P H O S P H O R E

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Musique ~ Love will tears us apart

XXVII

03h17 ~ Appartement

La nuit avait pénétré chaque parcelle de la ville, l'intérieur de l'immeuble était noir comme le charbon et la cage d'escalier aussi sombre que de la suie. Et le silence aussi, ce genre de silence imposé par l'obscurité. Cette obscurité inévitable... les néons étaient grillés.

Arrivés dans l'appartement, tout était d'un calme plat, comme si les meubles avaient arrêté de parler au moment où ils étaient entrés.
Yunes alluma la série abondante de guirlandes accrochées au plafond et sur le vélum tendu au dessus de son lit.

— Alors ? Annonça t-il debout sur son lit, ayant balancé ses chaussures dans un coin.

— Alors ? Répliqua Rudy perplexe.

— Qu'est ce que tu veux manger ?

— Il est trois heure du matin...

— Ah oui j'avais oublié... J'ai beaucoup dormi.

— Tu as faim ? Demanda le brun.

Yunes haussa les épaules.

— On prend le petit dej dans cinq heures de toute façon.

Il descendit du lit et se dirigea vers la salle de bain.

— Je vais prendre une douche, fais comme chez toi.

Rudy sortit sur le balcon et alluma une cigarette. Il poussa quelques unes de ses boucles noires qui tombaient un peu devant ses yeux et regarda la ville endormie.
De là, il apercevait les bureaux de travail, quelque uns encore allumés... Et puis quelque part très loin il devait y avoir sa maison, mais il n'arrivait pas à la situer exactement tant elle était excentrée de la ville.
Il se demanda si un jour il devrait y emmener Yunes.
Il tira sur sa clope.
Non, pas une bonne idée.
Il expira.
Il fallait maintenir la distance, sinon, ça pêterait à la gueule de tous le monde, et ce jour là, il serait bien emmerdé.
Ne pas se laisser submerger, ne pas tout dire. Tout faire comme d'habitude.

Il écrasa la cendre du mégot par terre et alla le jeter dans la poubelle de la cuisine.
Ses pensées furent interrompues par Yunes qui sortait de la salle de bain, dans un short qui lui arrivait au genoux et un t-shirt trop grand. Une serviette posée sur sa tête, ses cheveux blonds dégoulinants.
Il faisait une tête bizarre, les yeux baissés.

— Ça va ?

— Il fait froid, et j'ai plus de forces. Avoua t-il en se glissant sous sa couette, continuant maladroitement à se sécher les cheveux.

Rudy l'observa, comme on observe un enfant.

Comment s'est arrivé ? Demanda t-il.

— Comment quoi est arrivé ?

— L'évanouissement, et tout le reste.

— J'aime pas parler à quelqu'un qui est debout et distrait.

Le brun leva les yeux au ciel, et retira ses chaussures avec les pieds.

HEY, RUDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant