IV
— T'es nouveau toi ? Je ne t'ai jamais vu ici. Lui demanda le garçon d'un air calme en le fixant de ses grand yeux... verts ? Plutôt mordorés...
— Heu.. hésita le blond, ouai, je viens d'arriver.
— Hm hm, belle image de notre lycée n'est ce pas ? Lui demanda le brun en faisant un signe de tête vers tous ces gens qui criaient.
En effet ça n'était pas très glorieux...
— Ça arrive souvent ce genre de chose ? Lui demanda t-il, intrigué.
— Non, c'est même plutôt rare, voilà la raison d'un aussi gros attroupement.
— Est-ce si intéressant ?... Demanda le blond accompagné d'un soulèvement de sourcil dubitatif.
— Ça ne l'est pas, mais Gianelli qui se bat c'est pas tout les jours.
Il regarda en bas et vit deux garçons à peut près de la même taille l'un sur l'autre, se battant comme si leurs vies en dépendaient, et celui du dessous semblait avoir de sérieux problèmes.
— Qui est Gianelli ?
L'autre étira un sourire, presque moqueur.
— Le brun. L'autre c'est Moran Kapoor, qui n'aura bientôt plus de tête si la vie scolaire ne se dépêche pas.
Il étira de nouveau un grand sourire.
— Pourquoi personne n'intervient ? Demanda t-il choqué.
— Bonne question. Sûrement parce que personne n'a envie de finir comme Moran. Annonça t-il en se penchant légèrement pour examiner la situation de l'altercation, une grimace de dégoût se dessina sur son visage puis il regarda à nouveau Yunes.
Le blond réalisa qu'il ne plaisantait pas et qu'ils étaient tous complètement cinglés.
— C'est quoi ton nom ? Demanda t-il curieusement.
L'autre se redressa et lâcha la rambarde. Il portait son mètre quatre-vingt, fringues décontractées. Il le dévisagea curieusement de ses yeux rendus jaunes par la lumière du matin, avant d'ouvrir la bouche.
— Laisse tomber, je te dirais ça une autre fois je suis sûr qu'on sera amenés à se revoir. Il lui fit un clin d'œil et s'éloigna les mains dans les poches.
C'est quoi son problème ? Pensa Yunes, un poil exaspéré par son attitude. Il le regarda s'éloigner quand les cris derrière lui cessèrent. En effet la bagarre du dessous avait pris fin. Les deux énergumènes avaient été séparés, le dit Moran était allongé par terre à demi conscient, il devait bien avoir le nez cassé tandis que l'autre suivait docilement des adultes vers l'extérieur.
Quel agréable début de matinée...La sonnerie retentit et les lycéens se dispersèrent, il se décida à monter au deuxième étage.
Arrivé, il traversa le couloir en se faisant quelque peu bousculer, il se retint de mettre des baffes et arriva enfin devant sa salle ou se trouvait déjà un petit groupe de personnes qui le regardaient de la tête aux pieds.
Il soupira. Un mal de tête le prit, il commença comme chaque matin à sentir les effets de ses médicaments. Il s'appuya donc contre le mur pour regarder son téléphone. Toujours un peu de merde par-ci par-là sur les réseaux sociaux, un message de Louise, sa petite amie restée en France.« Tu me manques, dis moi quand tu auras tes dates pour les vacances je ferai en sorte qu'on puisse se voir le plus possible. Bisous je t'aime. » 07:34
Louise et lui était ensemble depuis près d'un an, elle était belle, intelligente, gentille, et venait d'un milieu aisé. Il ne savait pas vraiment quelles raisons l'avait poussé à se mettre en couple avec elle, c'était sa première copine. Elle était parfaite et son affection pour elle était immense, mais planait toujours en lui ce doute insupportable que ça ne soit que de l'affection et non de l'amour.
Le couloir était animé d'un brouhaha assourdissant tournant autour de l'altercation, certains en riait, d'autres laissaient paraître une certaine crainte dans le regard. Le blond se demanda alors ce qui pouvait les effrayer, mais cela lui importait peu, la porte de sa salle s'ouvrit et une petite dame se présenta. L'air malin, les joues roses et le nez retroussé. Ses cheveux étaient teints en orange pour aller avec ses tâches de rousseur et ses petits yeux verts étaient recouverts d'une grosse paire de lunettes noires. Elle ne devait pas mesurer plus d'un mètre cinquante, sa ressemblance avec les nains de jardin était flagrante ; une de leur cousine de toute évidence.
Une fois dans la salle de classe il se dirigea vers le fond, un réflexe, le premier rang ne le dérangeait pas plus que ça mais il faut bien admettre que les chances d'être tranquille au fond d'une classe de trente élèves étaient grandement multipliées. Par chance, la chaise à coté de lui resta vide, de ce fait il pensa à se convertir à l'église.
La professeur commença alors à sortir une montagne de papiers de son sac, pesant visiblement le poids d'un éléphant mort. Puis les lâcha brusquement sur son bureau (l'art de la finesse et de la délicatesse), avant de sortir difficilement ce qui devait être une liste d'appel.— Bien, ravie de vous revoir. Annonça t-elle en se frottant les mains. Je sais que cela n'est pas forcément votre cas mais espérons du moins que nous allons passer une agréable année ensemble. Un grand et faux sourire s'étira sur sa grande bouche. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis Madame Clark, professeur de philosophie. J'ai une tonne de papiers à vous distribuer, donc, je fais l'appel, et ensuite on fait de l'administration.
Elle paraissait avoir de l'énergie à revendre sous ses quelques kilos en trop. Il dû comprendre qu'elle serait sa prof principale, et serait la douce personne qui leur enseignerait cette simple et aisée matière qu'est la philosophie. Elle remonta ses lunettes et fronça les sourcils devant la feuille d'appel.
— A... Abramovitch ?
Il leva la main à demi haut et tout le monde se tourna vers lui. Quelle joie d'être premier de la liste et de porter un nom Russe. Franchement.
— C'est bien toi qui nous vient de France ? Demanda t-elle en l'observant par dessus ses lunettes.
Il avait prié toute la nuit pour que cette question ne soit pas posée, le sort s'acharnait décidément contre lui.
— C'est bien ça.
— Quel charmant garçon ! Viens donc ici te présenter, c'est pas tous les jours qu'on reçoit des étrangers. Annonça t-elle avec une excitation débordante qui se traduisait par des mouvements de bras l'incitant à venir près d'elle.
C'était une calomnie. Il se leva de sa chaise et vint se placer sur la petite estrade devant le tableau. Estrade sans aucune utilité sauf se prendre les pieds dedans ce qui, Alléluia, ne lui arriva pas. Les autres élèves le regardaient avec des étoiles dans les yeux comme s'il était le Messi, prêts à boire ses paroles. Le regard à la fois bienveillant et insistant de Madame Clark le poussa à ouvrir la bouche.
Et puis là, on toqua.

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HEY, RUDY
RomanceTERMINÉ [boyxboy] « Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le renc...