genre de gars mystérieux et imbus d'eux même.Putain. Je t'en foutrai moi du badboy mystérieux. Pensa le blond, tellement fort qu'il sera les dents.
Il tapota le creux de son bras jusqu'à voir apparaître une veine bleue et saillante sur laquelle il passa un coton désinfectant. Puis décapuchonna l'aiguille d'un geste habile et la planta légèrement à l'horizontal dans son bras. Cela faisait tout juste un an qu'il prenait ses injections seul, dans le bras, dans la cuisse ou dans le ventre, selon son envie. Une fois le liquide entièrement évacué de la seringue, il retira celle-ci et d'un geste rapide et appliqua le coton sur la petite goûte de sang qui ne demandait plus qu'à sortir.
Rudy s'empara de la seringue vide et l'examina. Après avoir desserré son garrot Yunes lui reprit des mains sans hésiter.— Joue pas avec ça tu vas te piquer.
Il remit le bouchon de protection sur l'aiguille et la balança sur le buffet derrière lui avant de s'adosser sur sa chaise. Rudy n'avait pas bougé et semblait intrigué.
— Qu'est ce que tu as au juste ?
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HEY, RUDY
Romance« Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le rencontre : Rudy. Comm...