LXVIII
— C'est vraiment ça que tu veux ?... Lui demanda le brun en caressant sa joue.
Yunes hocha la tête, plaqué au mur et sondant le visage de Rudy qu'il trouvait de plus en plus beau.
— Je ne suis pas un petit animal fragile. Murmura le blond en caressant ses cheveux noirs.
Il vit l'expression de Rudy qui ne changeait pas d'un pouce, trahissant une inquiétude à peine visible, mais pourtant si présente. Yunes savait qu'il était malade rien qu'à l'idée de le savoir en train d'embrasser une autre mec... et il ne comptait pas jouer avec ses émotions, encore moins sa jalousie maintenant qu'il savait pour Borderline. Il se mordit la lèvre, hésitant devant le fait de s'ouvrir autant à lui, connaissant l'emprise destructrice qu'il avait sur lui.
— Tu pourrais me briser en claquant des doigts...
Un silence s'écoula, et Yunes se demanda s'il avait vraiment dit cela à voix haute...
Certainement puisqu'il baissa les yeux et ses joues se mirent à rougir imperceptiblement. Cet aveux l'avait amené à livrer sa sensation la plus profonde ; celle d'être devenu complètement dépendant de lui.
Rudy s'approcha de son oreille.
— J'ai bien retenu.
Un sourire fauve se dessina sur ses lèvres et il tourna les talons sans plus de cérémonie.
Yunes soupira un coup et posa ses mains sur ses joues brûlantes. Rudy aurait finalement sûrement toujours le dessus sur lui... C'en était déconcertant. Il attendit quelques minutes avant de sortir à son tour des toilettes pour ne pas que cela paraisse trop suspect et vint se rassoir en face de lui, l'air de rien.
— On dirait que tu as chaud. Constata le brun avec un brin d'ironie.
Yunes grimaça en finissant de boire son chocolat chaud à grand gorgées. Oui il avait chaud, et toute cette scène avait faillit l'échauffer ailleurs qu'aux joues, ce qui Dieu merci n'était pas arrivé.
Rudy enfila son manteau et posa un billet sur la table. Yunes quand à lui tentait de se remettre de ses émotions en respirant le plus calmement possible pour que ses joues reprennent une couleur coutumière.
Il se leva à son tour et jeta un œil à l'argent sur la table. Sa conscience faisait qu'il se sentait mal à l'aise de ne rien payer. Mais il savait très bien que Rudy refuserait la moindre objection, puisqu'il avait sûrement les moyens d'acheter tout le café sans même voir le moindre trou sur son compte bancaire.
Ils sortirent sur le trottoir et traversèrent la rue. Yunes marchait à côté de lui sans oser poser de questions, Rudy semblait parfaitement savoir ou il allait.
Ils arrivèrent devant une grande porte en bois massif rouge sur laquelle ne figurait aucun écriteau, aucune pancarte, aucune indication. Rudy regarda son téléphone et entra des chiffres sur le digicode. La grosse porte s'ouvrît automatiquement et Yunes suivit le brun sans broncher, curieux de savoir où ils étaient. Les portes coulissantes en verre leurs ouvrirent le passage sur un grand hall en marbre blanc. Yunes se rendit alors compte qu'il se trouvaient dans une banque. Plusieurs employés étaient affairés derrière les comptoirs et Rudy s'avança vers l'un d'eux.
Yunes reluquait chaque partie de cette pièce close, intrigué par son emplacement et sa non-visibilité. Cette banque n'était pas ordinaire.
Il se rapprocha de Rudy qui discutait avec une femme d'une trentaine d'années, et fut surprit de constater qu'ils parlaient en italien.
Le femme s'éclipsa dans un couloir et Rudy étira un sourire à Yunes comme pour lui dire de ne pas s'inquiéter, sachant parfaitement qu'il trouvait sans doute cet endroit peu rassurant.
Yunes s'accouda au comptoir, et tritura une figurine de Dark Vador en silicone posée près d'un pot à crayon. Il ne comprenait pas pourquoi ils étaient là, mais en revanche il savait parfaitement pourquoi Rudy parlait italien... justement pour qu'il ne comprenne pas ce qu'il était en train de faire. Et sans doute ne le saurait-il jamais. Il soupira légèrement ; après tout il s'y était fait. Il avait accepté de ne jamais chercher à comprendre la part de mystère qui entourait Rudy Gianelli comme une bulle de savon.
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HEY, RUDY
RomanceTERMINÉ [boyxboy] « Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le renc...
