XXIX
09:30 ~ Appartement
Le téléphone de Yunes vibra sur le bois de sa table de nuit. Il se tourna péniblement dans les draps pour l'éteindre et aperçut les rayons de lumière filtrant au travers des fins rideaux blancs.
La place à côté de lui était vide et froide, il se redressa d'un sursaut, angoissé à l'idée que Rudy soit parti. Mais rien de cela, il aperçut le brun sur le balcon, visiblement au téléphone, une cigarette à la main.
Le blond se tira du lit et s'emmitoufla dans sa couette avant de poser ses pieds nus sur le vieux parquet déjà chauffé par le soleil.
Il rejoignit le brun à l'extérieur, poussant légèrement la porte vitrée, tout de suite assaillit par une brise fraîche qui l'encouragea à remonter sa couverture jusqu'à ses oreilles. Rudy était déjà habillé, revêtu de ses vêtements noirs, son col roulé et son long manteau qui lui donnait cette allure si ténébreuse. En apercevant le blond il ne s'éternisa pas au téléphone et le plongea dans sa poche après avoir raccroché.— Tu vas attraper la crève à sortir comme ça. Annonça t-il en le voyant pieds nus sur le béton du balcon, tout en tirant sur sa cigarette.
Le blond roula des yeux.
— Le mois de novembre new-yorkais n'est pas aussi indulgent que celui de Paris. Il marqua une pause. Mais je dois avouer que te voir encore à moitié endormi dans cette couverture n'est pas pour me déplaire. Annonça t-il le sourire en coin, expirant une légère fumée grisâtre dans l'air frais.
Yunes ne savait pas vraiment quoi répondre et se contenta de sourire en regardant la ville et le toit des maisons environnantes. Son corps encore chaud de la nuit trouvait ressource dans la fraîcheur matinale ; il sentait ses cheveux ébouriffés et ses yeux bleus encore dilatés.
Rudy s'approcha de lui et déposa un baiser sur son front.— Je vais aller chercher mes affaires chez moi.
— D'accord... Articula le blond sans expression apparente sur le visage.
Rudy recula d'un petit pas.
— Qu'est ce qui ne va pas ?
Yunes fixait toujours la ville et les nuages de brouillard qui l'entouraient ; ne sachant pas pas vraiment ce qu'il n'allait pas et peu désireux d'avouer qu'il aurait aimé que Rudy reste près de lui. Il se contenta d'étirer un sourire gêné et de baisser les yeux.
Rudy haussa un sourcil, intrigué, mais finit par sourire lui aussi, du coin de ses lèvres attirantes et ravageuses.
Il écrasa son mégot sur la rambarde du balcon après avoir tiré une dernière fois dessus et fixa le blond de ses yeux malicieux.
Yunes leva son regard bleu d'azur vers Rudy, apparement amusé de la situation.— Ne me dis pas que tu tombes déjà amoureux. S'informa le brun d'un air taquin en replaçant une mèche de cheveux sur le front du blond.
Yunes eut un rictus et baissa les yeux.
— Non, je suis pas assez bête pour ça.
— J'ai remarqué. Avoua le brun d'un air complaisant.
Il passa à côté du blond et rentra dans l'appartement.
Yunes regarda encore un peu le ciel bleu-gris qui perçait au travers des nuages... L'esprit embrumé de questions sans réponses. Il retourna au chaud et ferma la baie vitrée derrière lui.
Rudy était agenouillé près de la porte, refaisant le lacet d'une de ces Doc Martens noires. Il se releva et regarda le blond.— Est ce que tu veux que je repasse te chercher dans trois quart d'heures ?
Yunes fut surprit de la proposition au premier abord, puis hocha la tête.
Rudy afficha un sourire satisfait et s'éclipsa sans plus de cérémonies.
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HEY, RUDY
Romance« Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le rencontre : Rudy. Comm...